Nice-Presse était avec vous à l'Ouest de la ville jeudi, jour de mobilisation des opposants à la réforme des retraites.
Malgré les complaintes, le gouvernement d'Elisabeth Borne a choisi, encore une fois, d'avoir recours à l'article 49.3 de la Constitution, lui même suivi de deux motions de censure, rejetées.
Un enchaînement d'événements qui animent les foules et entraîne une part des Français dans la rue.
À Nice, malgré un point de rendez-vous éloigné du centre, la manifestation de ce jeudi 23 mars a réuni près de 40.000 participants, selon les syndicats. Une mobilisation qui serait inégalée depuis le début du mouvement social.
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Dans la foule, des ouvriers, travailleurs, salariés, de gauche, droite ou même apolitiques… et même des retraités, des lycéens ou plus jeunes encore. En clair, un mélange très hétérogène !

Entre les chars, le jeune Sacha brandit son drapeau de la CGT et entonne les slogans, en rythme. Il a 16 ans, et rêve de devenir journaliste. Pour lui, la retraite c'est loin, et pourtant aujourd'hui il est dans la rue avec les autres.
"Au delà des retraites, ce qui me dérange le plus c'est l'usage du 49.3 qui est totalement anti-démocratique" explique le lycéen. "Là j'accompagne ma mère qui est prof, mais même sans ça je me serais mobilisé."
Assise sur la pelouse, Julie, 31 ans, depuis deux ans contractuelle dans la fonction publique : "Aujourd'hui je suis surtout mobilisée contre le déni démocratique qui est insupportable."

Un peu plus bas, dans le cortège, Christine, 49 ans, déambule, une affiche en plastique autour du cou.
"Macron n'écoute rien, on ne sait plus quoi faire pour être entendus" se plaint-elle.
Enseignante dans un lycée en histoire-géo, elle devait initialement partir à la retraite vers 67 ans. Avec la réforme c'est pire, dit-elle.

Elle donne aussi des cours d'éducation morale et civique, car "il faut défendre ce qui a été acquis par le passé".
"On insiste sur le fait que les conquêtes sociales, par définition, font l'objet d'un combat, ça ne tombe pas tout cuit, comme ça…"
Claire soulève sa pancarte comme pour soutenir le passage du cortège. Elle a 60 ans, 61 dans deux jours. Pour elle, la retraite approche. Mais pas tant que ça.

Conseillère à Pôle emploi depuis une vingtaine d'année, elle en a vu passer des histoires et parcours de vie différents.
"La réalité c'est que les Français ne sont pas fainéants. Moi je suis en première ligne, je peux vous dire qu'ils ne partent pas souvent à 62 ans, mais bien après".
"Je trouve que le partage des revenus entre le capital et le travail est très injuste, et que cette réforme ne fait que renforcer le clivage."
Annie n'a pas de retraite, elle a toujours travaillé à l'étranger. À 74 ans, la grand-mère se mobilise pourtant à toutes les manifestations. Elle tremble un peu mais tient bon.
"Je suis obligée de soutenir mes enfants et petits-enfants, ils ne peuvent pas continuer à vivre dans un monde comme ça".
Entre les rides, ses grands yeux bleus sont emplis d'espoir.
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