Mercredi, le Tribunal Administratif de Nice a ordonné à la Ville de procéder, sous trois mois, au rétablissement des deux voies de circulation sur le quai des États-Unis et au Port Lympia. Le maire ne compte pas le faire.
C'est un comité de riverains du Port qui avait saisi le tribunal administratif niçois pour contester des arrêtés pris par la municipalité. Ces derniers concernaient le sens de circulation sur le littoral.
Pour rappel, en 2020, la Ville avait pris la décision de supprimer l'une des voies automobiles dans le secteur : le collectif contestait cette mesure, et, depuis quatre ans, il menait un combat visant à rétablir la situation antérieure. Mercredi 21 février, le T.A. lui a donné raison, notamment parce que seul l'Etat aurait dû être décisionnaire sur ce dossier, a-t-il été interprété.
Suite au verdict, la Ville dispose de trois mois pour se mettre en conformité avec ces exigences, mais d’ores et déjà, on sait qu’elle n’a pas l’intention de modifier son plan de route. Christian Estrosi a affirmé sur le réseau social Threads qu’il ne "remettrait pas à deux voies de circulation malgré le jugement".
"Pour le bien des habitants"
Expliquant son choix, l’édile "critique l’État qui admet qu’on puisse empêcher les maires d’aménager leur ville ou leur village comme ils l'entendent pour le bien de leurs habitants, aménager leur commune, conformément à leur programme."
Le président de la Métropole a poursuivi sa justification en affirmant qu’il avait "fait de Nice une ville verte saluée par tous. Et là, sur le bord de mer, on va m’enlever des pistes cyclables pour y mettre des voitures", déplore-t-il.
Il faut également préciser que la pollution est aggravée en bord de mer quand la fréquentation automobile est trop dense. Appliquer la décision de justice aurait donc un impact significatif sur la qualité de l’air.
La zone cyclable du Quai des États-Unis est plébiscitée par les Niçois. Elle a vu passer 815.000 cyclistes en 2023, soit une progression de 6% par rapport à 2022 ! "C’est l'une des plus fréquentées de notre territoire" d’après la capitale maralpine.
D’ailleurs, afin de montrer sa détermination sur le sujet, le vice-président d’Horizons prévoit "une action d’envergure" avec "une grande manifestation sur la chaussée" en compagnie de tous les citoyens"qui ne souhaitent pas ce retour en arrière", comme il l'a confié à Nice-Matin.
L'opposition écologiste a apporté son soutien à Christian Estrosi, estimant que le Tribunal administratif a pris une "décision désastreuse. Ce quai des Etats Unis était une belle et agréable promenade. Retour donc au royaume de la bagnole et des années 1980". Sans pour autant se prononcer sur l'éventualité de passer outre la décision de justice.
Ancien patron de l’opposition socialiste entre 2008 et 2020, Patrick Allemand a lui aussi livré son point de vue sur les événements, principalement sur l’attitude du Maire plus que sur la décision du tribunal, qu’il juge "assez incompréhensible".
"Cette posture est totalement incompatible avec le rôle et les missions" d’un élu, estime-t-il dans un courrier, saisissant le Préfet des Alpes-Maritimes Hugues Moutouh.
"C'est un exemple catastrophique pour la jeunesse. Il nourrit l'idée d'une justice à deux vitesses où les 'puissants' bénéficieraient d'une certaine impunité."
Reste à voir, dans les prochaines semaines, si la collectivité compte faire appel, et la justice décider de mesures de rétorsion.