Christian Estrosi annonçait le 9 février que le conseil municipal va être amené à débattre d'une mesure radicale qui reviendrait à une forme d'interdiction des locations Airbnb. Des usagers évoquent des "abus d'illuminés", tandis que la plateforme américaine ne se prive pas, de son côté, de torpiller la politique de la Ville de Nice.
Du 1er novembre 2022 au 1er octobre 2023, Nice a reçu 4,1 millions d’euros du site de réservations en ligne, au titre de la taxe de séjour. Preuve que notre cité est devenue, avec les années, un eldorado pour ce marché. Mais jusqu'à quand ?
Depuis deux ans, les propriétaires qui entendaient faire louer leur appartement de cette façon devaient obtenir l'accord de leur copro. Dans 70% des cas, ces demandes étaient refusées, d'après la municipalité. Un dispositif que le tribunal administratif retoquait fin janvier. La Ville a fait appel, tout en travaillant à des textes plus sévères encore.
La collectivité évoque, pour l'expliquer, les nuisances engendrées, les pertes pour le secteur hôtelier et l'impact de ces plateformes sur le logement.
Vendredi, Christian Estrosi annonçait qu'il "envisage d'imposer aux propriétaires le principe de la compensation dès la première location". Une arme lourde contre ce marché, puisqu'il s'agirait d'obliger les loueurs à acquérir un second bien pour le placer en location de longue durée.
Et ça, le Maire le revendique : "une telle mesure, que nous évoquerons lors du prochain conseil municipal, ferait que plus personne ne trouverait intéressant de faire du Airbnb à Nice".
D'autres très grandes villes mettent aujourd'hui l'application dehors. New York, gouvernée par le démocrate Eric Adams, a prononcé l'an passé à son endroit une interdiction de fait, en prohibant les annonces inférieures à trente jours.
L'éventualité de nouvelles restrictions fait réagir. Notamment du côté de l'Union des professionnels de la location touristique, juste après la publication de notre article.
L'UPLT note ainsi : "(Christian Estrosi) peut toujours tenter… Notre union et le SPLM (Syndicat des Professionnels de la Location Meublée, ndlr) seront là. Nice n'est pas New York et la France est un pays qui protège les droits fondamentaux contre les abus des illuminés qui ne prennent de décisions que par orgueil. À bientôt au tribunal !"
Les relations ne sont pas bien meilleures entre la municipalité niçoise et la plateforme internationale. Alors que les sites américains sont habitués à une communication positive jusqu'à l'excès, Airbnb dégainait la sulfateuse contre l'équipe de Christian Estrosi l'an passé, preuve que les enjeux financiers sont hautement stratégiques sur notre territoire.
"La crise (du logement) à Nice est majoritairement liée à un déficit d’offre, résultat de choix urbanistiques privilégiant le tout-tourisme, au détriment du logement des habitants", estimait ainsi le géant états-unien, rejetant la faute sur la Mairie.
Airbnb poursuivait en évoquant "les projets de construction de nouveaux hôtels, alors même que le territoire est très en retard sur ses obligations de construction de logements abordables pour la population".
Rappelant que "la métropole niçoise a été condamnée à une amende de 1,2 million d’euros pour manquement à ses obligations de construction de HLM", la société américaine pointe aussi du doigt les maisons et appartements "vacants, qui représentent près de 14% du parc actuel". Une série de tacles rarissimes.