Majorité et opposition RN se sont volées dans les plumes tout au long du conseil municipal niçois, causant de nombreux incidents.
La séance a été suspendue une seconde fois vers midi, après un premier évènement regrettable dans la matinée au sujet de la laïcité, pendant lequel les noms d'oiseaux ont fusé.
Ce vendredi 10 décembre, le conseil municipal a été le théâtre d'un très vif accrochage entre le chef de file de l'opposition Rassemblement national et le premier adjoint au maire, Anthony Borré.
Une délibération, la 10.6, est débattue : finalement votée, elle doit permettre d'accorder la protection fonctionnelle à Christian Estrosi, dans le cadre de poursuites en justice qu'il a décidé d'intenter contre Julien Odoul.
Le 30 octobre dernier, le porte-parole du Rassemblement national avait accusé "Estrosi (d'avoir) collaboré pendant des années avec l’islam politique. Il a installé une mosquée radicale dans des bâtiments municipaux pour laquelle la Ville de Nice a été condamnée. Il a nourri le terreau de l’islamisme", le tout sur CNEWS.
Le temps du vote, Christian Estrosi quitte la salle comme le veut la loi, laissant la conduite des échanges à Anthony Borré.
"Petits bras"
S'opposant à l'octroi de cette protection fonctionnelle à l'édile, Philippe Vardon explique "qu'elle ne doit pas servir à payer des avocats pour ses combats politiques, pour museler les critiques". Sur le fond, le patron des élus RN se lance ensuite dans une défense des propos de M. Odoul. Argumentaire qu'il poursuit alors que la parole ne lui est plus accordée.
"Nous allons faire sortir monsieur Vardon s'il continue de s'exprimer sans avoir la parole sur des sujets politiques, sans rapport avec la protection fonctionnelle" menace Anthony Borré, suivi par l'adjointe Martine Ouaknine qui dénonce l'emploi du terme "collabo" à l'endroit du maire.
"Et comment vous allez me faire sortir ? Avec vos petits bras ?" lui rétorque l'élu lepéniste.
Sur ce, la séance est suspendue.
"Estrosi a dû partir à la mosquée…" plaisantent les conseillers Rassemblement national à haute voix, alors que l'intéressé est encore dans le hall de l'Hôtel de Ville. Remarque vivement condamnée par Anthony Borré. "Et toi, t'es intelligent peut-être?" lui lance Philippe Vardon, avant de quitter, lui aussi, la salle pendant une demi-heure.
Les débats ont ensuite repris, ponctués d'autres incidents.
"Vous êtes une menace permanente"
À l'occasion d'un voeu déposé par l'élue écolo Sylvie Bonaldi -- encore une fois lâchée par ses collègues verts ! -- qui réclamait l'ouverture du Village de Noël, en plein air, sans "pass sanitaire", c'est cette fois le maire qui s'est agacé.
"Je pourrais être sans voix. Qu'un élu de la République dise 'trêve de Noël, vous pouvez aller tuer vos concitoyens…' On sait que le vaccin réduit de 90% le risque d'hospitalisation chez les plus de 50 ans. Et vous demandez au conseil municipal de faire prendre le risque de vie ou de mort sur les familles niçoises !" lui a-t-il rétorqué.
"Vous êtes une élue indigne (…) Ce voeu a le mérite de vous identifier, vous et votre groupe, pour ce que vous êtes : une menace permanente dans l'exercice de vos mandats"
Avant de refermer ce dernier conseil municipal de 2021, Philippe Vardon a repris la parole pour dénoncer "la majorité de goujats, irrespectueuse de l'opposition".
Réponse de Christian Estrosi : "en matière de vulgarité et de violence, c'est un expert qui parle !"
Prochaine fois en visio ?
Les élus pourraient ne plus être réunis dans cette configuration avant quelques temps. Pour cette séance du 10 décembre, déjà, le maire avait proposé un semi-présentiel, c'est-à-dire une convocation de la moitié uniquement des membres de chaque groupe politique, au vu de la situation sanitaire.
Prudence refusée par l'opposition. "J'espère que nous ne serons pas tous cas contacts ce soir" a condamné Christian Estrosi, ironique. "Cette ville n'aurait donc plus personne pour la gouverner."