L’État promet 500 nouvelles caméras à la cité phocéenne ? Un “cadeau” reçu sans enthousiasme apparent par la nouvelle municipalité de gauche qui avait promis d’en installer le moins possible.
Les caméras, ça coûte trop cher et ce n’est pas bien efficace. Voici, en bref, ce que portait la gauche marseillaise dans son programme des municipales 2020, promettant même d’imposer “un moratoire” sur ces équipements une fois aux responsabilités.
Depuis, la capitale provençale a vécu un été flingué, rythmé par les fusillades et la mort de victimes collatérales parfois très jeunes.
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Pour son grand déplacement marseillais ce mois-ci, le président de la République était venu avec un “cadeau” : 500 nouvelles caméras, en plus des 1.600 déjà en place. Moins d’un an après le début du moratoire… Dès le début de l’année, de toute façon, l’exécutif local lançait déjà les démarches correspondantes à de possibles nouvelles installations, au grand dam de certaines associations.
“C’est une histoire tristement classique : des promesses électorales, des élections, puis un volte-face éhonté. Le mistral a des relents de poisson d’avril” note par exemple Technopolice.
Une approche d’un autre type
Contrairement à Nice, qui compte quelques 3.370 objectifs, et où 64% de la population est favorable à l’installation de nouveaux, Marseille souhaite adopter une démarche davantage axée vers la “tranquillité des habitants” que vers la “sécurité pure”.
Yannick Ohanessian, l’adjoint en charge, s’est prononcé dans le journal Libération. Selon un audit interne (qui n’a pas encore été dévoilé), “à 90%, ce sont les incivilités du quotidien qui enquiquinent les Marseillais, les nuisances sonores, les dépôts sauvages” alors que “70% du travail des policiers municipaux, qui pilotent ces caméras, sert à informer leurs collègues de la police nationale”.
Il y a donc bien assez de caméras pour la Ville, surtout dans les zones chaudes : 25% du parc numérique étant consacré, à lui tout seul, aux quartiers Nord.
De même, “20 à 30% des caméras, soit environ 300, ont très peu ou pas été utilisées dans la dernière année en cours” souligne tout de même Yannick Ohanessian. Les sommes allouées pourraient donc davantage servir à un redéploiement des équipements, qu’à en installer réellement de nouveaux.
L’équipe en place, menée par Benoît Payan, est claire : elle ne basera pas, en tous les cas, sa politique sécuritaire sur un modèle de Smart City à la niçoise.
Marseille, qui est plus de trois fois plus vaste que Nice, devrait donc continuer de fonctionner avec deux fois moins de caméras. Big Brother n’est pas près de prendre l’accent phocéen.
Ce que pense l’opposition
L’important déploiement des caméras de vidéoprotection à Nice, cher à la mairie, n’est pas du goût de l’opposition. Les élus écolos pointent du doigt “le coût exorbitant” et l’ “efficacité très relative” de ce dispositif.
Une position également assumée par Philippe Vardon (RN). Le frontiste estime que les policiers municipaux “doivent être dans la rue, pas derrière des écrans de contrôle”.