RADAR DU WEB — Et si la fin d'année 2020 ressemblait furieusement à celle de 2018 ? Un vent de révolte souffle sur ce mois de novembre, alors que le deuxième confinement porte un coup significatif à de nombreux petits commerçants.
Ils pourraient "devenir les gilets jaunes puissance 100"estime Raymond Soubie, du Conseil économique et social. Même Alain Griset, le ministre des PME cité dans Le Monde, partage cette analyse : "il faut faire un peu d’histoire, se souvenir du poujadisme et du CIDUNATI (la Confédération intersyndicale de défense et d'union nationale des travailleurs indépendants, qui fait partie des mouvements de révolte de petits commerçants dans les années 1950-70). Le terreau est là."
Impossible de compenser les effets du premier confinement avec les fêtes de fin d'année, prêts à rembourser, aides de l'État qui ne sont pas (du tout) à la hauteur… un énorme problème économique se pose à un grand nombre d'entrepreneurs.
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Mais pas uniquement : "C’est dramatique parce que ce sont souvent les projets d’une vie. On a mis toutes ses économies, toute son énergie. Une identité s’est construite autour de ce qu’on appelle son affaire, son petit commerce" souligne l'essayiste Jérôme Fourquet, invité de LCP le 14 novembre.
"C’est une question quasiment existentielle ou vitale. Partant de là, on a différentes réactions qui sont possibles ou attendues, peut-être des mobilisations, parfois un peu brutales ou violentes" — Jérôme Fourquet
Avant de souligner que "ces professionnels (sont) des indépendants, dont les filets de protection sociale sont beaucoup moins développés que pour les salariés (…): il y a donc une propension peut-être plus importante que chez d’autres catégories de la population à aller jusqu’au bout parce qu’ils sont vraiment le dos au mur."
Cependant, le spécialiste estime peu crédible le fait qu'une mobilisation des "petits commerçants" puisse prendre, à elle toute seule, la proportion de celle des "gilets jaunes" en 2018 : en 1950 et 1970, "les commerçants et artisans, c’est 10 % de la population active. Aujourd’hui, on est à 3, 4 ou 5 %, donc il y a encore du monde, mais il n’y a pas les effectifs pour se lancer dans un mouvement aussi massif que celui des Gilets Jaunes."
"Et si les Français sont très solidaires, comme ils peuvent l’être des agriculteurs quand ces derniers manifestent leur douleur, leur désespoir, ce n’est pas forcément une adhésion qui irait jusqu’à manifester côte à côte avec ces petits commerçants qui, encore une fois, sont statistiquement et sociologiquement plutôt isolés."
Source : LCP