Interrogé par nos confères de L'Équipe, Christian Estrosi, chargé d'étudier le retour d'un Grand Prix de Formule 1 en France, affirme que Nice dispose de "tous les atouts" pour organiser un tel évènement. Une éventualité qu'il manie avec de grandes pincettes.
L'hypothèse d'organiser un Grand Prix dans la capitale azuréenne, s'en va, puis refait surface… Comme il y a près d'un siècle, lorsque les pilotes s'affrontaient sur la Promenade des Anglais, Christian Estrosi a de nouveau montré son intérêt d'accueillir la F1 à Nice, mais cette fois-ci du côté de l'Allianz Riviera.
En charge de rendre un rapport sur la faisabilité d'un retour de la Formule 1 dans notre pays, le maire a récemment remis les résultats de son travail à la ministre des Sports et au président de la République. La question était de savoir si la France était bel et bien capable d'accueillir un tel événement.
Un lourd dossier à défendre donc, dans un contexte marqué par la dissolution du GIP Grand Prix de France - Le Castellet1, avec des dettes s'élevant à environ trente millions d'euros.
Lors d'une interview accordée au journal L'Équipe publiée ce mardi 21 mai, Christian Estrosi s'est montré favorable à un comeback. La question, c'est "où" ?
La F1 de retour au Castellet, ou bien à Nice ?
Pour séduire les instances de la F1, notre pays devrait jouer des coudes avec de nombreuses destinations, surtout non-européennes, sur la liste d'attente. Il faut dire que l'évènement organisé entre 2018 et 2022 au Circuit Paul Ricard (Var) n'a pas vraiment convaincu. Le chantier est de taille.
Dans un premier temps abandonnée, l'hypothèse d'un GP organisé à Nice, notamment autour du stade Allianz Riviera, avait refait surface avec une déclaration de Stefano Domenicali, patron de la F1, en 2022 : "À Nice, il y a un projet (…) On doit voir, on doit vérifier la faisabilité, le business plan, beaucoup de choses et j’espère pouvoir parler de ça très prochainement".
Mais le maire, prudent et diplomate, soulève un problème majeur concernant la proximité géographique avec Monaco, destination historique de la discipline depuis plus de 80 ans. "Je ne vous cache pas que c'est un sujet presque d'État à État. Personnellement, vu les bonnes relations que j'entretiens avec la Principauté, je ne souhaite pas m'immiscer dans un débat qui pourrait être concurrentiel", a-t-il expliqué.
À nos confrères de L'Équipe, Christian Estrosi avance que Nice "dispose de tous les atouts". Il répond également sur les conditions imposées par Formula One Management (FOM) comme une capacité d'accueil de 125 000 spectateurs par jour, un aéroport international à moins de 30 minues et des infrastructures autoroutières accessibles : "Nous avons l'expérience des grands événements internationaux".
En tout cas, le message est passé : la Ville de Nice serait en capacité. "Oui, la France peut et doit accueillir un Grand Prix de Formule 1", a-t-il conclu. Une hypothèse qui coûterait tout de même 70 millions d'euros, avance Le Monde, avec sans doute de fortes retombées.
Qu'en pensent les élus locaux ?
Rien de bien positif. Christelle d'Intorni, députée Les Républicains des Alpes-Maritimes, estime que le précédent GP, dans le Var, aurait été trop mal géré pour retenter l'expérience — l'ex-directeur Eric Boullier avait répondu à ce tacle dans nos colonnes, en début d'année.
L'emballement est tout aussi relatif du côté de la gauche communale. Dans un communiqué ce 21 mai, le groupe Nice Ecologique note : "nous exprimons notre profonde indignation à l’annonce d’une relance du Grand Prix de Formule 1 à Nice.Ce projet est une absurdité, tant d'un point de vue écologique que financier.Il est irresponsable d'envisager un événement aussi polluant à une époque où la réduction de notre empreinte carbone est cruciale".
"L'expérience du Grand Prix du Castellet dans le Var a déjà démontré les conséquences désastreuses d'une telle initiative. Non seulement l'événement a engendré des dettes colossales, mais il a également conduit à un marasme judiciaire qui dure encore. Cet échec retentissant devrait servir de leçon. Cette proposition est hallucinante, digne de la folie des grandeurs de Caligula."
- Groupement d’intérêt public ayant présidé à l’organisation du Grand Prix de France au Circuit Paul Ricard (Var) ↩︎