Nice accueille du 9 au 13 juin 2025 la 3e conférence des Nations Unies sur l’océan (Unoc 3), dans un contexte d’urgence climatique et environnementale. L’objectif : concrétiser des engagements pour inverser le déclin de la biodiversité marine.
Un rendez-vous crucial face à un océan surchauffé et surexploité
La conférence réunit une communauté internationale confrontée à des enjeux majeurs : surpêche, pollution plastique et exploitation minière des fonds marins. Elle intervient alors que les océans, qui couvrent plus de 70 % de la surface terrestre, ont connu des épisodes inédits de canicules marines menaçant de nombreuses espèces.
« La santé des océans se dégrade et, avec elle, le bien-être des êtres humains », a alerté Li Junhua, sous-secrétaire général de l’ONU. Il évoque un « océan en état d’urgence ».
La Méditerranée, qui borde la ville hôte de la conférence, est l’une des mers les plus polluées au monde. Elle a atteint l’été dernier une température record de 28,90 °C, selon les données scientifiques publiées récemment.
Des attentes fortes en matière de financements et d’engagements
L’ambassadrice du Costa Rica auprès de l’ONU, Maritza Chan, coorganisatrice de la conférence avec la France, espère une mobilisation financière sans précédent.
« C’est ce qui est différent cette fois-ci : zéro rhétorique, maximum de résultats », affirme-t-elle, évoquant un objectif de 100 milliards de dollars de financements publics et privés en faveur du développement durable de l’océan.
Un « plan d’actions opérationnel » doit être adopté à l’issue de la conférence, en complément d’une déclaration politique négociée depuis plusieurs mois.
L’absence probable des États-Unis et les clivages persistants
Les États-Unis, pourtant première puissance maritime mondiale, ne devraient pas envoyer de délégation officielle. En avril, Donald Trump a autorisé unilatéralement l’extraction minière dans des eaux internationales du Pacifique, sans passer par l’Autorité internationale des fonds marins, à laquelle Washington n’adhère pas.
« Il va s’agir de prendre la température en termes d’ambition », commente Megan Randles, représentante de Greenpeace, en évoquant les attentes autour de la gouvernance mondiale des océans.
La France veut faire de l’Unoc 3 un moment fondateur
Pour la France, l’événement est stratégique. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le compare à l’accord de Paris sur le climat :
« Elle a vocation à être pour l’océan ce que l’accord de Paris a été pour le climat », déclare-t-il.
Le président Emmanuel Macron souhaite obtenir à Nice la ratification par au moins 60 pays du traité pour protéger la haute mer, adopté en 2023. À ce jour, seules 28 ratifications, ainsi que celle de l’Union européenne, ont été enregistrées. Sans ce seuil, « la conférence serait un échec », a averti l’ambassadeur pour les océans, Olivier Poivre d’Arvor.
Autres sujets en discussion : moratoire, pêche et pollution
Paris entend aussi élargir la coalition actuelle de 32 pays qui soutiennent un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds. Des discussions informelles sont également prévues autour du futur traité contre la pollution plastique, dont les négociations doivent reprendre en août à Genève.
D’autres accords sont également promus par la France, notamment sur la lutte contre la pêche illégale et la surpêche, deux causes majeures de la raréfaction des ressources marines.
Un scepticisme persistant face à un contexte géopolitique tendu
Malgré l’importance stratégique de cette conférence, le scepticisme demeure.
« Cette conférence doit marquer un tournant en termes d’ambition », estime Pepe Clark, responsable des questions océaniques au WWF, tout en soulignant les limites actuelles du multilatéralisme.
Mais pour Angélique Pouponneau, négociatrice de l’Alliance des petits États insulaires, les signaux sont préoccupants : « Avec tant de crises et d’événements à l’ordre du jour mondial, il est difficile d’être sûr qu’une ambition suffisante se concrétisera », confie-t-elle à l’AFP.
Avec AFP
C’est une bonne initiative pour la préservation de l’environnement