Dimanche 22 août Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, a dévoilé dans le "Journal du dimanche" le nouveau protocole sanitaire pour la rentrée scolaire. Alors que ces annonces visaient à préparer la reprise, elles sèment un peu plus le flou, d'après certains syndicats. Au SNES-FSU, les questions sont (très) nombreuses.
Plus qu'une semaine avant que les élèves reprennent le chemin de l'école. Cette rentrée 2021 se place encore sous le signe du Covid-19. Un protocole a été dévoilé pour organiser au mieux les choses. Au programme : pas de "pass sanitaire", mais le masque obligatoire, cours en présentiel -- sauf pour les élèves non-vaccinés positifs -- et vaccination dans les établissements pour les élèves volontaires.
La marche à suivre reste tout de même floue selon Fabienne Langoureau, responsable académique du Syndicat national des enseignements de second degré - Fédération Syndicale Unitaire (SNES-FSU) dans les Alpes-Maritimes.
NICE-PRESSE : Comment accueillez-vous ce nouveau protocole ?
Fabienne Langoureau : "Les modalités pour la rentrée restent floues et ça démontre clairement une impréparation totale du ministère.
"Quand Jean-Michel Blanquer a des annonces à faire, il passe directement par les médias. On est au courant en même temps que tout le monde !"
Fabienne Langoureau
On a beaucoup de questions, sans réponse pour le moment : comment sera gérée la protection dans les salles ? Comment va s'effectuer la vaccination dans les établissements ? Est-ce qu'il y aura encore des tests antigéniques ?
On ne sait absolument pas comment ça va être mis en place alors que nous sommes à une semaine de la rentrée."
La vaccination va pouvoir avoir lieu dans les établissements. Une bonne chose ?
"Certainement. Le syndicat est convaincu qu'il s'agit d'un outil indispensable à la sortie de crise. Mais on ne sait pas sur quel temps elle va s'organiser.
Si c'est sur la durée de cours, alors il faudra trouver un moyen de faire rattraper les heures aux élèves.
Il faut aussi savoir qui va les vacciner, si ce sont des professionnels de santé extérieurs, ou bien les médecins scolaires. Sauf que ces derniers sont en sous-effectif complet !
"On ne peut pas confier la vaccination uniquement aux médecins et infirmiers scolaires étant donné le manque d'effectifs"
Fabienne Langoureau
Ensuite, il y a le problème de savoir qui sera vacciné et qui ne le sera pas. Jean-Michel Blanquer a précisé que ça serait sur du "déclaratif". Sauf qu'il y a toujours une possibilité d'avoir 90% de personnes honnêtes et 10% de fraudeurs.
La solution serait de vérifier. Sauf que le ministre a juste dit que l'Assurance maladie "pourra" vérifier. Ce n'est même pas une obligation !"
Ce protocole aura-t-il un impact sur les élèves ?
"Il faut déjà bien avoir en tête que la situation est compliquée pour eux depuis le début. Il n'y a pas eu d'embauches significatives d'enseignants. Du coup, on se retrouve avec des classes surchargées où il faut porter le masque, respecter les gestes barrières… Moralement, c'est compliqué pour beaucoup.
Ce nouveau protocole sera encore difficile à gérer, notamment pour les élèves qui se retrouveront en isolement s'ils ne sont pas vaccinés. Il est clair qu'ils seront désavantagés et qu'il faudra trouver des solutions pour les accompagner au mieux."
Comment les profs se préparent-ils aux cours en distanciel ?
"C'est difficile, on n'a aucune information. Dans un premier temps, on va devoir s'adapter aux élèves et voir quelles sont leurs lacunes. On ne peut pas nier que ceux qui vont entrer en seconde ont eu une fin de collège bouleversée.
On ne peut pas non plus dire qu'ils ont tous supporté de la même manière les enseignements à distance, les confinements…
"Il est hors de question que les enseignants effectuent le double de leur temps de travail dans la journée"
Fabienne Langoureau
Par contre, et ça nous sommes catégoriques au SNES-FSU, il est hors de question que les enseignants effectuent le double de leur temps de travail dans la journée.
Il est inadmissible qu'ils fassent leurs cours en présentiel, et qu'une fois rentrés chez eux le soir, ils s'attellent à faire des cours en visio. On a nos préparations de cours, les copies à corriger et notre vie de famille."
Ressentez-vous un manque de moyens ?
"Ce n'est pas nouveau, mais la situation actuelle l'a souligné. Il y a un manque de personnel, aussi bien sur le corps enseignant qu'au niveau du personnel médical scolaire. Souvent, les infirmiers doivent naviguer entre plusieurs établissements, ce ne sont pas des postes permanents. C'est déjà difficile pour un élève d'avoir un rendez-vous.
"On en est à notre deuxième grosse rentrée avec le Covid-19. Et rien n'a changé"
Fabienne Langoureau
Mais plus que ça, quand Jean-Michel Blanquer parle du nettoyage des salles, c'est juste des annonces en l'air. Il n'y a eu aucun moyen pour permettre une désinfection des classes après chaque cours.
Donc le ménage est fait une fois par jours, ça n'a pas changé. C'est encore un ping-pong entre le ministère et les collectivités pour savoir qui va s'occuper des frais. On en est à notre deuxième grosse rentrée avec le Covid-19, et rien n'a changé.
À une semaine de la rentrée, vous espérez avoir des informations ?
On espère toujours ! Il y a eu des échanges par emails, des demandes de rendez-vous, pour avoir des réponses. Il y aura peut-être des réunions. Mais en attendant, on reste dans le flou.
En tout cas, dès qu'il y aura de nouvelles décision, le ministre les annoncera en premier lieu dans les médias. Comme il le fait toujours."
Une vaccination accélérée pour les plus jeunes
Pour permettre aux jeunes de se faire vacciner à vitesse grand V, Christian Estrosi a annoncé en conférence de presse lundi 16 août la mise en place de créneaux spécifiques.
Dès septembre, les élèves, étudiants et apprentis pourront se rendre sans rendez-vous au centre de vaccination du Palais des Expos. Une opération prévue tous les mercredis après-midis. Les enseignants sont également concernés. Le maire de Nice souhaite que ces derniers soient considérés au même titre que les soignants, qui sont sujets à la vaccination obligatoire.