Il n'avait jamais donné d'interview depuis son investiture en 2020. Pierre Barone, élu chargé des associations dans l'équipe de Christian Estrosi, recevait Nice-Presse vendredi 26 août pour évoquer ses futurs projets au sujet de "l'engagement citoyen".
Quelles sont les 3 actions concrètes que vous retenez de votre action depuis 2020 ?
Pierre Barone : En un, l'ouverture d'une nouvelle salle de spectacle dans la Maison de l'Étudiant avec le Stockfish (que Nice-Presse vous présente par ici, NDLR). On y a fait 8.000 entrées. En deux, la "task force" associative, que l'on réunit tous les mois. Nous sommes entrés dans ce mandat avec la crise sanitaire. L'urgence, c'était de coordonner la solidarité. Nous avons été là pour trouver des ordinateurs pour la scolarité des gamins pendant les confinements, pour se mobiliser pendant la tempête Alex…
En trois, avec les services, nous travaillons depuis 2 ans à concrétiser encore davantage le désir d'engagement des Niçois.
"Nous voulons créer de 'l'engagement sans engagement'."
De quelle façon ?
Nous développons des outils pour que chacun puisse s'investir, pour devenir un citoyen engagé. Nous avançons sur des leviers incitatifs. On pourrait créer une cérémonie pour mettre à l'honneur les assos, les actions et les bénévoles. Par exemple, on pourrait aussi donner des invitations à des Niçois méritant pour des évènements sportifs et culturels.
Il faut que tous les terrains d'engagement possibles soient listés et visibles de façon plus accessible. Sur le sport, l'éducation ou la culture, chacun doit trouver facilement comment participer. Le portail internet de la Ville sera amélioré.
Quelles difficultés se posent ?
Nous aimerions créer de "l'engagement sans engagement". Certains Niçois ne se tournent pas vers les associations parce qu'ils pensent que l'investissement demandé sera trop important. Certains veulent s'engager, de façon ponctuelle et spontanée, sans obligations sur le long terme. Il faut pouvoir leur proposer des choses simples.
"Le tissu associatif niçois va bien"
Parlons démocratie participative : d'un côté, les Niçois se rendent très peu aux concertations publiques sur les grands projets. D'un autre, le maire a évoqué l'organisation de référendums locaux, mais on n'en voit pas la couleur…
Cette démocratie participative, elle ne marche pas très bien, oui : les gens ne se déplacent plus beaucoup pour les élections. Même quand il s'agit de projets très concrets.
Nous, on ne va pas susciter de mobilisation citoyenne sur des projets pour lesquels les gens ont déjà voté, comme par exemple pour l'extension de la Coulée verte.
Des projets pour plus de démocratie locale sont-ils prévus ?
De mon côté, pas spécialement.
Mon projet de fond, c'est de donner goût à la citoyenneté, sans culpabiliser. J'aimerais que les jeunes de 18-25 ans aient envie de devenir élus municipaux, départementaux ou régionaux. Pour l'instant, ce n'est pas le cas. D'où notre travail de fond.
Comment se porte le tissu associatif chez nous, après cette crise sanitaire ?
Le tissu associatif niçois va bien. Il a souffert, mais il a resserré ses liens. Notre patte, c'est de faire bosser ensemble des associations qui ont des objectifs initiaux très différents. Comme les clubs sportifs et des collectifs écolos.
C'est une délégation très importante, celle des associations : comment anticipez-vous votre rôle ? Parce qu'on ne vous voit pas beaucoup…
Je le revendique, de ne pas être beaucoup vu. Ce n'est pas un sujet. J'en suis désolé, mais mon temps je le mets au profit des Niçois. J'assume une discrétion dans les médias.
C'est la première fois que vous exercez un mandat politique, qu'en tirez-vous personnellement ?
Je fréquentais déjà les services de la mairie et de l'Université en tant que responsable associatif avant, nous avions monté de beaux projets. C'est une continuité dans mon engagement. Je pense que chaque citoyen devrait connaître l'expérience d'être un élu : cela permet de relativiser ses exigences. On découvre que les choses sont bien plus compliquées que ce que l'on peut penser, à cause des oppositions, des réalités budgétaires.
Moi, je suis là pour impulser une énergie, une méthode et une éthique.
Lire aussi : INTERVIEW. Graig Monetti : « avec la crise sanitaire, le pays a une dette envers les étudiants »