Municipales 2026. Coulée verte, « plan vélo », Plaine du Var, surtourisme… Tête de liste pour la gauche écologiste (Verts-PS-PCF), Juliette Chesnel-Le Roux dresse son bilan de l’équipe sortante dans Nice-Presse Dimanche.
Vous êtes très critique au sujet de l’agrandissement de la Coulée verte, le grand jardin du centre-ville. Pourquoi ?
Sur une dalle de béton, on ne plante pas une « forêt urbaine ». Ce sera un beau jardin, et tant mieux. Mais c’est aussi un projet qui concentre les moyens sur la carte postale, comme toujours. L’écologie, ce n’est pas un ruban vert, c’est une véritable politique à mener, avec des arbres partout, la rénovation thermique des écoles, des équipements, des logements, et des transports efficaces jusque dans les quartiers.

Richard Chemla parle de « transition apaisée » pour éviter l’écologie punitive, et d’une végétalisation massive de la ville. Ce n’est pas suffisant ?
Il concentre l’effort pour le centre, sur l’image. C’est très bien que le cœur de Nice soit beau, mais cette ville, ce n’est pas que la Coulée verte et la Promenade des Anglais. C’est l’Ariane, Pasteur, les Moulins, la Madeleine… Dans ces quartiers, il y a peu d’ombre, peu d’arbres, des cours d’école bitumées, des fontaines rares et des toilettes publiques quasi inexistantes. Alors oui, c’est peut-être moins vendeur sur un programme, mais l’écologie, c’est un travail de fond. En équipant réellement tous les quartiers de la même manière…
Sur la qualité de l’air, la majorité affirme que la situation s’améliore nettement. L’expert indépendant AtmoSud partage ce constat. Et vous ?
Je veux bien entendre des chiffres, mais les habitants du boulevard René-Cassin respirent du kérosène toute la journée. Montez à l’Ariane en plein été, et dites-moi si l’air y est « conforme ». Nos infrastructures ne nous aident pas, avec une autoroute quasiment urbaine, une voie rapide, un port et un aéroport en cœur de ville. Et demain, quatre-vingt vols supplémentaires par jour prévus avec l’extension du terminal 2… Il faut impérativement faire respecter le couvre-feu de 23h à 6h, et en finir avec les jets privés. Ce sont des mesures de santé publique.
Comment concilier tourisme et écologie ?
On commence par arrêter la course aux marchés lointains, puis on relance les trains de nuit. Il est important d’équilibrer la fréquentation vers les vallées et villages de notre territoire, qui sont d’une richesse insoupçonnée. Quand on voit certains touristes rester cloîtrés dans un hôtel 5 étoiles sous la climatisation… Le visiteur doit vivre la ville et la métropole. C’est mieux pour le climat et bien meilleur pour l’économie locale.
Et sur le logement, que faire ?
À Nice, on a encore énormément de passoires thermiques, et pourtant on n’investit pas assez dans l’isolation, dans l’accompagnement des copropriétés. La mairie subventionne les ravalements de façades, parce que notre ville est belle et veut le rester. Cinq ans après, on finit par se dire qu’« on aurait dû isoler en même temps ». Ça n’a pas de sens. C’est la politique de la carte postale. On investit dans ce qui est beau, pas dans ce qui est utile. Et pourtant, c’est en isolant les bâtiments que l’on réduit vraiment les émissions de gaz à effet de serre.
Vous attaquez souvent le développement de la Plaine du Var. Que feriez-vous autrement ?
Il y avait un engagement pour limiter l’urbanisation. Hors, en un an, 30 % de ce quota serait déjà consommé. Le secteur est inondable, c’est aussi un réservoir agricole. Nous voulons stopper l’artificialisation des sols, installer des agriculteurs, et accélérer le « Plan alimentaire » territorial pour réduire notre dépendance. Sur notre territoire, nous n’avons qu’un à deux jours d’autonomie alimentaire, c’est inquiétant.
En cette fin de mandat, que retenir du « Plan vélo » de la Métropole ?
Le « Plan vélo » prévoyait 160 kilomètres de pistes cyclables, nous n’avons même pas atteint la moitié. Et on défait parfois ce qui existait ou ce qui était prévu. Pire, au niveau de la place Jeanne-d’Arc, où une piste prévue n’a pas été réalisée, à cause de Gaël Nofri, qui estime que l’on peut faire du vélo sur la route. La loi d’orientation des mobilités impose d’intégrer le vélo à chaque chantier de voirie. Appliquons-la.
Sur les bus, les lignes actuelles sont-elles suffisantes ?
Nice est une ville avec des collines. On ne va pas promettre des bus toutes les cinq minutes 24 heures sur 24 dans les hauteurs, ce serait malhonnête. Mais en ville, on doit aller plus vite. C’est là que l’effort doit être porté.

Souhaitez-vous remettre l’idée des téléphériques sur la table ?
Le téléphérique entre Nice et Saint-Laurent-du-Var était un excellent projet. C’est l’un des moyens de transport les moins coûteux au kilomètre, et ça fonctionne dans des métropoles comme Brest, ou à Medellín (Colombie). Cela permettrait de désengorger la voie Pierre Mathis. Plus largement, on doit identifier d’autres zones, notamment sur les collines. Ce ne sera pas simple, il y a des contraintes paysagères et environnementales. Mais on doit étudier ceci sérieusement. La différence avec nous, c’est que nous concerterons la population avant, pas une fois que le projet sera ficelé.
La gratuité des transports, que vous proposez, doit être financée. Comment faire ?
Par des choix politiques. On ne peut pas dire, « on veut la gratuité », mais consacrer des centaines de millions à des projets inutiles. La politique, c’est faire des arbitrages, c’est parfois dire « non ».
Pour lesquels ?
Par exemple, le projet d’immense palais des congrès et d’expositions. Et puis, la nouvelle patinoire telle qu’elle est envisagée. Nous avons déjà une patinoire, vétuste certes, mais qui mérite d’être rénovée en priorité. En termes d’écologie, difficile de faire pire que son état actuel. Elle fuit, elle consomme énormément, elle est indigne. Il faut quelque chose de moderne, mais adapté, rénové, pas forcément un méga-équipement de 12.000 places (réduit à 5000 places après les JO, ndlr) alors que l’actuelle, de 1000 places, est à peine remplie.
La politique sportive ne vous convient pas. Pourquoi ?
Il y a deux modèles. Celui du marketing sportif, avec des épreuves internationales : l’Ironman, le Tour de France… Et celui de la santé publique et du « sport pour tous ». Nice privilégie le premier. On accueille des athlètes du monde entier, on pose des podiums sur la Promenade des Anglais, c’est beau, ça brille… Mais les jeunes niçois manquent de terrains, de salles, de vestiaires dignes de ce nom.
Allez voir le STADIUM ou certains gymnases de quartier. On n’entretient pas. Dans des villes comme Toulouse ou Strasbourg, il y a trois fois plus d’équipements sportifs publics. Nice est en retard, et ça se voit sur le terrain !
Le grand Palais des Sports prévu en lieu et place de la caserne Auvare, vous êtes contre ?
Nous sommes favorables à un Palais des Sports, comme dans toutes les grandes villes. Mais pas avant de rénover et équiper les quartiers. Nos clubs amateurs en ont vraiment besoin.




D accord avec vous Madame Chesnel-Leroux :: la non application par la municipalité de la loi d orientation des Mobilités (LOM) explique la réalisation de moins de 50% des pistés cyclables inscrites dans le plan vélo de la ville de Nice. Vous citez place Jeanne d arc, mais il y a aussi Riquiez, Cimiez, traverse Barla…
Mais pourquoi n agissez vous pas au lieu de seulement dénoncer ? Pourquoi ne portez vous pas ces manquements à la loi devant le Tribunal Administratif ? Partout en France où cela a été fait, la loi a été dite. Marseille est l exemple le plus près de chez nous.