Après presque trois décennies à servir l'uniforme, l'ancien commandant David Clarès observe désormais le fonctionnement des pompiers maralpins en tant que conseiller départemental (Horizons) du canton Nice-4. En cette fin d'année, tour d'horizon des actions du CD06.
Nice-Presse : le Département des Alpes-Maritimes le votera en début d'année prochaine : êtes-vous par avance inquiet du budget qui sera présenté ?
David Clarès : D'autres collectivités, comme la Ville de Nice ce mercredi, votent leur budget en ce moment. Le Département a reporté à l'an prochain le sien : ça m'inquiète, oui. Il y a un certes un contexte national qui s'impose à nous. Mais le CD06 ne l'a pas attendu pour décider de coupes franches dans certaines de ses compétences principales.
Vous êtes un expert de la question : comme Christian Estrosi, estimez-vous réellement que les pompiers, gérés par le Département, seraient "au bord de la catastrophe"?
Sur le plan des moyens, ça va, ils existent, notamment parce que la participation des communes a été augmentée. Le Département lui-même pourrait dépenser davantage. Mais c'est l'organisation et l'absence de recrutements suffisants qui m'interrogent. Je vois que certaines casernes sont passées de 30 à 19 pompiers. Que certains personnels qualifiés ne sont pas embauchés.
Il y a aussi des investissements difficiles à expliquer. Comme certains bâtiments clinquants dans des zones où l'activité est très réduite… Sans doute pour faire plaisir à certains. In fine, certains dysfonctionnements peuvent nuire à la sécurité des pompiers et, en bout de chaîne, à celle de la population.
J'en profite pour rappeler qu'au niveau national, la reconnaissance de leurs maladies professionnelles reste largement insuffisante, et qu'il faut avancer sur ce point. Heureusement, la sénatrice Alexandra Borchio Fontimp (LR) a pris le dossier en main.
Vous évoquez des économies qui poseraient problème : lesquelles ?
Il y a certes un retour à l'emploi et une lutte contre la fraude mais le recul des moyens accordés au RSA n'est pas du tout une bonne nouvelle. Le tableau n'est pas aussi rose que celui dépeint par le Conseil départemental. Les seniors (avec le point GIR, toujours trop bas) et les enfants en détresse (la situation des foyers) ont subi des coupes, causant parfois de graves défaillances. Ce que je vous dis là n'est pas neuf, mais le CD06 fait diversion en pointant la gestion de telle ou telle commune pour que l'on ne s'y intéresse pas de trop près.
4 ans après la Tempête Alex, le travail a-t-il été fait ?
On peut dire que oui. L'argent a été investi, et bien utilisé. La Roya et la Vésubie revivent, et c'est que nous attentions tous. Comme à Mayotte ces jours-ci, il faut agir extrêmement vite, dans une situation périlleuse. Parfois, on va peut-être trop rapidement, mais la Métropole a, aussi, fait ce qu'elle pouvait.
Vous faites partie d'un groupe d'élus, le Rassemblement Républicain, qui compte des LR. La majorité départementale aussi, mais vous siégez dans l'opposition locale, tout en ayant soutenu l'un comme l'autre, au national, le gouvernement Barnier ! On ne comprend rien de ce que vous fabriquez…
En effet, les gens ne peuvent rien comprendre. Il y a une grande confusion. Notre groupe d'élus départementaux rassemble la droite et les centristes. Notre barrière intangible, c'est celle qui se dresse face à l'extrême droite. La majorité, elle, a gardé dans ses rangs Eric Ciotti et ses alliés, qui ont rejoint cette extrême droite en juin. Le désordre, c'est lui qui l'a créé : il est parti avec les clés et a tenté de vendre la boutique à d'autres pendant que ses amis étaient encore à l'intérieur, et n'avaient été consultés sur rien ! Je ne suis pas un politicien, je peux d'autant plus vous dire que dans la vie, on n'agit pas comme ça.
Vous leur apposez l'étiquette "extrême droite", mais aujourd'hui, les 3 députés de Nice, choisis par les habitants, sont bien tous des alliés du RN…
Les gens ont surtout voulu adresser un message à leur classe politique. Dans la troisième circonscription, Bernard Chaix fait mieux qu'Eric Ciotti dans la sienne, alors que personne ne sait qui c'est ! Même lui, il ne connaît rien des dossiers, et rien de son territoire. C'est vous dire ! Localement, ces trois députés n'existent pas : ils ne sont pas là, ne proposent rien et servent de pions pour Marine Le Pen.
Eric Ciotti propose de faire des économies et de gagner en efficacité par la suppression des Régions et des Métropoles. D'accord avec lui ?
D'accord avec l'importance de faire des économies. Mais à regarder l'utilité et les résultats des différentes collectivités, ce sont les Départements qu'il faudrait supprimer. On voit que celui des Alpes-Maritimes ne répond déjà presque plus à ses missions obligatoires. Il assure aujourd'hui une forme de représentation, mais il n'y a pas d'actions concrètes derrière.
Bio express
David Clarès a toujours évolué à Nice-Nord, où il est né, a grandi et réside avec sa famille. Fils et père de soldats du feu, il a oeuvré sur le terrain et dans les casernes durant 27 ans, notamment en tant que commandant. Avant de rejoindre une entreprise privée, un an après avoir été confronté à l'attentat de la Promenade des Anglais. Élu suppléant de Philippe Pradal, il devient conseiller départemental après l'accession de ce dernier au Palais Bourbon.