Interview - Le port du masque est prolongé dans le département des Alpes-Maritimes jusqu'au 16 novembre. Une décision prise par la préfecture alors que les indicateurs sanitaires semblent être "à l'arrêt".
La campagne de vaccination pour la troisième dose peine à progresser. Emmanuel Macron s'exprimera d'ailleurs mardi devant les Français.
Michèle Guez, directrice adjointe à la délégation maralpine de l'ARS (Agence régionale de santé) met l'accent sur "une situation favorable" mais préconise la "vigilance".
1 - Où en est la circulation du virus chez nous aujourd'hui ?
Il circule encore, il ne faut pas l'oublier. Mais la situation s'est grandement améliorée depuis le mois d'août, où nous avions presque 700 cas en moyenne pour 100.000 habitants.
Aujourd'hui, ce taux d'incidence est beaucoup moins inquiétant : nous sommes à 63 cas.
Toutefois, depuis la mi-octobre, nous sommes sur un plancher, c'est-à-dire que les chiffres stagnent. Dernièrement, il y a eu un petit frémissement, avec un passage de 59 à 63 cas de moyenne.
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Même chose pour le taux de positivité. Nous étions à 1.3%, on est remonté à 1.5%.
En comparaison, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur est à 1,9 et la moyenne nationale est à 2. Il ne faut pas s'inquiéter.
2 - Et par rapport à l'année dernière ?
La situation est bien plus favorable, c'est indéniable.
Quand vous regardez les chiffres actuels, rien ne justifie la mise en place d'un confinement, alors que c'était le cas il y a un an.
Il faut dire que la campagne de vaccination a beaucoup aidé à maîtriser les choses. Aujourd'hui, 86% des résidents de notre département sont vaccinés avec deux doses.
"Rien ne justifie un nouveau confinement, mais il faut rester prudent"
Michèle Guez
Le taux peut même monter à 93% si on y ajoute les propriétaires de résidences secondaires qui ont reçu leurs injections alors qu'ils séjournaient temporairement dans les Alpes-Maritimes.
Il y a aussi la tension hospitalière qui s'est améliorée. Les patients des établissements de santé étaient atteints de formes graves du Covid (l'an passé, ndlr). Les vaccins ont justement pu lutter contre ces variations et ainsi permettre de limiter les hospitalisations.
3 - Pourquoi la situation stagne-t-elle dans les Alpes-Maritimes ?
C'est assez compliqué à expliquer précisément. Mais c'est sans doute à cause de notre position géographique.
On est un territoire frontalier, on a des communications routières, ferroviaires, maritimes et aériennes avec d'autres régions et d'autres pays. L'aéroport de Nice est tout de même le deuxième derrière ceux de Paris.
Tout cela favorise les flux. Le virus circule avec les personnes. C'est une hypothèse.
4 - Une flambée épidémique est-elle possible avec les fêtes de fin d'année ?
C'est une possibilité qu'il ne faut pas exclure. Les flux humains favorisent le déplacement du virus.
Il faut aussi garder en tête que plusieurs études ont démontré que le Covid-19 a tendance à beaucoup se développer et se transmettre à basses températures. Et comme en hiver les activités en intérieur sont nombreuses, la maladie est plus transmissible.
"Les températures basses et les déplacements favorisent la circulation du virus"
Michèle Guez
Même si la situation est peu alarmante, il faut quand même garder les bons réflexes avec les gestes barrières. La vaccination continue de faire son oeuvre également.
5 - Où en est-on avec la campagne concernant la troisième dose de vaccin ?
Cette troisième dose, qui est un rappel, est pour le moment uniquement accessible aux plus de 65 ans. Actuellement, ils sont 96% a avoir reçu leurs deux injections, mais seulement 26% d'entre eux ont eu la troisième.
C'est assez peu, mais nous mettons l'accent sur cette campagne grâce à plusieurs moyens. On s'appuie sur les centres de vaccinations, mais aussi sur les professionnels de santé situés en ville.
Pour des personnes âgées, c'est plus facile et plus rassurant de consulter son médecin traitant ou l'infirmière qu'ils ont l'habitude de voir. Ça peut les encourager à demander l'injection.
On se base aussi sur des équipes mobiles qui viennent vacciner à domicile. Il y aura bientôt une réunion avec les maires pour identifier les besoins de vaccination directement chez les personnes. On va se baser sur le registre des sujets isolés mis en place depuis la canicule de 2003.
Ce n'est pas forcément comme pour les deux premières doses où nous avions des objectifs chiffrés à des dates précises, là nous avons juste un besoin de progression globale, surtout chez les octogénaires.