Christian Estrosi accuse le conseil départemental de si mal gérer le Service d'Incendie et de Secours (SDIS) que les populations se retrouveraient en danger. Le CD06 promet qu'il n'y a "aucune inquiétude à avoir".
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L'accusation est grave, évidemment. Jeudi 7 mars, au cours d'un interview avec Nice-Presse, un sujet agace le maire : "la contribution de plus en plus élevée dont la Ville doit s'acquitter pour les pompiers. Nous assurons 60% du budget, c'est ce que j'appelle l'impôt SDIS". Pas vraiment une critique contre les hommes du feu eux-mêmes, mais plutôt contre le Département.
"Les moyens, on ne les retrouve pas réellement sur le terrain. Ni avec les effectifs, qui sont insuffisants, ni avec le matériel, il n'y en a même pas ! Je vous donne un exemple récent, qui est frappant. Au cours d'un récent incendie à Nice-Nord, nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe : les pompiers n'avaient pas de grandes échelles pour atteindre les étages !"
Et de regretter : "c'est une totale compétence du Département : notre contribution a été augmentée de 3,5 millions d'euros sur quatre ans. Nous ne sommes associés ni au choix du personnel, ni au choix du matériel". Rappelons que six casernes sont installées dans la ville-capitale.
"Déviance"
Dans le groupe d'opposition au conseil départemental, l'élue niçoise Françoise Monnier se fait le porte-voix des représentants du personnel. Citant le Syndicat autonome des sapeurs-pompiers professionnels, elle note "nous sommes conscients des contraintes actuelles auxquelles (les collectivités) doivent faire face. Néanmoins, nous ne combattrons pas efficacement de tels enjeux avec des effectifs largement amoindris en compétences professionnelles".
"Lors de périodes de tensions des effectifs, l’argent public est gaspillé. La déviance utilisée consiste à un remplissage global de nos effectifs en nombre de volontaires sans compétence particulière. Cette déviance a un coût pour le contribuable, ces renforts ne sont concrètement pas employables pour armer nos engins et sont rémunérés comme un affichage publicitaire, puisqu’ils ne sont pas mobilisables, et trop souvent inexploitables".
"Par conséquent, vos contributions financières ont-elles baissé ? Non, pourtant la couverture du risque est dégradée".
D'après Françoise Monnier, "les recrutements de 2022 (39) et de 2023 (22) ne couvrent pas les départs à la retraite. Des pompiers professionnels manquent à l’appel, alors que le risque d’incendie augmente". Son groupe pointait déjà des "dysfonctionnements" fin 2022.
"Aucune inquiétude à avoir"
À l'occasion de la dernière séance plénière du conseil départemental, c'est le président de la commission des finances qui répondait à ces craintes. Nul péril en la demeure selon Eric Ciotti, qui indiquait qu'il "n’y a aucune inquiétude à avoir pour le SDIS, puisque 63 nouveaux professionnels ont été promus récemment”.
Cette année, son budget se porte à 88,4 millions d'euros. 4,5 millions avaient été mobilisés l'an passé pour des constructions et réhabilitations de casernes.