Pour la plupart, les élus métropolitains, opposition comprise, restent unis pour se féliciter de l'avancée de la reconstruction. Une part de l'assemblée locale marque ses désaccords par un silence.
Les points sur les "i", les barres sur les "t". Cela fait plusieurs semaines que les élus locaux s'écharpent, dans les Alpes-Maritimes, sur l'avancée des chantiers dans les vallées. La tempête Alex frappait notre territoire il y a plus de deux ans déjà. Depuis, les travaux se sont enlisés, ou auraient été retardés, par endroits.
La Métropole de Nice évoque une suspension logique, suite à l'ouverture d'une enquête de police liée à sa comptabilité. En attendant d'y voir clair, il aurait donc fallu marquer une pause, mais, assure-t-elle, les ouvriers sont de nouveau à pied d'oeuvre.
De son côté, le Conseil départemental accuse la collectivité de ne plus avoir les moyens, en réalité, de mener cette reconstruction. En toile de fond, on l'aura deviné, la guerre entre Christian Estrosi (qui préside l'une) et Eric Ciotti (qui a la haute main sur l'autre).
Jeudi 29 juin, la séance plénière a été l'occasion d'une longue mise au point. Savamment préparée. Un clip filmé au drone et flanqué d'une bande son hollywoodienne se propose de faire le point sur l'action de la Métropole dans les vallées sinistrées. Suit alors un concert de louanges, avec, au micro, les maires concernés.
L'édile de Saint-Martin-Vésubie : "Le travail a été immense et Nice Côte d'Azur ne s'est jamais défilée". L'élue de Tournefort : "Sans cette solidarité, on ne s'en serait pas sortis". Idem du côté de Valdeblore, entre autres. Le maire de Chateauneuf-Villevieille, nouvel arrivant dans la Métropole : "je peux dire, pour avoir connu une autre organisation, que nous nous en sortons bien mieux ici qu'ailleurs dans le département".
Faut-il pour autant y voir une unanimité parmi les maires touchés par la tempête ? Non, puisqu'une vingtaine d'élus ont ostensiblement refusé d'applaudir la vidéo d'introduction, pas plus que les différentes prises de parole de leurs collègues.

Christian Estrosi complète, et dénonce "des faussaires", "des salades" lancées selon lui par le camp d'Eric Ciotti (qu'il ne nomme pas): "évidemment, non, la Métropole n'a pas touché des avances de l'Etat. Nous avons été exemplaires, tous : les communes du littoral, Nice, Cagnes-sur-Mer et Saint-Laurent-du-Var ont immédiatement accepté de décaler leurs chantiers structurants, comme la future ligne 5 du tramway, pour venir au secours des vallées".
Et là, l'opposition entre en scène, avec un rôle inattendu. Philippe Vardon, de Reconquête, le parti d'Eric Zemmour : "Avec nos conflits politiques, on oublie parfois le travail considérable qui est mené. Les mesquineries politiciennes ne doivent pas le camoufler".
Même son de cloche du côté des écologistes, habituellement à couteaux tirés avec l'exécutif estrosiste : "les bisbilles, les fake news sont choquantes. Les villages ne sont pas sortis d'affaire : nous devons rester unis et concentrés" pose Juliette-Chesnel Le Roux (EELV).
Les deux élus représentant Eric Ciotti dans l'assemblée - Bernard Chaix et Gaëlle Frontoni - n'ont pas pris la parole pour se défendre. La députée Christelle d'Intorni, qui devait le faire, était retenue à l'extérieur par un imprévu familial.
De son côté, le Département 06 annonçait, la première semaine de juillet, avoir rétabli "100% des accès" dans la Roya.