La Cour des comptes s'inquiète : dans un rapport publié en début d'année, elle pointe notamment du doigt les actions et politiques de plusieurs municipalités azuréennes, à propos des risques naturels.
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Pour la Cour des comptes (CRC) de Provence-Alpes-Côte d'Azur, il est temps de tirer la sonnette d'alarme. Dans un document partagé le 24 janvier dernier, l'organisme administratif a interpellé les collectivités de la région pour les exhorter à passer la seconde face aux risques de catastrophes naturelles.
Le manque d'anticipation des politiques, notamment vis-à-vis des inondations, l'inquiète. "L'aménagement de ce territoire […] est aujourd'hui remis en cause", peut-on lire, entre autres. Elle craint que les collectivités "n'aient pas encore pris la pleine mesure des conséquences" d'éventuels événements liés à la Méditerranée ou aux nombreux cours d'eau.
L'extension du Cap 3000 pointée du doigt
L'institution cible d'ailleurs précisément certaines municipalités. La mairie de Saint-Laurent-du-Var est pointée du doigt au sujet l’extension du centre commercial Cap 3000 de quelque 26.000 mètres carrés, et ce, "malgré sa position à la conjonction de risques venus d’un fleuve torrentiel (le Var) et de la mer."
La Cour des comptes prend l'exemple de la tempête Alex (octobre 2020), qui a "montré que la digue protégeant l’équipement n’avait pas été résistante". Elle rappelle que cela a conduit à la mise en œuvre de travaux d’urgence et que l'État a "prescrit la réalisation de nouveaux travaux de réhausse."
Elle n'est pas la seule à se retrouver épinglée. Nice, également, est concernée, avec son aéroport.
La CRC affirme que "les pistes seraient ennoyées dans le cas d’une montée des eaux d’un mètre." De quoi redouter une submersion dans notre secteur, ce qui pourrait arriver dans de fortes proportions, ainsi que le craint l'UNESCO. Et alors que l'équipement bénéficie actuellement de travaux d'extension.
Le littoral soumis à une forte pression et à l'artificialisation des sols
Dans ce rapport, il est noté que "les pressions sur la bande côtière ne faiblissent pas, y compris dans les zones exposées où l’arrêt de la densification, voire le repli, devraient être anticipés."
En conséquence, "elles exposent davantage de personnes et de biens aux risques et, en matière de mesures de protection, complexifient encore la réponse en cas de catastrophe." La juridiction regrette l'inaction globale des élus locaux, qui "semblent bien souvent mésestimer les risques civils et pénaux auxquels ils pourraient être exposés."
Face à un département maralpin qui est le plus artificialisé de Provence-Alpes-Côte d'Azur (64%), il faut songer que ce phénomène "accentue l’exposition aux dangers liés à la mer et aux inondations." Sachant que le Var (25,6%) et les Bouches-du-Rhône (18,2%) ne sont pas loin !
La CRC souligne que les observations produites par les collectivités "sont peu porteuses de solutions spécifiques pour le littoral."
Elle ajoute qu'il "en découle des prescriptions vagues invitant les collectivités à la "réflexion" sur les risques littoraux." Le SCoT’Ouest des Alpes-Maritimes, qui est un outil stratégique de réduction de la vulnérabilité des territoires, illustrerait cela selon les auteurs du rapport.
Villeneuve-Loubet, Mandelieu… Quelques localités essaient
L'enquête met aussi en avant quelques communes aux "actions isolées". Elles n'ont pas renouvelé les concessions de plages afin d’anticiper le recul du trait de côte, à l'image de Villeneuve-Loubet chez nous. Grimaud, dans le Var, a mené des études sur la relocalisation d’activités économiques, tandis que Mandelieu-la Napoule s'intéresse à la "recomposition spatiale post-inondation".
Il est toutefois précisé que certaines de ces réflexions ne sont pas encore concrètement opérationnelles. De fait, ces "initiatives sont susceptibles d’être mises à l’arrêt en cas de simple non-réélection de l’équipe municipale qui en était le porteur".