Le quartier du Port Lympia et son vaste plan de réaménagement sont au cœur des discussions. Alors que certains travaux ont déjà été effectués, d'autres sont finalement repoussés. Mais qu'en est-il des pêcheurs professionnels ? Nous sommes allés à leur rencontre.
Sur le quai de la Douane, après leur retour de pêche, Loïc, Steve et Franck vendent leurs poissons frais tous les matins, de 10h30 à 12h30. Une initiative lancée avec le premier confinement. "On a été obligés de faire ça, sinon, on était foutus" rembobine Steve Molinari, qui travaillait auparavant juste avec des restaurants.
"On n'avait pas les autorisations, on ne nous laissait pas faire. Avec le covid, on s'est imposés et finalement, ils nous ont laissé". Visiblement, plus de trois ans après, l'initiative continue de plaire : "ça marche bien, on a pas mal de monde. C'était le seul port de pêche où il n'y avait pas de vente !"
Sur le papier, tout va bien. Et pourtant, ce n'est pas tout à fait le cas… "On attend des aménagements concernant la vente et pour notre matériel : pour nous, c'est mal fait, on n'a pas assez de place" continue Steeve. "Rien n'a bougé depuis trois ans…"
"On veut être considérés"
Cet avis est partagé par Loïc Barbedette : "on aimerait des aménagements dignes de la cinquième ville de France, avec un coin de vente propre, des bacs pour ranger nos filets qui soient uniformes, une sécurisation du lieu…".
Après plusieurs échanges avec la Ville, les retours sont les mêmes : "on nous dit que c'est dans les tuyaux, qu'ils vont venir, qu'il faut organiser une rencontre… Rien ne se passe". Les pêcheurs "ont essayé de baliser la zone pour que les gens ne puissent plus entrer la nuit pour voler, dégrader ou squatter. C'est la seule chose qui ait changé".
"On veut être considérés, et que l'on tienne les promesses qui ont été faites. On a besoin d'améliorer notre cadre de travail". D'après une maquette présentée, "ils devaient mettre des bancs et des bacs de rangement homogènes".
"On aimerait être consultés. Il y a dix ans, ils ont fait la construction des cabanes. Mais ils ne nous ont rien demandé : ils l'ont fait, et c'était comme ça". Franck poursuit :"la Ville nous dit que ça va se faire, mais pour l'instant il n'y a rien. Il faudrait que ça soit un peu joli, on attend aussi la salle de Prud'hommie…".
Une criée annoncée
Pour rappel, il y a deux ans, le maire dévoilait un vaste plan de réaménagement avec notamment des améliorations du quai. Une criée a été annoncée afin "de valoriser et donner de la place aux pêcheurs" mais aussi pour relancer la filière avec des bancs réservés à la "vente de poissons au cul du bateau" ainsi qu’aux maraîchers de la métropole.
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Début mars, lors d’un entretien avec Nice-Presse, Christian Estrosi a affirmé que l’évolution du quartier ne suivra pas complètement le plan tel qu’annoncé. "Bien des choses que nous n’attendions pas sont arrivées entre-temps : l’annonce du Tour de France 2024, de la conférence des Nations-Unies en 2025, probablement des Jeux olympiques d’hiver en 2030. Des évènements qui vont apporter au territoire des dizaines, si ce n’est des centaines, de millions d’euros en retombées économiques".
Mais justement, comment les pêcheurs voient l'arrivée de la Conférence des Nations Unies sur les Océans en 2025 ?
"On espère que ça va être un plus, et qu'il n'y aura pas trop de contraintes. Il va falloir que l'on s'adapte aux travaux, aux livraisons, aux camions qui passent… Avec nos clients qui viennent, ça peut être compliqué. Reste à voir comment ils vont organiser ça…"