Le militant défenseur des migrants Cédric Herrou a demandé mercredi au tribunal administratif de Nice de suspendre l'installation de caméras de surveillance dans son village de Breil-sur-Roya, à la frontière italienne, dénonçant une mesure "disproportionnée" et pour l'instant sans autorisation préfectorale.
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"Je ne suis pas contre les caméras, il y en a dans les supermarchés, sur les ponts, dans les tunnels", a expliqué après l'audience M. Herrou, qui en 2018 avait été à l'origine de la reconnaissance par le Conseil constitutionnel du "principe de fraternité", consacrant la "liberté d’aider autrui", dont les migrants, "dans un but humanitaire".
"Mais une caméra, cela touche aux libertés publiques et ce n'est pas un jouet. Il faudrait que le maire fasse ça dans les règles", a insisté le militant, sans accuser la municipalité de vouloir utiliser ces caméras contre les migrants.
Présent à l'audience, Sébastien Olharan, maire LR de ce village de moyenne montagne de 2.200 habitants, a pour sa part fait valoir qu'une demande d'autorisation était en cours d'examen à la préfecture et que les caméras étaient pour l'instant en cours d'installation et pas encore en service.
En juin, il avait pourtant annoncé dans une vidéo sur les réseaux sociaux qu'une dizaine des quelque 40 caméras prévues, conformément à une promesse faite lors de son élection en 2020, étaient déjà installées et "en état de fonctionnement".
Saisi en référé, le tribunal administratif n'a pas donné de date pour sa décision.
Au-delà des questions juridiques soulevées par les avocats des deux parties, le maire et le militant, qui s'invectivent régulièrement sur les réseaux sociaux et doivent se retrouver pour cela fin août devant le tribunal correctionnel, ont vivement débattu de l'intérêt de ces caméras après l'audience.
"Si vous estimez qu'on doit avoir d'autres priorités, présentez-vous aux élections"
Pour M. Herrou, ce projet, qui prévoit une caméra pour 55 habitants, constitue un gaspillage d'argent public dans une commune qui manquerait d'infrastructures pour les jeunes et où la délinquance se limite essentiellement à des violences intra-familiales.
Mais M. Olharan a assuré recevoir régulièrement des messages de ses administrés se plaignant d'incivilités, de vols ou de dégradations, contre lesquels les caméras pourraient avoir un effet dissuasif. Il a aussi cité plusieurs petites communes du département disposant d'un réseau de caméras plus dense que son projet."Si vous estimez qu'on doit avoir d'autres priorités, présentez-vous aux élections", a conclu le maire.
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