Sentiment d'insécurité, nuisances… À quelques pas du port, la place Garibaldi est confrontée depuis l'après-covid à une recrudescence des incivilités. Face à cela, la mairie a annoncé l'interdiction de la vente d'alcool le soir. Un mois plus tard, (premier) bilan des courses.
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C'est un lieu historique de notre cité. Les façades jaunes, les trompe-l’œil, la grande statue de Garibaldi et les terrasses des cafés… La Place Garibaldi est l'une des plus appréciées de Nice. Et pourtant, depuis la crise sanitaire, c'est pour des nuisances persistantes qu'elle fait surtout parler en ville.
Tout au long de l'année, et en particulier l'été, le site est le théâtre d'incivilités, d'un manque de propreté flagrant et parfois même de bagarres. En décembre dernier, une trentaine de commerçants, mais aussi des riverains, signaient une pétition pour de dénoncer la "très forte dégradation de leur condition d'existence et d'activité" depuis "plus de deux ans". Et d'ajouter : "elle est due à un groupe de personnes sans domicile, principalement de jeunes hommes (certains avec des chiens), qui squattent la place".
Le 9 décembre, Anthony Borré, le premier adjoint au maire chargé de la sécurité, annonçait que la Ville prenait un arrêté pour interdire la vente d’alcool, entre 20h et 8h, sur le secteur. Mais alors près d'un mois après, note-t-on des améliorations ? La parole aux commerçants.
"Abandonnée le soir"
Anthony est restaurateur et gérant de "La Maïoun". "Le soir, j'ai l'impression qu'ils sont moins présents qu'avant, on ne les voit pas". Toutefois, "reste à savoir si c'est dû à la saison et au froid, ou si c'est par rapport à l'arrêté. Je ne suis pas naïf, il n'y a pas besoin d'être un génie pour s'organiser un minimum. Ils peuvent acheter à 19h45 et faire le plein".
Il continue : "je ne critique rien concernant les mesures prises. (La commune) essaie, avec ses moyens. La méthode d'un 'petit peu leur pourrir la vie', façon de parler, ça a toujours marché. Mais ça déplacera juste le problème". Une bonne part d'entre eux sont des ressortissants d'Europe de l'Est. La police municipale n'est donc pas d'une grande utilité : charge au préfet Hugues Moutouh de prendre la situation en main. Ce qui ne semble pas flagrant jusqu'alors…
Près de la terrasse de La Maïoun, "il y a de la mendicité, mais de manière plus agressive. Avant, on réglait toujours la situation avec des mots. Ils s'en allaient. Depuis cet été, ils sont plus insistants. Certains prennent les verres de vin des clients directement sur la table !"
"Deux fois, l'un d'eux a mis directement sa main dans l'assiette des gens… Je voulais cloisonner mes terrasses pour un effet 'cocooning' mais je vais aussi le faire par sécurité".
Quelles seraient les attentes ? "Il faut vraiment dynamiser cette place. La journée, ça va. Il y a du monde qui passe. Je suis convaincu que le fait qu'elle soit autant à l'abandon le soir, ça favorise les regroupements". Pour rappel, ce restaurateur a été victime d'un cambriolage début décembre.
"Ce n'est pas Chicago…"
À la Brasserie Roze, Florian, le gérant, affirme "qu'il y a des squats sous les deux arcades des banques et sur les bancs devant le manège". Mais "on n'est pas concernés, on n'a pas de nuisances, c'est propre. J'ai une autre affaire sur la place Grimaldi, c'est envahi de SDF, mais ça, on n'en parle jamais. Il y a des problèmes, mais comme partout dans Nice finalement. Il faut arrêter : ce n'est pas un coupe-gorge. ".
Pendant l'été, "il y a un peu plus de nuisances mais des policiers sont sur la place. Honnêtement, ce n'est pas Chicago. J'ai eu une plage, pendant trois ans, le long de la Promenade des Anglais. Quand on part à minuit, on n'est vraiment pas rassurés ! Ici, ça fait deux ans que j'y suis, je n'ai jamais eu de vrais problèmes".
En revanche, Florian l'affirme lui aussi : "il faut plus d'animations à Garibaldi, le soir, mais également la journée. Il ne se passe rien. Dès qu'il y a un événement à Nice, c'est sur Masséna. J'avais d'ailleurs soumis l'idée de programmer des spectacles en jouant sur les façades".
Sur l'avenue de la République, à l'angle de la place Garibaldi, Jean-Lin, gérant de la cave à vin Bouchons & Co, pense que depuis le décret "il n'y a pas d'amélioration". "La mesure est limitée géographiquement. Il suffit de se déplacer un tout petit peu. Ça ne change pas le souci. La personne qui s'alcoolise dans la rue et crée du trouble, elle va aller chercher son alcool dix mètres plus loin. Le hic, c'est la gestion des arcades, qui est privée".
D'après lui, "pour certaines activités, ça ne le fait pas. Je vois des touristes pendant le Carnaval, par exemple, ça leur fait peur ! Pour les commerces, ce n'est jamais attrayant. Je trouve ça dommage sur une très belle place comme ça".