Fête ancestrale, Noël est célébré de bien des manières en fonction des régions. À Nice par exemple, les festivités s'étiraient auparavant sur plusieurs semaines.
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Il n'existe pas une manière précise de fêter Noël. De nos jours, il est souvent usage de se réunir en famille, voire avec ses amis, à partir du 24 décembre et durant les jours qui suivent. Des coutumes qui ont bien évolué avec le temps. Nice est le parfait exemple des changements que l'on a pu observer au fil des siècles.
On célébrait Noël du 4 décembre au 6 janvier !
Dans le Comté niçois, on parlait d'ailleurs de "Calèna". Un mot venant du latin calendes, soit le premier jour du mois dans le calendrier romain. Le temps de l'Avent commençait alors le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe, et s’achevait le 6 janvier, jour de la fête des Rois.
Les festivités étaient lancées par les lentilles, symboles de prospérité, que l'on mettait à germer. Le sapin n'était décoré que le 24 décembre, pas avant. La crèche est une tradition encore ancrée aujourd'hui, mais en Provence et dans la région Sud, elle revêtait une importance particulière.
De leur nom nissard, Lou Presèpi, elles ornaient les maisons toute l'année. Un peu plus modestes que leurs voisines provençales, elles ne comprenaient pas de santons à profusion, mais simplement les personnages connus de la Nativité, dont Marie, Joseph, l’âne, le bœuf et Jésus. Des objets fabriqués souvent par les familles.
La tradition sacrée du repas entre le 24 et le 25 décembre
Le repas revêtait une grande importance dans la célébration de ces fêtes. C'est encore le cas à présent, mais d'une manière différente sans doute. Le 24 décembre au soir, on dressait une belle table par-dessus trois nappes de taille décroissante qui symbolisaient la Sainte-Trinité. On y installait une branche de houx, des lentilles plantées à la Sainte-Barbe et trois chandelles.
Lors du réveillon, il était fréquent de servir des plats à base de poissons et de légumes (anchois, morue, cardes ou encore tourte de blettes), sachant que le rituel voulait que le repas soit maigre. Le plus ancien de la tablée coupait le pain en trois morceaux, un pour les convives, un autre était placé dans une armoire pendant un an, tandis que le dernier représentait la part du pauvre.
On mettait également un couvert supplémentaire, au cas où un infortuné invité viendrait frapper à la porte. L'assiette ainsi dressée pouvait aussi correspondre à un hommage aux défunts de la famille, puisqu'en niçois "lou paure" veut dire à la fois pauvre et mort. On tenait aussi ce vœu traditionnel : "à l’an que ven, se sian pas mai que siguen pas men", soit "à l’année prochaine, si nous ne sommes pas plus que nous ne soyons pas moins".
L'incontournable messe de minuit
Après quoi, tout le monde allait à la messe de minuit, une fois relevé les coins des trois nappes superposées. Un geste qui devait empêcher le diable de monter sur la table pour dévorer les treize desserts, qui étaient dégustés au retour de la cérémonie religieuse.
Le lendemain, on savourait le "gros soupà" au déjeuner. On mangeait alors des viandes de toutes sortes et "lou trula", le fameux boudin aux herbes du pays. Le soir du 25 décembre, on terminait les restes ou on se préparait un bouillon avec du thym, du romarin, de l'origan, de la sauge et quelques gousses d’ail : "l’aiga boulida". Bien sûr, on retirait les nappes après chaque festin.
On faisait ainsi durer les fêtes de Noël jusqu'au 6 janvier. Ensuite, le sapin était mis à nu puis brûlé dans les cours des habitations.