Ultime rendez-vous – sauf imprévu – avant la présidentielle de 2027, les élections municipales de mars 2026 s’imposent déjà comme un enjeu crucial pour l’ensemble des partis, qui comptent sur ce scrutin pour émerger d’une situation politique marquée par l’incertitude.
On dit souvent que la France compte 35 000 communes et autant d’élections. Mais, comme à chaque fois, au-delà des dynamiques locales, l’attention se portera aussi sur les résultats à l’échelle nationale.
Sauf dissolution anticipée décidée par Emmanuel Macron dès cet été, ces municipales constitueront le dernier test grandeur nature pour celles et ceux qui aspirent à lui succéder. Elles devraient toutefois se dérouler dans un contexte plus stable qu’en 2020, où la crise sanitaire avait bouleversé l’organisation du scrutin : le premier tour s’était tenu à la veille du confinement, tandis que le second avait dû être repoussé de trois mois.
Arrivé largement en tête lors des derniers scrutins nationaux – européennes et législatives –, le Rassemblement national espère enfin traduire cette dynamique en conquêtes municipales. Objectif : remporter plusieurs grandes villes du Sud, comme Toulon, mais aussi des communes plus modestes, à l’image de Stiring-Wendel, en Moselle, à la frontière allemande.
Ces victoires doivent permettre à Marine Le Pen – ou, en cas d’empêchement judiciaire, à son dauphin Jordan Bardella – de briser le plafond de verre qui, jusqu’ici, semble empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir, y compris au niveau local. Hormis quelques exceptions, comme Perpignan ou Hénin-Beaumont (Nord), le RN peine encore à s’ancrer durablement dans le paysage municipal.
Établir les stratégies
Ces municipales seront aussi un moment décisif pour plusieurs figures du macronisme, en quête d’un avenir politique post-Emmanuel Macron. Edouard Philippe devra ainsi consolider son ancrage au Havre, tandis que Gérald Darmanin tentera de s’imposer à Tourcoing. François Bayrou à Pau et, peut-être, Gabriel Attal à Paris chercheront eux aussi à peser dans la bataille.
Paris, justement, sera l’un des points chauds du scrutin : avec le retrait annoncé d’Anne Hidalgo, la gauche risque d’entrer dans une bataille fratricide à l’issue incertaine. Face à ce risque de division, la droite et le centre misent sur la dynamique de Rachida Dati, qui apparaît comme leur meilleure chance de reprendre la capitale.
À Lille, même scénario : Martine Aubry cède la place à son premier adjoint, lequel devra asseoir son autorité pour éviter les tensions entre socialistes et écologistes. L’enjeu est similaire dans plusieurs autres grandes villes remportées par les Verts en 2020, comme Bordeaux, Lyon ou Strasbourg, où la gauche tentera de préserver ses acquis.
Mais les alliances sont sous tension : Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis affichent déjà leur volonté d’autonomie et envisagent des candidatures indépendantes à Toulouse ou Marseille, quitte à rééditer le fiasco de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), où leur stratégie d’isolement s’est récemment soldée par un échec. Dans ce contexte, le congrès des Verts en avril, suivi de celui du PS en juin, jouera un rôle clé dans l’élaboration des stratégies et la répartition des investitures.
Test politique grandeur nature
Même logique du côté de la droite : en mai, Les Républicains devront trancher entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, qui briguent chacun un leadership en vue de 2027, mais dont les ambitions dépendront en grande partie des résultats de 2026.
Toutefois, LR est en difficulté dans les grandes métropoles et devra sans doute composer avec les macronistes de Renaissance et les partisans d’Edouard Philippe au sein d’Horizons pour préserver son réseau d’élus locaux. Cet enjeu est d’autant plus crucial que le Sénat, bastion historique de la droite, verra la moitié de ses sièges renouvelés en septembre 2026.
Autre paramètre susceptible de rebattre les cartes : la réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, actuellement en discussion au Parlement. Son adoption pourrait modifier la lecture des résultats et redistribuer les forces politiques.
Enfin, cette campagne municipale sera aussi une bataille idéologique, où les grandes lignes de fracture se cristalliseront autour de thématiques comme la sécurité (armement des polices municipales, vidéosurveillance), l’écologie (« zones à faibles émissions », « zéro artificialisation nette ») et le logement (social, meublés touristiques).
En somme, ces élections locales s’annoncent comme un véritable baromètre pour des formations politiques en quête de repères, après une décennie de bouleversements. Mais elles seront surtout l’occasion, pour chacun, de tenter d’imposer sa vision de l’après-Macron
(Avec AFP)



