Le centre Iconic, dans le quartier de la gare, a partiellement ouvert ses portes. Fast-food, magasins… Le "diamant de verre" comptera divers établissements dont certains de luxe. Pourtant, à seulement quelques mètres, la vie quotidienne reste difficile.
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Il était particulièrement attendu. Après sept ans de travaux et beaucoup de retard, Iconic est désormais en partie ouvert au public. Plusieurs commerces, comme la marque de prêt-à-porter Uniqlo, le géant Monoprix, la chaîne de cafés Starbucks ou encore l'enseigne de fast-food Five Guys, peuvent accueillir leurs premiers clients, depuis le 24 avril dernier.
Ce bâtiment, au design ultra-moderne, n'est pas entièrement accessible au public. Et pour cause : il n'est pas encore totalement terminé. L'ouverture de l’hôtel Hilton, de deux écoles du supérieur, de Metropolitan Sport Club & Spa, d'autres commerces, de bureaux mais aussi d'une salle de spectacle sont attendus ces prochains mois.
Cette ouverture pourrait entraîner un véritable renouveau du quartier. Pourtant à seulement quelques mètres, les conditions de vie des riverains sont loin d'être idéales. Nuisances sonores, trafic de drogue, squats, agressions… Les habitants ne se sentent pas toujours en sécurité.
Nice-Presse s'est rendu dans la rue Pertinax, après avoir été sollicité à de nombreuses reprises.
"Zone de squat"
Nicolas (un prénom modifié), propriétaire d'un appartement depuis quatre ans, a pu constater l'évolution des choses : "c'est la dégringolade". Pour lui, "la rue a été mal pensée, notamment pour ce qui est du stationnement des deux-roues. C'est devenue une zone de squat. On se trouve parfois avec des regroupements de vingt-cinq livreurs qui, en réalité, dealent".
À cela s'ajoute le fait que certaines personnes "s'installent sur nos vélos/motos/scooters, pour manger, fumer, vendre du shit… On n'ose plus les garer devant chez nous. Ils les dégradent". Certains "entrent même dans les copropriétés. Ils se mettent à l'abri, squattent…" "On craint pour notre sécurité, on a peur. Si on pouvait claquer des doigts et ne plus vivre ici, on le ferait".
Cela se fait d'ailleurs ressentir : "il y a un turn-over qui est énorme. Ceux qui prennent des locations restent trois à sept/huit mois puis ils partent. Les gens, comme nous, qui sont propriétaires, on cherche à lutter".
"Personnellement, j'ai envie d'y croire !"
Face à ces difficultés, l'ouverture du Iconic pourrait être une lueur d'espoir ? "On attend de voir. Personnellement, j'ai envie d'y croire ! On se dit que ce n'est pas possible d'avoir à 50 mètres de ce centre des gens assis par terre qui se piquent, des emballages de seringues et de morphine…" .
Mais alors concrètement, quelles seraient les solutions pour que le quartier aille mieux, d'après les riverains ? "Devant certains commerces, tous les soirs, des alcooliques viennent boire sur le trottoir, juste devant" continue Nicolas*. "Ils vendent de l'alcool. On aimerait qu'ils soient fermés ou qu'ils ne puissent plus distribuer".
À cela s'ajoute "la suppression des stationnements deux roues, notamment ceux qui sont à l'angle de la rue Pertinax et Lamartine, afin de végétaliser".
"On a encore espoir que les choses changent"
Un autre commerçant, qui a souhaité rester anonyme également, partage le même ressenti : "il y a eu de gros soucis avec les livreurs en journée. La mairie a mis en place une "zone blanche" (dans laquelle les livreurs ne peuvent plus recevoir de commandes sur leur téléphone, NDLR). Mais ça n'a fait que décaler le problème. On voit aussi en plein jour des personnes trafiquer de la drogue, s'échanger de l'argent…"
Avec l'ouverture d'Iconic, "c'est quand même surprenant qu'il y ait encore autant de mauvaise fréquentation dans le coin. On a encore espoir que les choses changent. La municipalité ne peut pas laisser tout le quartier comme ça".
Pour lui, c'est simple : "si on rendait une partie piétonne, il y aurait déjà beaucoup moins de problèmes. Il faudrait aussi plus d'interventions de la part de la police".
Un peu plus loin, Loïc tient la salle de jeux vidéos Akira. "Des gens boivent et se shootent dans la rue. Ils embêtent les passants. J'ai une clientèle très jeune : certains se sont déjà fait agresser en sortant. J'ai eu une baisse d'activité à cause de cette situation. Ça empire d'année en année, on dirait que cette rue a été oubliée".
Dans le secteur, le boulevard Raimbaldi est sujet aux mêmes problématiques, comme souvent à proximité d'une gare centrale, à Nice comme dans bien d'autres villes françaises. Le maire, Christian Estrosi, annonçait dans Nice-Presse le 8 mars dernier que des travaux y seront menés d'ici à la fin 2024. Avant le lancement d'une requalification générale, après 2026.
CE QUE LA VILLE RÉPOND
Interrogée par Nice-Presse la semaine dernière, la municipalité nous a transmis cette réponse écrite, mardi 14 mai : "La Ville de Nice est vigilante au cadre de vie des riverains et porte une attention particulière au quartier Pertinax / Assalit / Raimbaldi : patrouilles quotidiennes de PM, opérations de contrôles, projets immobiliers, travaux futurs de requalification. Anthony Borré, Premier adjoint au Maire de Nice, est à la disposition des riverains et des commerçants pour les rencontrer et faire un point sur les nuisances afin d’envisager des mesures supplémentaires".