Dans un ouvrage intitulé Je ne regrette rien, Éric Ciotti revient sur sa décision de s’allier au Rassemblement national. Un an après ce choix controversé, il défend une vision décomplexée d’une droite recomposée, « fidèle à ses racines locales, mais déterminée à casser les codes établis ». Ce qu’il faut retenir de cet échange avec Nice-Presse et Direct Azur.
SYNTHÈSE. Pour le président de l’Union des droites pour la République (UDR), il ne s’agit pas de se justifier, mais d’expliquer un « choix historique », pris dans un contexte politique tendu. Il dénonce l’immobilisme d’une classe politique « sidérée » par la dissolution surprise décidée par Emmanuel Macron, et estime que ceux qui ont refusé l’union de la droite ont « participé au chaos ».
Un choix « historique » qu’il assume pleinement
Éric Ciotti justifie son virage stratégique par le sentiment d’un pays en déclin : crise sécuritaire, immigration incontrôlée, croissance atone. À ses yeux, la droite classique ne pouvait plus gagner seule. « Qui peut dire que la France va mieux depuis l’an passé ? » interroge-t-il, accusant ses anciens alliés d’avoir préféré le confort à l’audace.
Il affirme que cette alliance, loin d’être opportuniste, a été saluée localement, notamment à Nice où l’UDR a remporté les trois différentes circonscriptions. « Ma seule légitimité, je la tiens des électeurs », insiste-t-il.
🔵 « Avec vérité et liberté » Eric Ciotti dresse le bilan, un an plus tard, de son alliance avec le RN. « J’assume tout et je ne me justifie de rien ! »: il est l'invité vidéo de @NicePresse et Direct Azur 📸#Nice06 @eciotti
— Clément Avarguès (@ClementAvargues) June 2, 2025
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Une fracture nationale, mais pas locale
Si Ciotti cible sans ménagement les élites parisiennes des Républicains, il se montre plus mesuré envers les LR locaux. Il souligne leur accord sur les fondamentaux, malgré des fidélités partisanes différentes. Et revendique leur bilan commun au conseil départemental : pas de hausse récente des taxes, réduction de la dette…
Dans son ouvrage, Ciotti assure qu’il était déjà convaincu adolescent de l’intérêt d’unir les droites, mais dit avoir été longtemps empêché par un « système » verrouillé. Après l’échec de la présidentielle de 2022, il décide de franchir le pas, jugeant le moment venu.
Face à ceux qui voient en lui un simple relais de Marine Le Pen, il se défend : « Je ne suis le supplétif de personne » et défend une alliance dans l’indépendance, avec un parti, un groupe parlementaire et une ligne économique distincts du RN. Pour lui, les « véritables supplétifs » sont ceux qui ont rejoint Emmanuel Macron.
Islam et République : une position nuancée
Interrogé sur la compatibilité entre islam et République, Ciotti rejette les propos radicaux tenus par le RPR dans les années 1990 : « L’islam est compatible avec la République, comme toutes les religions, pour autant qu’elles se soumettent à la Loi ». Il met toutefois en garde contre certaines pratiques visibles dans l’espace public qui « heurtent les Français ».
Des blessures personnelles, de Nice à la tempête Alex
Ciotti évoque dans le livre deux épisodes profondément marquants : l’attentat du 14 juillet 2016, où un citoyen lui demande ce qu’il a fait pour empêcher le drame, et la tempête Alex, dont les ravages dans son village natal restent gravés dans sa mémoire. Ces événements ont renforcé sa conviction sur la nécessité d’une politique plus ferme en matière de sécurité et de prévention.
Le président de l’UDR n’élude pas les tensions avec le maire de Nice, Christian Estrosi, qui l’a comparé aux collaborateurs de Vichy. Ciotti allègue qu’Estrosi aurait, dans le passé, bénéficié d’accords implicites avec le FN. « Qu’il joue à ‘Papy fait de la résistance’ ne me semble pas crédible », lance-t-il.
Il se montre également virulent envers le système médiatique national, qu’il compare à un « clergé » de la pensée unique. Tout en rendant hommage à Vincent Bolloré, qui aurait, selon lui, brisé l’hégémonie idéologique en ouvrant de nouveaux espaces de parole.