- Vous lisez un épisode de “Le Port Lympia, héritage et transitions”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, le magazine qui parle de vous.
Steve Molinari exerce le métier de pêcheur depuis une quinzaine d'année au Port Lympia. Une véritable passion, mais aussi de longues journées en mer qui profitent aux Niçois.
Tous les jours, à l'aube, au moment où les premiers rayons du soleil commencent à illuminer la Méditerranée, Steve Molinari, 44 ans, saute dans son embarcation, direction la Baie.
Le long des côtes ou plus au large, il reste plusieurs heures en mer, avant de retourner à quai, les filets bien remplis.
"C'est un métier très prenant, il n'y a que ceux qui ont cette vocation qui peuvent tenir, sourit ce père de deux enfants, qui peine à profiter des siens. Je pars le matin vers 6 heures, je rentre aux alentours de 10 heures pour vendre sur le marché jusqu'à 12h30 et l'après-midi, en semaine, je repars pour tirer d'autres filets jusque parfois tard le soir."
Une vie de dur labeur qu'il ne regrette pas, attaché qu'il est à sa liberté. "J'ai eu une première carrière comme jardinier, avec mon père. Mais cela ne me plaisait pas. J'ai ensuite fait de la mécanique marine, mais là non plus, je ne m'y retrouvais pas. Alors je me suis dit, pourquoi pas la pêche ?"
Comme pour raviver ses souvenirs d'enfance, quand aux côtés de son père, déjà, et de son oncle, il partait du côté d'Antibes, de Saint-Jean-Cap-Ferrat ou de la plage de Coco Beach, pour pêcher depuis les rochers.
"J'ai toujours eu ça en moi." Une évidence qu'il n'entend pas abandonner, malgré quelques contraintes administratives qu'il dénonce.
"La profession est de plus en plus réglementée, regrette-t-il. On nous a interdit la pêche à la poutine (technique ancestrale qui se pratique depuis des siècles sur le littoral niçois et les côtes italiennes, ndlr) depuis deux ans, on nous empêche d'attraper certains poissons comme le thon ou l'espadon si nous n'avons pas des bateaux réglementaires d'au moins sept mètres. Des décisions catastrophiques qui sont parfois prises par des personnes qui n'ont jamais vu un poisson…"
Dorade, loup, saint-pierre, mostelle…
Steve Molinari conserve sa motivation d'antan, comme en atteste cette journée printanière, où le Niçois débarque sur le port peu après dix heures avec de jolies prises. "six kilos de mostelles, dix kilos de poulpes, dix kilos de soupe et trois kilos de rougets." Des poissons qu'il est allé capturer plus au large en cette saison touristique. "Il y a les premiers baigneurs et les eaux deviennent trop chaudes."
Avec désormais trois embarcations, le marin peut cibler ses prises, comme "le saint-pierre, la mostelle, le colinot, la langouste ou la lotte" jusqu'à 400 mètres de profondeur au filet ou"le loup, le mulet, le sar ou la dorade" plus près.
De quoi alimenter, en plus des locaux et des touristes, de nombreux restaurants, à l'image de La Table des Baous, Babel Babel, Pure & V, Le Canon ou encore Le Bistrot du Port. Un art de vivre local précieux, préservé grâce à la persévérance intacte de Steve Molinari.