Depuis cet été, les relations entre la préfecture des Alpes-Maritimes et la métropole Nice-Côte d'Azur apparaissent, au grand jour, comme particulièrement dégradées. 3 dossiers récents pour lesquels la tension grimpe.
Christian Estrosi n'est pas vraiment un cadeau pour les préfets. Même si les relations furent plutôt fluides avec Bernard Gonzalez, ses prédécesseurs ont parfois eu du fil à retordre avec un maire qui le répète dans les médias : "le patron à Nice, c'est moi". Certains des représentants de l'Etat ont tenté de s'en accommoder… Mais pas Hugues Moutouh. En place depuis un an, ses rapports avec le président de la métropole ont viré à l'affrontement plus ou moins assumé.
On ne peut marquer avec davantage de publicité un désaccord : le 28 novembre, le conseil métropolitain a voté un texte réclamant à la préfecture de revoir sa copie au sujet de la gestion de l'eau. Fin juillet, après plusieurs épisodes de sécheresse, l'institution a décidé que les nouvelles constructions devraient bien davantage prendre en compte le niveau des ressources. Au risque, craignent les promoteurs, de voir pas mal de permis de construire être retoqués. Filière du BTP aujourd'hui défendue par la Métropole.
"Oui, nous nous élevons contre le 'Dire' publié par le préfet" s'agace Anne Ramos, vice-présidente de Nice-Côte d'Azur déléguée à l’urbanisme et au foncier. "Il est déjà très difficile de construire du logement. Ces nouvelles mesures sont, en réalité, difficilement applicables. Nous avons multiplié les dispositifs responsables, ces dernières années. Ces nouvelles restrictions ne sont pas utiles, en tous les cas pas sous cette forme, sans vraie concertation".
Et le président Estrosi d'en remettre une couche : "Mais de quoi se mêle le préfet ? Nous ne l'avons pas attendu pour agir. Si bien qu'il y a deux ans, en pleine canicule, nous n'avions pas le droit d'arroser nos espaces verts, alors que nous avions assez d'eau pour nous-mêmes, et pour en fournir à Monaco et à Menton !"
Estrosi réclame son départ depuis des mois
Ce n'est pas le seul point d'achoppement entre les deux autorités. Le 26 novembre, nos confrères du Canard enchaîné révélaient que le préfet (qui n'a pas répondu à Nice-Presse) avait monté un dossier d'un millier de pages pour dénoncer une mauvaise gestion métropolitaine de la reconstruction des vallées. Rapport depuis transmis au Procureur. A-t-il aussi pris soin de l'envoyer à la presse, à l'avant-veille d'un Conseil de Métropole ? Dans l'entourage du maire, il y a peu de doute.
Surtout qu'au-delà d'un simple conflit autour des prérogatives des uns et des autres, Hughes Moutouh est suspecté d'entretenir des liens politiques avec le grand rival Eric Ciotti, qu'il connaît depuis un moment.
Une tension parmi bien d'autres. Il y a un mois, la préfecture était accusée de faire traîner la procédure d'adhésion à la Métropole de Tourette-du-Château. De quoi faire monter l'agacement. Cet été, Christian Estrosi avait carrément traité le représentant de l'Etat d'incompétent, pas au niveau face au narcotrafic. Tout en réclamant au gouvernement son départ. Las, les deux derniers ministres de l'Intérieur ont chaleureusement témoigné à plusieurs reprises un soutien à leur haut fonctionnaire. Lequel ne se laisse pas faire, comme avec ce communiqué publié en plein été, dénonçant la "violence" de la mairie de Nice. La suite au prochain épisode. Agité, à n'en pas douter.