Ce mardi 24 août 2021, c'est sur la place Garibaldi que plusieurs collectifs, associations et militants se sont réunis « pour exiger l’ouverture de voies légales pour accueillir rapidement sur sol français des réfugiés afghans ». Très peu de Niçois s'étaient déplacés.
« Les gens sont terrifiés, épuisés. Ils se souviendront de tout ce qui se passe, de ceux qui les ont accueillis comme de ceux qui leur ont fermé la porte » prévient Ahmad, jeune Afghan ayant obtenu le statut de réfugié en 2018.
Rassemblée autour de lui, une petite foule l’écoute décrire la situation de ses compatriotes : « ils sont dans l’incertitude, le danger est omniprésent, et ils ne peuvent pas parler librement ».
C’est sous la pluie que ce mardi, sur la place Garibaldi, les militants de différentes collectifs ont répondu à l’appel au rassemblement. Tous espéraient mobiliser les Niçois : pourtant, la (grosse) centaine de personnes présentes est composée, en grande majorité, des assos habituelles.
Une situation que le socialiste Patrick Allemand, ancien conseiller municipal, décrit comme « vraiment désespérante » dans un tweet : « des milliers de personnes dans la rue pour dénoncer la 'dictature' qui s’installe en France (les 'anti-pass', NDLR) mais à peine une centaine pour s’inquiéter du sort des Afghans et notamment des femmes sous un régime géré par les Talibans. »
Les représentantes de différents collectifs, micro dans une main et discours dans l’autre, ont tenu à s’exprimer pour faire entendre leur indignation.
Première à se lancer : La Cimade. « Non monsieur Estrosi, notre ville n’est pas une ville d’accueil de prédilection pour les Afghans ». Et d’ajouter : « Je vous rappelle que, depuis janvier 2021, dans nos permanences liées aux demandeurs d’asile, nous avons reçu huit personnes venant d’Afghanistan : il ne s’agit donc pas d’une invasion ! ».
L'oratrice fait ainsi allusion aux propos du maire de Nice du 18 août dernier, au travers desquels il exprimait son refus d'accueillir dans notre cité des réfugiés Afghans. Malgré l'indignation de personnalités et médias de gauche, les Niçois n'ont pas particulièrement réagi… sauf pour approuver la position de l'édile.
« La France doit apporter des réponses urgentes et concrètes, et s’engager à accueillir et protéger toute personne qui fuit l’Afghanistan », réclame la représentante locale du Planning Familial.
Une inaction « indigne »
« Quelques avions militaires, c'est la seule mesure annoncée par la France. L’insuffisance des moyens que le gouvernement entend déployer est insupportable » martèle une autre.
Le collectif Droit des Femmes 06 demande quant à lui, un « asile inconditionnel ». « Pour répondre (au maire): il n’a pas à discuter de vouloir accueillir des réfugiés ou non, ce n’est pas son travail. L’asile est un devoir de l’État".
"Donc monsieur Estrosi, s’il vous plait, restez chez vous, et taisez-vous"
Collectif Droit des Femmes 06
"La lutte continue"
"On a envoyé des mails depuis la semaine dernière à la cellule de crise mise en place par le gouvernement. J’en suis à cinq ou six, je n’ai aucune réponse" explique la porte-parole de La Cimade.
"Certaines actions sont déjà en cours pour obtenir des mesures d’urgence de rapatriement : saisine vendredi dernier, contentieux lancé par deux avocates à Paris, qui ont saisi le conseil d’État…"
C’est sous les (quelques) applaudissements qu’elle termine son discours : « Ce soir, nous manifestons pour la première fois notre indignation, mais nous ne nous arrêterons pas là : nous continuerons nos actions, pour que la France remplisse son devoir d’accueil et de solidarité auprès de la population afghane. »