Cela fait partie du folklore local qui fait le sel de nos petits villages en Provence-Alpes-Côte d’Azur. De Gonfaron à l’Estérel, dans le Var, jusqu’à l’arrière-pays niçois, partons en balade sur les sentiers des légendes varoises et maralpines.
Quand on va vadrouiller à la découverte des petites localités, cette partie du voyage ajoute un peu de piquant à l’exploration. Les vieilles légendes participent à attirer les curieux, faisant le sel de ces expéditions uniques. Nous n’en sommes pas avares en Provence-Alpes-Côte d’Azur, à l’image de ces trois secteurs du Var et des Alpes-Maritimes !
Gonfaron et son « âne volant »
Partons d’abord à Gonfaron, avec l’histoire cocasse de l’âne volant. Elle remonte au XVIIe siècle, dans cette petite cité sur les flancs d’une colline. On y retrouve notamment la modeste, mais non moins charmante, chapelle de Saint-Quinis. Un point d’observation idéal sur les Maures. Monument qui a aujourd’hui une place particulière dans la commune.
En effet, c’est vers ce lieu que se dirigeait chaque année la procession fêtant le saint patron local. Quand cet événement approchait, en avril, les habitants avaient l’ordre de nettoyer devant leur porte, le cortège ne pouvant s’aventurer dans des rues sales. Mais lors d’une édition, celle de 1645, un Gonfaronnais s’est dressé contre cette obligation. Il aurait alors déclaré : « Je ne balaierais pas, et si le saint veut passer, il n’a qu’à voler par-dessus le tas d’ordures. »
Quelque temps plus tard, cet homme chevauchait lui-même son âne au sommet de la colline de Carnaraute, au Nord. Le conte veut que l’animal, agacé, soit sorti du sentier à l’allure précipitée, avant de chuter dans le ravin, entraînant son cavalier dans le vide. Une mésaventure qui a provoqué les moqueries de ses camarades, qui s’écriaient : « C’est bien fait, Saint Quinis l’a puni, son âne a volé. » Aujourd’hui, sachez qu’il existe, en hommage, la brasserie de l’Âne Volant, implantée dans la ville.
Au cœur du massif de l’Estérel, avec la « fée de la fertilité »
Sur le littoral aussi, les légendes vont bon train. Dans le massif de l’Estérel, nous avons par exemple la fée Esterelle. Selon les récits, cette dernière vivait dans un palais au sein des grottes de ce majestueux site varois. Les femmes enceintes venaient la voir afin d’avoir sa protection lors de la grossesse.
Elle était aussi consultée, et recevaient des offrandes, de celles et ceux qui souhaitaient maximiser leur fécondité, ou des personnes la remerciant d’avoir donné la vie. L’auteur Alphonse Daudet faisait d’ailleurs référence à ce conte dans Les Lettres de mon moulin, avec la nouvelle Les Étoiles.
Les tragédies de Rocca Sparvièra
Sur le territoire maralpin, connaissez-vous Rocca Sparvièra ?
L’un des endroits les plus isolés du pays niçois, étant pourtant situé à moins de trente kilomètres de Nice. Perché sur son éperon rocheux, ce village, ou plutôt lieu-dit, serait hanté par des spectres circulant au milieu des vestiges.
Dans ce coin dominant la vallée du Paillon et les gorges de la Vésubie, une tragédie est survenue au XIV siècle, qui aurait engendré une multitude de calamités. Tout a commencé en 1347, lorsque la reine Jeanne Ier, mariée à André de Hongrie, roi de Naples, est accusée d’avoir comploté autour de l’assassinat de son époux, deux ans plus tôt.
Elle se réfugie alors sur le « Rocher des Éperviers » et s’installe dans le château, accompagnée de ses deux enfants et de sa cour. Un soir de Noël, elle assiste à une messe dans la municipalité voisine de Coaraze. À son retour, la souveraine aurait découvert les corps de sa progéniture.
Ivre de rage et de douleur suite à cette vision d’horreur, elle maudit les lieux et ses occupants, avant de repartir à Naples, où elle est née. La reine et Rocca Sparvièra ont tous deux connus des destins dramatiques. Elle est tuée sur ordre de son cousin en 1382. La localité, elle, a traversé de nombreuses catastrophes, de l’invasion de sauterelles aux épidémies de peste, sans oublier les séismes et tremblements de terre. Désert depuis 1723, le terrain est à présent une destination idoine… pour la randonnée.



