Le ministre Vincent Jeanbrun veut durcir la législation sur le logement social et renforcer la lutte contre les squats. Son ambition, étendre le pouvoir d’expulsion au-delà des trafiquants de drogue, pour cibler plus largement les comportements délinquants.
Pas question, pour Vincent Jeanbrun, de laisser les voyous profiter de la solidarité nationale. En visite dans le Val-d’Oise, le ministre de la Ville et du Logement a défendu une ligne de fermeté assumée. Adoptée en avril dernier, la loi dite “narcotrafic” a déjà permis à des préfets de saisir un juge pour expulser des habitants liés au trafic de stupéfiants.
Pour Vincent Jeanbrun, cette avancée ne suffit pas. Il veut désormais “étendre” ce dispositif à d’autres formes de délinquance : vols de véhicules, dégradations, menaces, ou incivilités répétées. L’idée séduit une partie de la droite, qui y voit un signal de respect envers les honnêtes citoyens et les familles qui attendent un logement social depuis des années.
Cette orientation est loin de faire l’unanimité. Pour Manuel Domergue, de la Fondation pour le logement des défavorisés, une telle mesure serait “irresponsable et démagogique”. Mais le ministre ne recule pas, et revendique une vision où la solidarité s’accompagne de devoirs, et où le logement social ne saurait devenir un refuge pour ceux qui bafouent la loi.
Fin du paiement des loyers en liquide
Autre proposition, interdire le paiement des loyers en espèces dans les HLM. Histoire de limiter les pratiques opaques et de couper court à l’argent de la drogue. Cette mesure, que Vincent Jeanbrun veut inscrire dans la future loi anti-fraude, s’inscrit dans la continuité du plan “Réparer les quartiers, rétablir la République” présenté en juin dernier.
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Les bailleurs sociaux, eux, relativisent. L’Union sociale pour l’habitat rappelle que le paiement en liquide est déjà marginal et encadré à 1.000 euros par transaction. Reste que le signal politique est fort.
Squats et « angle mort » juridique ?
Sur le dossier explosif des squats, Vincent Jeanbrun veut combler ce qu’il appelle “un angle mort”. Selon lui, la loi de 2023 portée par Guillaume Kasbarian ne va pas assez loin. Elle sanctionne les intrusions illégales, mais reste impuissante face aux locataires malveillants qui profitent des lenteurs judiciaires ou de la trêve hivernale pour rester dans les lieux. “On doit pouvoir agir plus vite”, plaide-t-il, évoquant même les dérives liées aux locations touristiques de courte durée.
L’ancien maire de L’Haÿ-les-Roses, suspendu de son parti après son entrée au gouvernement, veut ouvrir des discussions avec les parlementaires pour combler cette faille. L’enjeu est sensible, protéger les propriétaires sans basculer dans l’arbitraire. Dans les faits, le phénomène des squats reste limité — 432 demandes d’expulsion enregistrées entre septembre 2023 et mai 2024, selon une note ministérielle — mais il concentre une forte charge symbolique, celle d’un pays où la propriété privée est malmenée.
Réaction du maire de Nice, Christian Estrosi, jeudi : « À Nice, nous n’avons pas attendu qu’on nous dise comment ou quoi faire pour expulser les délinquants des HLM. Avec de la volonté politique et de la détermination, nous avons agi pour la sécurité et la tranquillité de nos concitoyens. Ce sont les expériences de terrain qui doivent inspirer les politiques nationales, pas l’inverse. »
À Nice, nous n’avons pas attendu qu’on nous dise comment ou quoi faire pour expulser les délinquants des HLM.
— Christian Estrosi (@cestrosi) October 30, 2025
Avec de la volonté politique et de la détermination, nous avons agi pour la sécurité et la tranquillité de nos concitoyens.
Ce sont les expériences de terrain qui… pic.twitter.com/GUM6aP55bx



