Avec une note de 3/20, l'organisme inflige aux dépenses de la capitale azuréenne un "carton rouge". Mais appelle à "ne pas être trop sévère" non plus avec la Ville
Plutôt cigales ou fourmis, nos communes ? Tous les ans, l’association "Contribuables Associés" dévoile son Argus, avec une analyse des plus économes… et des plus dépensières. Le collectif a épluché certains de leurs documents de comptabilité, obtenus auprès de la Direction générale des collectivités locales. Ces dernières sont ensuite comparées les unes aux autres en fonction de leur nombre d'habitants.
Niveau carnet de notes, Nice s'en sort avec un sévère 3/20. Mais que signifie-t-il réellement ? "Elle dépense beaucoup, ce qui ne veut pas forcément dire qu'elle gaspille cet argent, explique Eudes Baufreton, le directeur de l'ONG. Mais on peut se demander si tout est utile et justifié. C'est là qu'un débat doit s'engager."
"Dépenses qui peuvent interroger"
L'objectif des "Contribuables associés" est donc de donner "des clés de compréhension qui ne sont qu'un préalable à des échanges directs entre les administrés et leurs édiles". Tout en reconnaissant que l'outil est "imparfait" : "Tout n'est pas évalué et les données ne permettent pas de juger d'un coup d'oeil de la pertinence des différentes dépenses. On aimerait, dans cette société de la transparence, que ce soit l'État qui mette à disposition du citoyen des agrégats simples et compréhensibles. Ce n'est pas le cas".
Qu'apprend-on concrètement sur la gestion de notre ville à la lecture de cet Argus ? "La médiane des communes de même taille s'élève à 1.271 euros par habitant. Nice est au-dessus, avec 1.361 euros, détaille Eudes Baufreton. Il y a des dépenses qui peuvent interroger. Nous prenons l'exemple des voeux du maire qui ont coûté plus de 300.000 euros il y a quelques années (en 2016, lire la note en bas de page NDLR). Était-ce vraiment judicieux ? Les Niçois auraient-ils validé cette décision, payée avec leurs impôts, si on leur avait demandé leur avis?"
Des "services de comm pléthoriques", vraiment ?
Une somme déboursée pour un évènement précis, mais qu'en est-il plus généralement du coût de la communication de la capitale azuréenne ? Peut-on réellement parler de "services pléthoriques" à l'hôtel de ville, comme on a pu le lire dans Nice-Matin ? "Non, répond clairement le directeur de "Contribuables associés". Il y a pu avoir une interprétation de nos conclusions, mais les données que nous avons ne nous permettent pas de porter un jugement sur ce point".
Autre question, parfois polémique, soulevée par l'étude : le niveau et le nombre des subventions : "là encore, nous n'apprécions pas le bien-fondé de ces subventions. Mais nous pouvons lancer la discussion sur leur utilité. Certaines permettent de garantir la paix sociale dans les quartiers, d'autres sont plus originales. Ces associations reçoivent beaucoup d'argent des contribuables, mais ont-elles toujours un intérêt public?"
Un rang à tenir
"Il ne faut pas être trop sévère non plus avec Nice, tempère Eudes Baufreton pour conclure. C'est une 'capitale' locale, régionale. Elle a un rayonnement à maintenir à l'international. Ça implique des investissements : un bureau à Paris et des déplacements de délégations à l'étranger par exemple. Les maires avancent généralement que la commune en tire des avantages commerciaux, touristiques."
Autre coût important pour la cité des Anges, "son statut particulier. En matière de culture, de services publics, Nice peut se donner un haut niveau d'exigence, qui n'est pourtant pas obligatoire. Pour estimer si c'est nécessaire, ou pas, il faut en réalité le demander directement aux habitants. Ont-ils l'impression d'en avoir pour leur argent ? Sont-ils satisfaits de l'utilisation qui est faite de leurs impôts ?
Réponse donnée par un sondage Ipsos publié en février 2020 : 63% des Niçois interrogés trouvent « excellent » le travail mené par le conseil municipal.
Note. En janvier 2016, les voeux de Christian Estrosi aux agents de la ville de Nice, de la métropole Nice Côte d'Azur, du CCAS, et à leurs familles (12.000 personnes invitées en tout), organisés au Palais Nikaïa, ont coûté 395.000 euros. "Un scandale national" pointait alors l'opposition socialiste. La Ville soulignait, elle, la baisse notable du coût de l'évènement sur plusieurs années, défendant "le choix de privilégier de vrais spectacles de qualité, nous permettant ainsi d’améliorer le pouvoir d’achat de l’ensemble de nos agents en leur offrant un accès gratuit à une grande comédie musicale".
- Voir la fiche de Nice sur l'Argus 2020