David Nakache, militant de la gauche niçoise (Viva!, Génération.s) est poursuivi par le maire de Nice Christian Estrosi pour des faits présumés de "diffamation". Condamné il y a quelques jours, il fait appel.
JUSTICE — "Personne ne me privera de ma liberté d'expression. Personne ne me fera taire". Ferme et résolu, David Nakache, président de l'association humaniste Tous Citoyens ! et militant de la gauche niçoise ne renie rien de ses propos passés et va faire appel. Le 19 novembre, il avait été condamné pour "diffamation" après un tweet sur la corruption à Nice qui avait révolté le maire Christian Estrosi.
"Cette judiciarisation systématique de la vie politique constitue une tentative pour intimider et museler toute opposition afin que l'on se dise 'attention, si je dis ceci ou cela, je vais avoir un procès.' Eh bien non" notait en janvier M. Nakache dans un blog hébergé par Mediapart. Si Christian Estrosi "se sent visé par ce propos, cela ne regarde que lui" avait-t-il encore noté.
"Notre combat pour la liberté d'expression continue" a-t-il posté sur Twitter le 21 novembre à propos de son appel.
Un grand merci à toutes et à tous pour votre si précieux soutien. Notre combat pour la liberté d'expression continue et je vais faire appel de cette décision. Le roseau plie mais ne rompt pas…
— David Nakache (@DavidNakache) November 21, 2020
Le PCF 06, ViVa!, le PS ou encore Génération.s ont fait part de leur soutien au militant. Le Rassemblement national, par la voix de Philippe Vardon, a également dénoncé ces poursuites engagées par le maire.
RAPPEL DES FAITS. "Un terrible sentiment d'injustice". C'est en ces termes que David Nakache, président de Tous Citoyens, a réagi à sa condamnation en diffamation jeudi 19 novembre.
Ce candidat sur une liste de gauche aux dernières municipales avait dénoncé, pendant la campagne électorale, la "corruption" qui existerait à Nice et à laquelle s'attaquerait l'avocate Mireille Damiano si elle emportait la mairie (1). Des propos diffamatoires d'après le maire de Nice, qui a poursuivi en justice M. Nakache.
Le procès s'est tenu le 12 octobre en correctionnelle. Le tribunal a rendu ce jeudi 19 novembre son délibéré : l'opposant de gauche, reconnu coupable, devra verser plus de 10.000 euros (5.000 euros d'amende, 2.806 euros pour le "préjudice moral" et 2.300 euros en dédommagement des frais d'avocat).
David Nakache a mis en avant, pour sa défense, qu'il n'avait pas cité nommément Christian Estrosi, mais désigné une situation générale, citant notamment l'attribution d'une rue à Jacques Médecin, l'ancien premier magistrat de la ville dont les démêlés avec la justice sont de notoriété publique.
« Dans mon tweet, je n’ai pas cité Christian Estrosi. Si je pensais qu’il était corrompu, je l’aurais dit. Par contre, j’estime qu’on ne lutte pas assez contre la corruption et, pire, on honore des personnes corrompues » — D. Nakache
"Je le dis avec tout ce qui nous sépare politiquement : cette condamnation est incompréhensible. A aucun moment il n’a désigné, et donc diffamé (le maire) directement" a réagi l'élu RN Philippe Vardon.
Des personnalités politiques azuréennes ont apporté leur soutien au président de Tous Citoyens ! ces dernières semaines.
(1) Tweet de M. Nakache : Il faudra voter Mireille Damiano (ViVa!) "pour en finir avec le clientélisme et la corruption à Nice, l’accroissement des inégalités sociales et le sacrifice de notre santé et notre environnement sur l’autel du béton et de la recherche effrénée des profits."