Rumeurs de pressions sur les élus, appel à sa démission… Lors du Conseil des maires de la Métropole, fermé au public mais dont Nice-Presse a eu des échos détaillés, Christian Estrosi a longuement sondé ses collègues. Tous, ou presque, sont derrière lui.
L'initiative a fait un flop. Le 8 juin, la candidate Les Républicains aux législatives maralpines Christelle d'Intorni, protégée d'Éric Ciotti, dégainait la sulfateuse contre Christian Estrosi. Dans un communiqué, l'édile de Rimplas appelait à la démission du maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur.
Pour elle, l'ex-LR passé dans le camp d'Emmanuel Macron devrait se soumettre "aux urnes, seul moyen de (retrouver) un peu de crédibilité", estimant qu’il n’a "plus aucune légitimité à occuper ces fonctions." Quatre jour plus tôt, Christelle d'Intorni était invitée à abandonner sa vice-présidence à la Métropole.
Lundi 13 juin était réuni, à huis clos comme d'usage, le Conseil des maires de Nice Côte d'Azur. Pas de public ni de journalistes pour assister à cet échange en visioconférence. Mais des sources variées et concordantes nous ont rapporté la teneur du dernier tour de table.
Poutine sudiste
Avant de conclure la séance, le président a posé deux questions à l'ensemble de ses collègues. La première, "avez-vous, oui ou non, pu subir de quelconques pressions de la Métropole pour soutenir des candidats aux dernières élections?" La seconde : "quel est votre sentiment à l'égard de cet appel à la démission lancé par Christelle d'Intorni?"
Devant ses pairs, l'intéressée n'a rien perdu de sa verve.
Pour elle, Christian Estrosi, pourtant élu maire de Nice pour la troisième fois il y a deux ans et président de NCA sans discontinuer depuis 2008, n'aurait plus la légitimé nécessaire pour gouverner. La solution ? Convoquer de nouvelles élections.
Par ailleurs, elle assure que des élus ont subi des coups de pression pour accueillir tel ou tel candidat pendant la campagne électorale, avec des chantages aux subventions.
Seule au front, Christelle d'Intorni ? Non, puisque Bertrand Gasiglia, le maire de Tourrette-Levens, a pris la parole pour développer le même argumentaire.
Entre autres joyeusetés, Christian Estrosi est comparé à un dictateur : Vladimir Poutine, Staline (sans la moustache) de la Côte d'Azur… M. Gasiglia n'a pas souhaité commenter ces propos rapportés à Nice-Presse.
Habituellement bien moins folklorique, le Conseil continue.
"On ferme sa gueule ou on démissionne"
L'ami du président Joseph Segura, maire de Saint-Laurent-du-Var, monte au créneau. "Ces propos vont trop loin, et vous n'avez pas à vous exprimer en notre nom, ni à faire d'ingérence dans les affaires et les élections d'une autre commune" entame-t-il. "Personne ne pointe de réelles pressions, elles n'existent pas. Ces rumeurs déshonorent ceux qui les font circuler."
"Christelle d'Intorni est d'évidence instrumentalisée par ceux qui veulent déstabiliser la Métropole Nice Côte d'Azur"
Tout en poursuivant : "chaque commune, même la plus 'petite' a voix au chapitre dans cette Métropole. Une voix est une voix." Tant et si bien que Christelle d'Intorni, qui dirige un village de seulement 108 habitants, a pu un temps bloquer un vote stratégique de la collectivité en 2019…
Hors du camp politique estrosien, le maire de La Trinité Ladislas Polski prend le micro : "nous sommes tous des partenaires de la Métropole, pas des vassaux. Ça a toujours été le cas dans ma relation avec Christian Estrosi, je suis très à l'aise pour le dire". Et ce chevènementiste convaincu de rappeler : "en toute cohérence, je rappellerais que, quand on fait partie d'un exécutif, on ferme sa gueule ou on démissionne."
Sollicités par Nice-Presse mardi 14 juin, les deux derniers cités ont confirmé ces verbatims.
Sur 51 élus, seuls deux auront affiché leur défiance à l'égard de l'actuel exécutif.
Les précisions de Christelle d'Intorni
Après la publication de cet article, la maire Les Républicains de Rimplas a tenu à souligner dans nos colonnes qu'elle a vécu l'organisation rapide de cette réunion comme un "coup de pression", une "méthode extrêmement discutable".
Sur les trois élus qu'elle a pu citer comme soutiens, tous contactés par Nice-Presse, deux n'ont pas donné suite, et la dernière assure ne pas prendre position.
Christelle d'Intorni refuse également de quitter sa vice-présidence ("ce serait totalement injustifié"), et réclame une délibération pour que les maires puissent s'exprimer sur le dossier de la fusion Département-Métropole. Dernière collectivité dont elle tient à "souligner le rôle essentiel, notamment pendant la tempête Alex."
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