Rénovation du centre-ancien, construction de nouveaux logements sociaux, cas épineux d'Airbnb… Anthony Borré, premier adjoint au maire et vice-président de la Métropole, fait sa rentrée média dans Nice-Presse.
- Lire la seconde partie : Anthony Borré à Nice-Presse : "nous recrutons des policiers municipaux et suspendrons leurs allocations aux dealers"
Nous sortons d'un été marqué par le ras-le-bol des locaux contre le surtourisme, avec notamment des manifestations en Espagne. Pourquoi ne pas interdire Airbnb chez nous, comme va le faire Barcelone ?
Notre droit ne le permet pas, nous ne sommes pas en Espagne. Les communes ont moins de pouvoirs en France. Je ne suis pas contre les locations saisonnières : les propriétaires doivent pouvoir exploiter leurs biens comme ils l'entendent.
Nous, nous devons réguler, surtout alors que le marché apparaît grippé. Personne n'a envie de vivre dans un quartier où il n'y a que des valises à roulettes, et des volets fermés tout l'hiver. La centre-ancien ne doit pas être réservé aux touristes, et Nice ne doit pas être seulement une ville de vacances.
Depuis 5-6 ans, nous sommes la municipalité la plus plus stricte à ce sujet. Nous avons décidé que les autorisations des locations passent de trois, à seulement une année. En cas de nuisances, nous ne les redonnerons plus.
Cela, en attendant une future loi qui serait en discussion à l'Assemblée nationale. À défaut, nous pourrions rapidement prendre une mesure drastique : la compensation au premier logement. Ce qui reviendrait, de fait, à une interdiction (pour chaque appartement placé sur Airbnb, il faudrait aussi en proposer un en location longue durée, ce qui serait rentable pour à peu près personne, ndlr).
On voit toujours bien des nuisances le long de Jean-Médecin, mais aussi l'arrivée de très belles enseignes. Quel est l'avenir promis à cette avenue, dans 5 ou 10 ans, concrètement ?
L'installation d'une brasserie de sept étages avec rooftop montre que les investisseurs sont très intéressés par cette avenue, comme par bien d'autres à Nice. Le problème majeur de Jean-Médecin, c'est le nombre de sans-abri et de personnes alcoolisées qui s'y trouvent. Nous avons lutté tout l'été contre des populations errantes, à 95% étrangères. La police municipale fait un travail difficile. C'est à la préfecture de mener les reconductions à la frontière.
Le secteur Raimbaldi/Notre-Dame/Pertinax, etc devait être requalifié au cours de ce mandat. Ça ne sera pas le cas avant 2026. Que dites-vous aux riverains, en attendant ?
On a investi 70 millions d'euros, déjà, dans ce quartier, avec des requalifications. On y vit bien mieux aujourd'hui qu'il y a 15 ans, même si tout n'est pas parfait. Il y a des situations d'insécurité qui demeurent. Cela dit, ce climat est alimenté par des comptes anonymes sur Twitter, dont je doute des motivations. Ma porte est ouverte à toutes et tous, mais ces gens ne viennent jamais.
Nous travaillons à devenir propriétaires du Lyca Mobile entre les rues de Suisse et d'Angleterre, qui pose des problèmes de regroupements et de nuisances. Nous y installerons un service public. J'ai réclamé hier de nouvelles actions de police à la préfecture, puisque la problématique du deal et de la délinquance demeure.
Le maire, Christian Estrosi, évoquait quelques travaux pour Raimbaldi "avant 2026", notamment de verdissement. Quand ?
Sur ce boulevard, notre sujet est l'appel à manifestation d'intérêt que nous allons lancer début 2025, pour voir si des privés auraient des projets pour une emprise libre près du kiosque, et pour l'ancien siège de ParcAzur. On pourrait y voir de beaux commerces, dans la continuité d'Iconic. Le problème, dans l'immédiat, ce sont les populations alcoolisées qui s'approvisionnent dans les épiceries du boulevard. Nous travaillons à obtenir des fermetures définitives.
Le marché de la construction, lui aussi, est largement dégradé. Nice manque grandement de HLM, elle est d'ailleurs sanctionnée pour cela. Quels sont vos objectifs pour les mois à venir ?
Nos objectifs sont ambitieux mais réalistes. Je les présenterai lors du prochain Conseil métropolitain. Pour l'heure, nous en discutons avec les différents maires. Je veux souligner un point : certains de nos projets parmi les plus importants sont mis en péril par la décision de mise en carencement de l'État.
Nous travaillons depuis des années autour de 4 programmes de logements en mixité : du logement social, libre, intermédiaire, de l'accession à la propriété… Depuis que l'État a décidé de nous carencer puisqu'il estime que nous ne respectons pas suffisamment la loi, nous serions obligés de disposer de 30% de logement familial pur (excluant les seniors, les étudiants…) dans les futures opérations. Sauf que cela remet en cause tout l'équilibre financier de certains chantiers, qui représentent chacun jusqu'à 200 appartements. Des promoteurs pourraient se retirer.
Je veux trouver des solutions avec le préfet des Alpes-Maritimes, puisque sa décision risque de nous empêcher, dans la réalité, de construire des logements sociaux. C'est absurde. Pour l'instant, je n'ai pas pu obtenir de réponses.
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