Toute la matinée ce dimanche 4 décembre, Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice et vice-président de la Métropole, répond aux questions des lecteurs de Nice-Presse.
Renforcement de la police municipale, rénovation du centre-ville dégradé, action contre les dealers dans les quartiers…
Dans cette première partie, on aborde vos questionnements sur la sécurité et la lutte contre la délinquance.
Le nombre de policiers
La police nationale a obtenu des renforts à Nice, est-ce suffisant ? Une partie d'entre eux sont partagés avec Cannes, et nous ne sommes pas la Métropole la plus dotée, malgré l'importance des trafics chez nous.
Il y a eu un rééquilibrage que nous réclamions depuis quinze ans. Il n'est pas encore au bout. Mais on a enfin une compagnie de CRS pérenne ici.
J'aimerais en avoir plus, de policiers nationaux, à l'échelle du département. Notamment parce qu'il y a un sujet à la frontière avec l'Italie.

Où en sont les recrutements dans la police municipale ?
On est à niveau très élevé. Depuis l'élection de Christian Estrosi en 2008, on en a recruté 230. On a aujourd'hui 520 agents. Ce n'est pas évident, puisque toutes les communes embauchent.
Quels sont les chiffres des interpellations effectuées par la PM cette année ?
Au 27 novembre, nous avons procédé à 7.498 interpellations. Il y en aura plus de 8.000 d'ici à la fin de l'année. On était à 4.000 il y a cinq ans…
Les stupéfiants représentent 1.800 d'entre elles, c'est colossal, notre défi majeur.
Nous avons d'ailleurs transmis au nouveau directeur départemental de la sécurité publique les secteurs de la ville où on attend de l'Etat une action très forte contre le trafic de drogue.
Quelles compétences manquent encore aux policiers municipaux ?
L'Etat a lancé l'amende forfaitaire contre les consommateurs de drogue, qui produit des effets remarquables. Nous sommes l'un des départements où il y en a le plus. Mais la police municipale ne peut pas en dresser.
J'aimerais aussi que l'on puisse contrôler les identités et ouvrir les coffres des voitures. Pour l'instant, ce n'est toujours pas le cas.
Nice, quartier par quartier
Que faire pour la place Garibaldi, victime de nuisances, de squats et d'agressions ?
On multiplie les passages. C'est un point majeur et stratégique de la ville. On veut davantage sanctionner les commerces qui vendent de l'alcool à des personnes déjà ivres. Nous sommes face à des ressortissants des pays de l'Est, qui doivent être renvoyés dans leurs pays.

Un étudiant a été agressé près de Jean-Médecin il y a quelques jours. Faut-il y ouvrir un poste fixe de police municipale, comme le demande l'opposition ? Y faire patrouiller plus d'agents ?
Ouvrir un poste n'est pas la réponse idéale. Moi je crois aux patrouilles pédestres, et nous les multiplions. Il est clair que l'avenue Jean-Médecin s'est paupérisée avec l'arrivée du tramway. Mais j'estime que le commerce est plutôt tiré vers le haut.
Où en est on de la reconquête de Trachel-Notre Dame-Thiers, secteur du centre-ville touché par les trafics ?
Nous avons échangé avec l'Etat pour y mener une action plus intense. La mairie a fait fermer un grand nombre de commerces qui participaient à l'ivresse publique manifeste et aux regroupements. La livraison d'Iconic au premier trimestre 2023 va redynamiser le quartier.
Trachel est en travaux, avec notamment une nouvelle piste cyclable.
Nous nous "attaquons" maintenant à une nouvelle partie de Jean-Médecin : Raimbaldi, rue de Paris, Notre-Dame. Une concertation sera lancée très prochainement.
On va commencer par Notre-Dame au premier trimestre, qui sera livrée d'ici à 2026.
Beaucoup de moyens ont été déployés aux Moulins. On y regrette toujours des fusillades régulières, il y a peu de commerces, d'emplois… "Tout cet argent pour ça?", demandent nos lecteurs.
Il n'y jamais eu autant de services publics là-bas. Il faut que nous tirions des leçons de commerces qui s'y sont installés et qui n'ont pas été à la hauteur.

Exemple souvent cité : on a rénové plusieurs fois la place des Amaryllis. Le bâti est très bien, mais elle "craint" toujours…
Cette place reste problématique parce qu'elle n'est pas occupée, ou mal occupée. La rénovation engagée fera évoluer les choses.
La question qui se pose et elle concerne surtout l'Etat, c'est celle du trafic de drogue, partout en ville.
Qui peut croire qu'il y aurait moins de fusillades à Nice-Ouest si on n'avait pas tant investi sur le bâti ?
Les choses vont évoluer.
Je vous annonce d'ailleurs qu'au commissariat Saint-Augustin, on aura une mutualisation des polices nationale et municipale.
Elles seront regroupées physiquement, dans un même bâtiment. Il y aura donc un Hôtel des Polices en coeur de ville (dans l'ancien hôpital Saint-Roch, NDLR), et un autre à Nice-Ouest. Nous l'avons obtenu du ministère de l'Intérieur.
Cela permettra d'avoir des policiers nationaux et municipaux en mesure de mener des interventions communes sur la question du trafic de stupéfiants.
Pour ce qui est des Liserons, fut un temps on entendait qu'il fallait beaucoup investir pour rénover, puis qu'il faudrait en réalité tout raser… Où en est-on ?
Ce quartier est en lui-même une anomalie architecturale. Nous allons démolir plus de 200 logements.
Il y a une impatience des habitants qui vivent dans des conditions dégradées.
Nous allons réhabiliter les bâtiments, qui seront moins hauts. Et désenclaver toute la zone. Le stade sera rénové, les locaux de Galice (le Groupement d'Acteurs pour le Logement, l'Insertion, la Citoyenneté et l'Emploi, NDLR) seront plus grands.