L’ancien arbitre international accuse le maire, avec qui il est brouillé depuis deux ans, d’avoir fait pression sur les organisateurs d’un match solidaire pour l’en écarter.
À Nice, sport et politique font d’ordinaire bon ménage. Le président de l’OGC Nice Jean-Pierre Rivère ne rate jamais les meetings de soutien au maire, et un ancien grand joueur de l’équipe, José Cobos, figure en bonne place dans l’équipe municipale.
Et puis parfois, le mélange conduit à de grandes déconvenues sur le terrain. C’est en tout cas ce qu’explique l’ancien arbitre international Gilles Veissière à Nice-Presse ce vendredi 23 septembre.
Lundi 26, un “Match des légendes” est prévu au grand stade. Réunissant des monuments du foot (Djibril Cissé, Cantona.…) comme du rugby (Califano, Michalak…), la rencontre a pour objet de réunir des fonds pour les enfants malades.
“À l’origine de l’initiative, Pascal Olmeta m’a proposé il y a un mois environ de venir arbitrer bénévolement”. Le professionnel, qui a raccroché les gants en 2005, accepte immédiatement. Depuis son retrait des terrains après une carrière impressionnante (Ligue 1, Ligue des Champions, Coupe du monde, Euro…), il s’est de nombreuses fois illustré au côté d’associations, aux quatre coins de la France.
“Sur le plan de l’éthique, c’est pitoyable”
“Je viens d’apprendre que je suis finalement écarté de l’arbitrage, à cause de pressions exercées sur les organisateurs par le cabinet du maire de Nice” poursuit Gilles Veissière. Lequel connaît bien Christian Estrosi, puisqu’il a été son adjoint aux sports pendant deux mandats.
“Nous nous sommes quittés sur des désaccords. Il m’a retiré de la liste de 2020 à quelques jours de sa présentation, par téléphone. C’était une trahison” rembobine-t-il. Depuis, le sportif qui penche à droite serait plus proche du député LR Eric Ciotti. “Mais peu importe, je n’ai jamais critiqué le maire ou fait de la politique depuis deux ans”.
Pour autant, les collaborateurs de Christian Estrosi auraient fait écarter Gilles Veissière du match programmé lundi, selon lui. “Il y a une confusion inadmissible entre le sport et la politique, teinté d’une question d’égo. Tout cela est déplorable. Avoir un arbitre reconnu lundi, qui a grandi dans les HLM, aurait pu faire une nouvelle fois la fierté de Nice”.
“Peut-être que je fais tache aussi. Moi, j’ai toujours été proche des petits clubs, des clos de boules, des amateurs. On a aujourd’hui un maire bling-bling, qui mène sa politique depuis un restaurant de luxe”.
La réponse de la mairie
Contacté ce soir, le cabinet du maire “dément formellement” avoir exercé toute pression et “regrette que certains essaient de monter une polémique sur un évènement caritatif”.
De son côté, Christian Estrosi “n’était pas au courant” de ce changement d’arbitrage.