Faits divers - Une jeune femme de 19 ans, étudiante à l'université de Corte, a été abattue par balles samedi soir alors qu'elle se trouvait au volant d'un véhicule en Haute-Corse. Tout laisse à penser qu'elle a été prise pour cible par erreur, un drame qui ravive le débat sur la lutte contre la criminalité organisée sur l'île.
La victime a succombé à ses blessures "alors qu'elle était seule à bord du véhicule habituellement utilisé par son compagnon", dans le village de Ponte-Leccia, commune de Morosaglia, a précisé dans un communiqué Jean-Philippe Navarre, procureur de la République de Bastia.
"Aucune hypothèse ne peut être totalement exclue ni privilégiée à ce stade, mais tout indique que la victime n'était pas la cible initiale des tireurs, dans un contexte qui rappelle fortement les agissements de la grande criminalité organisée", a-t-il ajouté.
Une voiture incendiée a été retrouvée à une vingtaine de kilomètres de là, sur la commune de Tralonca, sans qu'un lien avec l'homicide n'ait pu être établi à ce stade, selon le parquet de Bastia.
"Cette violence impardonnable a coûté hier la vie d'une jeune étudiante de l'université de Corte", ont dénoncé dans un communiqué conjoint les préfets de Corse et de Haute-Corse.
"Il s'agit du troisième homicide enregistré en Corse depuis le début de l'année 2025, dans un climat de violences perpétrées par des groupes liés au crime organisé", ont rappelé Jérôme Filippini et Michel Prosic, condamnant cet acte "avec la plus grande fermeté".
"La répétition de ces assassinats est devenue insoutenable", a réagi la section corse de la Ligue des droits de l'Homme, appelant à "ne pas laisser notre jeunesse livrée à cette banalisation de la violence dont elle est souvent la première victime".
L'enquête pour homicide volontaire en bande organisée a été confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (Jirs), a indiqué le procureur de Bastia.
"Face à cette tragédie indicible, l'heure est au deuil et à la compassion. Mais très vite, nous devrons collectivement réaffirmer notre refus des dérives mafieuses, qui menacent d'anéantir les espoirs et les vies de notre peuple et de nos enfants", a déclaré sur X Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse.
Fin janvier, les plus hauts représentants de l'Etat en Corse avaient convié ce dernier, ainsi que Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse, à une "réunion de travail" sur la criminalité organisée.
"Je reviendrai sur cette invitation lors de la session spéciale sur les dérives mafieuses de l'Assemblée de Corse le 27 février", avait précisé M. Simeoni au début du mois.
Depuis la fin 2024 et le meurtre d'un jeune pompier dans un bar fréquenté par la jeunesse ajaccienne, ainsi que plusieurs règlements de comptes en Haute-Corse, les appels se multiplient pour sortir du cycle de violences qui ensanglante l'île depuis des années.
Un autre homicide a été recensé à Borgo (Haute-Corse) dans la nuit du 7 au 8 février 2025, mais dans un contexte familial, sans lien apparent avec la criminalité organisée.
Avec "18 homicides et 16 tentatives d'homicide" en 2024 pour une population de 355.000 habitants – l'équivalent de celle de Nice –, la Corse reste "au premier rang national" en matière de criminalité, a rappelé récemment Jérôme Filippini.
(Avec AFP)