Alors que Christian Estrosi a proposé aux fidèles de mobiliser une grande salle pour fêter l’Aïd El-Fitr, les fédérations du culte musulman ont décliné l'offre. Des tensions sur fond de conflit israélo-palestinien et de prises de position contestées, qui ne datent pas d'hier.
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Le mois de jeûne du ramadan touche à sa fin, célébré ce mercredi 10 avril avec l'Aïd El-Fitr. Un évènement qui rassemble près de 10.000 fidèles dans la capitale azuréenne.
Pour que les festivités se passent dans les meilleures conditions, craignant notamment des prières de rue, le maire Christian Estrosi (Horizons), a proposé aux fédérations du culte musulman de louer, comme cela se fait depuis plusieurs années, une grande salle.
L'an passé, tout avait été organisé au palais Nikaïa. Un évènement qui avait été facturé 23.000 euros pour la location.
Acte I , la "main tendue" du maire
Dans un communiqué publié ce lundi, l'édile souhaitait assurer un office religieux "dans des conditions dignes au sein d'une grande salle à Nice".
Il soulignait la nécessité de rassembler "les divers courants de pensée dans le respect des valeurs républicaines", afin "d'éviter la prolifération passée des lieux de culte dans les quartiers", ainsi que "les prières de rue".
De son côté, le Rassemblement national local, par la voix du député Bryan Masson, pointait du doigt "un clientélisme indécent qui vise à acheter des voix en nourrissant le communautarisme religieux" de la part du maire.
Et l'élu du parti à la flamme de reprocher à certains représentants du culte dans les Alpes-Maritimes d'avoir soutenu une librairie accusée d'islamisme, et de s'être opposés à la fermeture d'un établissement scolaire privé dont les financements posent question.
Acte II, le refus des associations du culte musulman
Après cette proposition du maire, les trois fédérations du culte opposent un non clair et net.
Pour Otmane Aissaoui, imam et président de l’Umam, principale organisation qui dirige six mosquées (L’Ariane, Bon-Voyage, Saint-Roch, Nice-Nord, à La Madeleine et aux Moulins), ces initiatives ont été proposées "en dernière minute" et "sans concertation" de longue date.
Un climat de tension qui se poursuit donc, après plusieurs désaccords entre la municipalité et la communauté. L'imam a ainsi indiqué à l'antenne de notre partenaire BFM Nice Côte d'Azur mardi soir que les fidèles de Nice "n'avaient pas le coeur à la fête". En cause, le conflit israélo-palestinien et les récentes prises de position de Christian Estrosi, fervent défenser d'Israël, sur cette question.
L'homme de foi a également boycotté la réunion proposée le matin-même. La présence d'un drapeau israélien sur le fronton de l'Hôtel de Ville en serait notamment la cause.
Ce malaise ne date pas d'hier. Plus généralement, à l'échelle de la ville dans son entier, Otmane Aissaoui regrettait dans Nice-Presse en 2020 le fait que "les musulmans de Nice vivent un climat très inquiétant".
Acte III, "ces imams racontent des salades"
Après ce refus, l'édile a tenu à répondre. "80% des musulmans ne se laissent pas instrumentaliser par les imams. Ils racontent des salades. Moi, je parle à la communauté musulmane niçoise", a-t-il fait savoir dans les colonnes de Nice-Matin.
Il poursuit : "Je suis totalement serein. Je suis, depuis 2008, le maire de tous les Niçois et Niçoises quelles que soient leurs origines et leur religion. Qu’ils fêtent Ramadan, Pessah comme les juifs ou Pâques pour les catholiques. Moi, en tout cas, je ne fais aucune différence : ils sont tous citoyens de la République".
Christian Estrosi a également proposé de renouveler cette opération, et même de "l'agrandir jusqu’au stade Charles-Ehrmann pour que tous les musulmans niçois puissent prier dans la dignité à laquelle je suis attaché. Ceux que je connais m’ont dit bravo…"