Haut lieu de culture et de cérémonies d'importance, de la Belle Époque à nos jours, la Villa Masséna s'impose comme l'un des symboles de Nice et de la Riviera. Rencontre avec Jean-Pierre Barbero, son directeur depuis six ans.
Il paraît que le Musée Masséna bat des records de visites…
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Les gens ont été privés de culture, ils ont envie de pouvoir en profiter à nouveau. Si le sujet intéresse, ils viennent. La fréquentation est en hausse de 62%. Il y a une vraie volonté de la part du public de revenir et de retrouver ses musées.
Les thématiques proposées ont également bien marché, avec notamment la biennale des Arts de Nice.
Quelles expositions sont programmées pour rester sur cette dynamique ?
Nice, reine des fleurs prendra fin le 9 octobre.
Ensuite, nous allons mettre en place une expo sur l'artiste Jacques Cordier. Il est mort très jeune et devait initialement faire un livre sur la Côte d'Azur. Il a commencé les peintures et les aquarelles mais l'ouvrage n'est jamais sorti.

Comment expliquez-vous l'amour du public pour ce musée ?
Le classement au patrimoine mondial de l'Unesco a clairement démontré l'importance d'une villa du XIXème siècle, qui est d'ailleurs la seule qui peut se visiter aujourd'hui telle qu'elle était à l'époque de la villégiature d'hiver.
C'est un lieu où l'on découvre pourquoi Nice est la cinquième ville de France alors qu'elle était la 35ème en 1860.
Nous sommes aussi amenés à réfléchir sur des thématiques qui touchent différents publics. Par exemple, nous avons fait l'exposition "Histoire en briques" avec Lego. Ce sont les enfants qui demandaient aux parents de les accompagner !
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Comment s'organise cette grande maison ?
Elle fonctionne comme en 1919 ! Le Prince d'Essling a fait sa donation, en 1917, avec des obligations très claires.
Le jardin doit être ouvert au public gratuitement, les salons du rez-de-chaussée restent en état avec la possibilité d'y faire des réceptions officielles. Les premier et deuxième étages sont destinés à être un musée.
Il part du principe que la villa doit être ouverte au plus grand nombre. Les soldats rentrent du front, après la première guerre mondiale, en septembre 1919. Le maire décide alors de les recevoir ici. C'est le début d'une longue histoire de cérémonies.
De nombreuses personnalités sont ensuite venues, avec des présidents, des artistes…
En 1971, il y a eu la chanteuse Ella Jane Fitzgerald pour le festival du jazz, le peintre Marc Chagall, ou plus récemment Simone Veil ou le président de la République Emmanuel Macron.
La Villa Masséna d'aujourd'hui n'est donc que la continuité d'une décision prise par le Prince d'Essling.
Quels souvenirs marquants en gardez-vous ?
L'exposition sur Jean Gilletta. C'est celle qui a le plus touché les gens de la région. Les photographies présentées ont permis de revivre leur histoire. C'était un moment important, intergénérationnel.
J'ai aussi été marqué par la venue de Bernadette Chirac. Il y a cinq-six ans, son avion a eu du retard, elle a souhaité voir un musée avant de repartir.
Sylvester Stallone est également venu pour une soirée à Masséna. À 22h15, il a voulu découvrir l'établissement. Le Prince Charles, devenu Charles III, a aussi fait un passage par ici.
Nous avons accueilli de nombreuses personnalités. Ce sont toujours des moments très forts…