Le nouveau Premier ministre a décidé de faire de la santé mentale la "grande cause nationale" de l'an prochain. Le point sur les initiatives niçoises en la matière avec l'élue municipale Barbara Prot, chargée par Christian Estrosi de la Prévention.
Michel Barnier a-t-il raison de considérer la santé mentale comme l'une des urgences sanitaires, d'après vous ?
La crise COVID a certes créé des problèmes psychologiques, mais elle en a surtout révélé beaucoup. On a réalisé que c'est le sujet de monsieur et madame tout le monde. On ne peut s'inclure dans la société si ça ne va pas de ce côté-là. Que chacun le retienne : entre 15 et 20% de la population sera concernée, à un moment de sa vie, par un souci de santé mentale.
On a beaucoup parlé des étudiants à ce sujet, à quels autres publics pensez-vous ?
Cela concerne tous les secteurs. La souffrance morale touche beaucoup les soignants. Les infirmières changent de métier au bout de sept ans, c'est bien qu'il y a un problème, un vrai malaise. Prenons garde, aussi, au lien social des personnes âgées. D'où notre programme "Seniors en forme", autour d'activités conviviales.
L'hôpital Sainte-Marie va être reconstruit. Mais au-delà, Nice est-elle assez équipée, dans le domaine du soin ?
Je vous répondrais que non. On a ici de très grandes institutions, vous citez Sainte-Marie, il y a aussi le CHU. Les structures existantes ne sont pas suffisantes. Par exemple, nous manquons de psychiatres.
Bien des gens ont des soucis, mais ne franchissent pas l'étape d'aller consulter. Certains pensent que cela voudrait dire qu'ils sont fous. L'Etat a lancé "Mon soutien psy" avec des séances prises en charge à 60%. Mais il faut que les gens s'en saisissent. On sait que dans les quartiers populaires, c'est difficile. On a développé, en tant que mairie, des antennes dans certains AnimaNice, sans succès. Le tabou persiste sur la santé mentale.
Que fait la commune à ce sujet ?
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Je vous parlais de programmes d'activités pour tous les publics, ou de dispositifs pour emmener des professionnels du soin là où les Niçois ne se déplacent pas. Mais il y a une action plus générale. Davantage d'espaces piétons, des pistes cyclables, des parcs, des rues végétalisées… C'est capital. Les médecins et les experts ont prouvé les bienfaits sur la santé mentale d'une ville apaisée telle que Nice.
Je vous citerais trois actions récentes et concrètes.
Nous avons formé des centaines d'agents pour que dans les services publics communaux, comme par exemple les bibliothèques, chacun sache réagir et prendre soin d'une personne en détresse psy.
Avec l'aide de la Ville, l'association Le Phare des deux pôles, pensée pour les personnes atteintes de bipolarité, est en train de monter une pièce de théâtre, qui sera bientôt jouée au Francis-Gag, en avril. Cela sera une façon ludique d'expliquer ces troubles au grand public.
Enfin, notre semaine d'information en santé mentale (programme complet). Cette année sont prévus des bilans de forme, des ciné-débats, des conférences variées et des initiations aux sports. L'activité physique est essentielle !
Je vous annonce, et j'y tiens beaucoup, que nous allons développer les "prescriptions muséales". Avec 33 psychiatres du CHU et de Sainte-Marie, bientôt avec d'autres dans le privé, les personnes se verront remettre une ordonnance pour aller dans les musées niçois. Ils sont tous dans la boucle. Les publics seront accueillis par des personnes formées, qui les accompagneront au mieux. Le beau fera du bien.
En savoir +
- Guide répertoire de la santé mentale à Nice : "Tous concernés"
- Découvrir le programme Nice Acti'Santé
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