Vice-présidente du Département, Anne Sattonnet (Les Républicains) évoque dans nos colonnes son attachement à Vence, chef-lieu du canton dans lequel elle est élue depuis plus de quinze ans, tout en revenant sur sa proximité avec David Lisnard, ses dossiers en cours et sa vison… contrastée de la Métropole Nice Côte d'Azur. En route vers 2026 ?
- Dossier spécial Vence - Plein zoom sur nos communes des Alpes-Maritimes, au plus près du terrain : reportages, portraits, interviews… Les réussites de nos territoires, portées par leurs figures locales.
On vous voit très active au sein de votre canton, au côté du président des Alpes-Maritimes Charles Ange Ginésy. Quelles sont vos missions au Département, vos dossiers du quotidien ?
Avec Charles Ange, nous représentons aujourd'hui 47 communes avec ce canton qui fut redécoupé en 2015, avec le retrait de La Gaude et l'ajout notamment de Guillaumes, Péone et de la station de ski de Valberg, dont je gère depuis peu le syndicat mixte. Depuis 2015, je suis vice-présidente du Conseil départemental. À l'époque, j'étais en charge des collèges et du handicap. Depuis 2021, je suis responsable des risques et de l'aménagement de notre territoire.
"Vence fait partie de la Métropole. Une décision qui lui a fait perdre une grande part de son autonomie…"
Le 06 cumule absolument tous les risques : des avalanches aux tsunamis, en passant par les incendies, les séismes, les chutes de blocs, les inondations et les risques sociaux, comme le drame que nous avons connu sur la Promenade des Anglais.
Quels sont les projets portés par le Département sur la commune de Vence, chef-lieu du canton ?
Vence s'apprête à accueillir la Maison du Département, un projet d’envergure que nous allons implanter avenue de la Résistance, en face du Monoprix. Ce nouveau pôle regroupera tous les services et ouvrira ses portes au deuxième semestre 2026. Comme à Grasse et Menton, le centre offrira un accompagnement complet aux habitants.
Que ce soit pour trouver une assistante maternelle, une crèche, un accompagnement pour une personne en situation de handicap, ou encore une aide sociale pour les seniors : le rôle central Vence sera renforcé.
Nous avons également élaboré un programme complet de rénovation de l'école Freinet, qui débutera en 2026. C'est un bien départemental, les bâtiments nous appartiennent. C’est aussi un site historique classé, ce qui implique que l’on ne peut y effectuer de travaux sans suivre des contraintes patrimoniales strictes.
Cette rénovation respectera l’héritage de Célestin Freinet, en préservant l’esprit et les valeurs pédagogiques qui ont fait la renommée de l’établissement.
"Commerçants et habitants me demandent de me lancer"
Par ailleurs, le Département va également intervenir sur la caserne des pompiers. Nous en sommes actuellement à l’étape du concours d’architecte, et le cabinet en charge sera choisi dans les semaines à venir.
Les travaux débuteront cette année, pour une livraison prévue au deuxième semestre 2026 ou au premier semestre 2027. Il s’agira d’une reconstruction complète, elle sera nettement agrandie, et mise aux normes actuelles.
Les prochaines élections municipales, en 2026, approchent à grands pas ! Certains vous prêtent des intentions…
En tant que conseillère départementale, je travaille au plus près des communes de notre canton et évidemment de Vence, où je réside personnellement, depuis de nombreux années. Les Vençois me connaissent et savent que je suis pleinement engagée à leurs côtés.
Même lorsque j’étais dans l’opposition, je suis toujours restée pour défendre leurs intérêts. Je ne vous cache pas que je suis très sollicitée au quotidien par les habitants ou les commerçants, qui me demandent de me présenter. J’entends leur malaise et leurs inquiétudes pour leur ville. Je répondrai à leurs sollicitations… le moment venu.
"L’adhésion à la Métropole a été une erreur historique"
Pourquoi Vence a toujours été si spéciale à vos yeux ?
Elle est exceptionnelle, par sa situation géographique, son patrimoine, son histoire et sa superficie, qui s'étend sur 4000 hectares, de 250 à 1.000 mètres d’altitude, avec quatre cinquièmes de son territoire classés en zone naturelle. C'est une ville riche de liens sociaux très forts, à taille humaine, qui se distingue par sa position dans le Moyen-pays, à l’écart du littoral, à l'image de Grasse.
Cette singularité en fait un pôle de centralité, en tant que ville-cheffe de canton. Les communes alentours, comme Coursegoules, Tourrettes-sur-Loup ou Saint-Paul dépendent de Vence pour de nombreux services comme son lycée, son cinéma ou ses supermarchés. C’est ici que l’on se déplace pour accéder aux infrastructures essentielles.
Mais malheureusement, Vence fait partie de la Métropole… Une décision qui lui a fait perdre une grande part de son autonomie.
Que reprochez-vous à la Métropole niçoise ?
En matière de transports, nous sommes le "parent pauvre" de cette interco. Nous finançons la Métropole de manière considérable, mais le retour sur investissement est quasi inexistant !
Un exemple frappant : en 2016, nous disposions d’une ligne de bus reliant Vence à Carros, qui a été supprimée. Pourtant, Carros est le premier bassin d’emploi du département, et il est invraisemblable que Vence ne dispose pas d’un transport régulier vers cette zone industrielle.
L’adhésion à la Métropole a été une erreur historique, et je l’ai dénoncée dès le départ. J’ai même saisi le Conseil d’État pour m’opposer à cette décision absurde. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus en sortir.
Contrairement à Sophia Antipolis, où les communes conservent encore leurs compétences en matière d’urbanisme et de tourisme, dans la Métropole, tout a été centralisé. Nous n’avons plus la main sur le développement économique, l’urbanisme, les parkings… Une quantité invraisemblable de compétences a été transférée de manière obligatoire, privant les maires de leurs prérogatives essentielles.
L’intercommunalité devait être un outil au service des communes, mais elle est devenue une supracommunalité, où la ville-centre impose ses décisions aux autres communes. Nous en avons encore récemment eu un exemple flagrant !
Lequel ?
Christian Estrosi a unilatéralement interdit l’accès des grands navires de croisière sur le littoral de la Métropole, à Villefranche-sur-Mer. Peu importe que l’on soit d’accord ou non sur le fond, la méthode est inacceptable !
Un maire ne peut pas imposer à un autre une décision aussi lourde de conséquences pour sa commune. L’indépendance des communes et la liberté d’un élu doivent être respectées par la Métropole. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Nous devons rendre aux maires leur capacité financière et décisionnelle, afin qu’ils ne soient plus réduits à dire : "Ce n’est pas moi, c’est la Métropole".
Vence doit se faire respecter. En tant que quatrième ville du territoire et contributeur important aux finances, elle ne peut pas être traitée comme une simple commune secondaire.
Quand Christian Estrosi demande aux maires de signer une charte engageant chacun à voter tous les budgets à venir sans discussion, c’est invraisemblable ! En 2026, les maires devront être écoutés et respectés…
Vous avez depuis quelques années rejoint Nouvelle Énergie, le parti de David Lisnard, après avoir évolué parmi les centristes de l'UDI, puis parmi les Républicains. Pourquoi ?
C'est un parti libéral et humaniste, des valeurs qui me correspondent. Nouvelle Énergie représente l'avenir de la droite. Je connais bien David Lisnard. Nous avons été élus ensemble au Département. C'est un garçon brillant et pragmatique, avec une vision politique extrêmement complète.
David dispose d'un spectre très large : il peut vous parler à la fois d'éducation, d'écologie, de sécurité, de politique étrangère ou encore de finances publiques, ce qui est rare chez un homme politique !
Il a également pour crédo la performance publique, qu'il a mise en œuvre à Cannes de manière remarquable, aussi bien sur la gestion des finances que sur l'organisation du personnel.
Il se bat contre la bureaucratie. Ce qu'il a fait à l'échelle de Cannes, il peut le reproduire à l’échelle nationale. Je me suis donc mise à son service il y a quelques années. Il m'a demandé de prendre en charge le pôle des élus au niveau national. Aujourd'hui, je suis responsable de l’ensemble des élus du parti à travers le pays. Et ils sont de plus en plus nombreux !
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Pourquoi ne peut-on quitter la métropole???