Graig Monetti a été nommé par le maire adjoint délégué à l'évènementiel cette semaine.
Réforme du Nice Jazz Festival, nouvelle offre pour les musiques actuelles, évolution du Carnaval, réflexion autour du Palais Nikaïa et de l'Allianz Riviera… Il dévoile sa feuille de route à Nice-Presse ce dimanche 29 octobre.
Quel ordre de mission vous a confié Christian Estrosi ?
Graig Monetti : Champ libre, carte blanche ! L'évènementiel, c'est une grande mission avec des sujets éminemment importants pour Nice. C'est aussi l'un des derniers remparts, une occasion pour se retrouver tous ensemble. On va jouer cela à fond. Ce sont des sujets passionnants, avec des marges de progression immenses. Certains rendez-vous doivent changer de division, de dimension.
Les grands évènements ont déjà plusieurs décennies au compteur. Quelle marge de manoeuvre avez-vous pour imposer votre "patte"? Avez-vous vraiment la main ?
Je ne suis pas Miss France ! Mon job n'est pas de m'assoir en tribune pour applaudir. L'organisation actuelle fonctionne bien, demain, elle fonctionnera incroyablement bien. J'ai gagné ma crédibilité là-dedans avec le Stockfish (nouvelle salle de musiques actuelles ouverte à Vauban après le covid, ndA).

On nous explique que le Nice Jazz Festival et le Carnaval ne peuvent accueillir davantage de spectateurs, dans leur configuration actuelle. Dommage, non ?
On pourrait aussi avoir une ville de deux millions d'habitants, mais ce n'est pas le cas. Nos chiffres sont très, très bons. Nous avons accueilli du monde cette saison, et les hôtelliers ont largement fait le plein. Mais s'il y a besoin de tribunes en plus et que c'est techniquement possible, pourquoi pas ?
Beaucoup de Niçois estiment que l'on fait un "Carnaval pour les touristes", alors que des cabinets privés assurent que l'évènement n'est pas assez attractif à l'international. Et chaque année, on nous promet qu'il sera plus populaire. Il ne bouge pas tellement pour autant…
C'est absolument vrai. Mais je veux rappeler que dans le contexte difficile que nous vivons, le Carnaval est un juste équilibre entre la dimension populaire, et sécuritaire. Celui que nous avons pu connaître enfants ne reviendra pas.
Nous avons déjà eu vent de risques de sécurité contre le Carnaval, qui ont été maîtrisés. Nice doit être plus prudente, peut-être, que d'autres villes. Mais je ne suis pas venu gérer les affaires courante : je viens renverser la table. Cet évènement va continuer de respirer Nice, de transpirer la "Nissart attitude", tout en rayonnant dans le monde.
Avec quel budget, alors que des restrictions ont été annoncées ?
Je compte bien défendre mon budget, avec réalisme, parce que nous avons de vraies ambitions.

Parlons du Jazz Festival : les fans du genre sont parfois déçus par l'évolution de la programmation, et ceux qui viennent chercher de la variété n'y trouvent pas forcément leur compte. Et c'est un évènement dont on parle moins médiatiquement, qui est moins tendance que d'autres sur la Côte d'Azur…
On a perdu l'âme des jazzmen, de cette grande époque des Arènes de Cimiez. Les fans de jazz vont aller vers Jazz à Juan, et sur les musiques actuelles, la variété, nous sommes insuffisamment concurrentiels. Donc je le dis : il faut deux projets forts, l'un pour le jazz, l'autre pour les musiques actuelles. Nous allons travailler à éventuellement proposer deux festivals distincts.
Organiser un "grand festival des musiques actuelles" figurait parmi les promesses de campagne de Christian Estrosi en 2020. Pour l'instant, Cannes fait mieux que nous, par exemple…
Nous devons devenir incontournables en la matière. Avoir notre rendez-vous qui fasse parler, indépendamment d'un festival du jazz extrêmement exigeant, avec les références du genre, et les talents de demain.
Il pourrait d'ailleurs accueillir davantage de monde. Peut-être que la prochaine édition sera plus étendue en direction de la place Masséna et la Coulée verte. Ou, pourquoi pas, carrément des scènes au niveau de l'Allianz Riviera, ou de faire du Nikaïa un village du festival, jusque sur son parvis ? On ne s'interdit rien du tout ! Avec le Tour de France 2024, peut-être que le NJF sera décalé en août.

Donc plein d'options pour faire évoluer le Jazz, mais pas tellement pour le Carnaval ?
Je veux être prudent, parce qu'on a déjà bien souvent entendu qu'on allait révolutionner le Carnaval, année après année, et ce n'est pas arrivé. Evidemment, j'ai moins de liberté. Mais notre enjeu est de le faire vivre dans le quotidien des gens, des enfants dans les écoles jusqu'aux seniors dans les Ehpad. Nous le ferons.
Le Palais Nikaïa est-il assez attractif ?
Je veux faire du Nikaïa (9 500 m², inaugurés en 2001, ndA) la plus belle salle d'Europe dans sa jauge. Elle doit être la plus attractive de France, grâce à ses atouts incroyables. Le concert de 50 Cent, le 21 octobre, en témoigne. Il y a plein d'améliorations à faire, je suis déjà en train de les lister (expérience client, décoration, l'accueil artistique…). On peut faire beaucoup mieux autour de la communication et de la valorisation du palais. Il n'a pas trouvé, pour l'instant, sa signature et son caractère. Et les Niçois doivent encore se l'approprier.

Je note que, pour une production, c'est cent fois plus agréable de venir organiser des spectacles au Nikaïa qu'à l'Acropolis en son temps.
Les artistes se recommandent entre eux les salles qui valent le coup. Gad Elmaleh, de niveau a minima Zenith, s'est produit plusieurs fois au Stockfish ! Nous allons garder cette logique pour tous nos équipements.
On a vu très peu de concerts s'organiser à l'Allianz Riviera ces dernières années, l'idée c'est de se rattraper avec le Nikaïa ?
L'Allianz n'a certes pas les équipements du Vélodrome de Marseille, le stade doit trouver sa signature, lui aussi. Actuellement, ce n'est pas le cas. Il faut progresser, c'est clair et net, pour attirer les productions. Rappelons qu'il y a eu six concerts exceptionnels. Mais nous irons plus loin, je ne suis pas venu pour compter les figues.
Quid du Stockfish ?
On va tout casser. Avec moins d'un million d'euros de budget, nous sommes passés de 18 000 à 36 000 spectateurs. On va accueillir l'avant-première du Hellfest Festival. La programmation monte en qualité. Les équipements sont au top, nous reste à aménager un studio, en 2024, pour enregistrer des talents locaux.
Je vous annonce que nous allons faire du "Stockfish hors les murs": 80 % musique, 20 % humour, aux quatre coins de Nice. Au théâtre de verdure, au Nikaïa…

Le maire vous implique dans l'organisation du troisième sommet des Nations Unies pour l'océan, que Nice a obtenu pour 2025. Les deux précédentes éditions n'ont pas tellement fait l'évènement. Comment faire pour que cela soit le cas chez nous ?
Je veux que les habitants se sentent concernés par ce sommet. Nous avons rendez-vous avez l'Histoire, il y aura une centaine de chefs d'Etats à Nice. L'objectif est d'aboutir à un accord extrêmement ambitieux.
Le futur centre évènementiel du Port Lympia pourra-t-il proposer, lui aussi, des spectacles ?
Son cahier des charges est d'être une salle polyvalente, avec une jauge grandissante. Elle pourra en accueillir. Reste à voir si cela sera pertinent.