Avec deux places en moins, Nice se retrouve au 18ème rang du classement des villes universitaires pour cette rentrée 2021-2022. Pourtant, 45.000 étudiants vivent sous le soleil azuréen. Nice-Presse a échangé avec cinq d’entre eux, qui se bougent pour leur territoire.
Tristan Gasparro, Rémy Bruny, Léonore Gillet, Marine Vengeon et le Môme bousculent les lignes, chacun dans leur domaine.
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Solidarité étudiante
Que ce soit Tristan Gasparro, ancien président du bureau des étudiants (BDE) de l’École du journalisme de Nice ou bien Rémy Bruny, nouveau président de la FACE 06, leur intérêt est le même : améliorer la vie des jeunes.
Tristan Gasparro. Photo : Iscia Noël Rémy Bruny. Photo : Mathilde Campos
Faire aboutir des projets, aider ses camarades, c’était le quotidien de Tristan Gasparro cette année. Malgré un travail perturbé par le Covid-19, c'est plein de bonne volonté que son équipe et lui ont pu mener leurs actions. "Mis à part la FACE 06, avec le BDE de droit nous sommes les seuls a avoir organisé une distribution alimentaire au sein de l’école (de journalisme, ndlr)".
"C'est important de mener des initiatives : si on ne le fait pas, personne ne le fera"
Tristan Gasparro, ancien président du BDE de l'EDJ Nice
Son BDE a adhéré à la FACE 06 pour travailler conjointement avec ses 40 associations membres. L’objectif ? Rendre Nice la plus engagée possible. "Ce n’est pas l'une des grandes villes étudiantes, mais à notre niveau, on essaie d’inverser la tendance".
Tristan Gasparro est aujourd'hui attaché de presse dans le collectif.
Rémy Bruny partage cet avis. Pour lui, trois événements portés par l'organisme participent à dynamiser la ville. À commencer par la journée d’accueil (JAE) du 30 septembre au Jardin Albert 1er qui a pour vocation de rassembler.
La "Faceparade", accès gratuit au carnaval de Nice et le "Facetival" de musique arriveront, eux, courant 2022. Le label "Ma rentrée à Nice", lancé avec la municipalité, le Crous et les universités, propose toutes les semaines une large programmation culturelle.
"Quand on voit tous les étudiants présents aux évènements, on peut être certains que Nice n’est pas une ville de vieux"
Rémy Bruny, président de la FACE 06
La Face 06, c’est aussi un volet social. L’épicerie solidaire Agoraé et l'ouverture du restaurant, le 5 octobre, en font partie. "Les bénéficiaires (sur critères sociaux) peuvent faire quinze euros de courses par mois dans notre local, ce qui équivaut à un panier de 100 euros en supermarché".
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Le côté restauration s'adresse à tous sur présentation de la carte étudiante. "L’idée est de fournir un service tous les mardis et les jeudis, grâce à la cuisine centrale de Nice. C'est un lieu d’échange, de rencontres et de convivialité".
Jeunesse engagée
Les jeunes portent aussi des combats. En 2020, Marine Vengeon et Emma Bazou ont créé le collectif Uni.e.s Nice. Léonore Gillet, âgée de dix-sept ans, a quant à elle repris avec Ella Gagnoux et Nina Blanc le mouvement La larme verte, il y a un an et demi.
Marine Vengeon en juin 2021 - Photo : NP
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Marine Vengeon (à gauche sur la photo) est co-responsable de Uni.e.s, un collectif lancé en juin 2020, qui lutte contre le racisme et toutes les formes de discriminations. Elle milite aussi auprès du Collectif droits des femmes 06.
Son objectif premier est "d'apporter une dimension pédagogique, pour mobiliser les jeunes". Sur le compte Instagram Uni.e.s, il est possible de trouver des explications concrètes sur des sujets spécifiques pour se "familiariser avec le monde politique".
"De plus en plus de jeunes veulent s'engager"
Marine Vengeon
Pour l'étudiante, depuis deux ans, la mobilisation dans la rue est plus forte. Mais elle soulève un problème. "Nous ne sommes pas assez entendus. Nous avons besoin d'une démocratie directe entre les jeunes et les élus, qui, ne s'intéressent parfois qu'aux personnes âgées".
Léonore Gillet confirme cette mobilisation massive des jeunes. "Notre génération veut faire bouger les choses". La Larme verte, ONG consacrée à l'écologie, propose diverses mobilisations (marches,…). Mais, son outil premier reste les réseaux sociaux.
"Nous partageons des informations en stories, des vidéos explicatives, des conseils pour une démarche plus verte"
Léonore Gillet, responsable de La Larme verte
Les trois amies à la tête de l'initiative ont envie de revenir à l'essence même du mouvement : se maquiller une larme verte tous les vendredis, à l'appel de Greta Thunberg.
" Ça attire l'attention et ça nous permet de sensibiliser plus facilement les gens à notre cause". Un combat pas évident à mener à Nice, selon elle :"il y a trop peu d'initiatives écologiques, c'est dommage, ça concerne pourtant tout le monde".
Dans les arts
À 24 ans, Grégory Rossi, plus connu sous le nom le Môme, est un rappeur niçois. Après l’obtention de son diplôme en boucherie, charcuterie, traiteur, il enseigne son savoir-faire dans un lycée professionnel. C’est en 2018, qu’il s'est lancé dans la musique.

"J’ai commencé le rap vers seize ans, parce que mes amis en faisait. Quand j’écrivais mes textes, je me sentais bien".
EP, concerts, cours d’écriture… Son but ? Partager sa passion. C’est avec l’association Zebr’Art Connexion, dont il est le président, qu’il mène des ateliers au sein d’établissements scolaires ou des maisons d’arrêt pour mineurs.
Faire sortir les jeunes de leur quotidien et rendre l’écriture plus accessible sont les principales motivations de l’asso. Le collectif propose également des podcasts pour soutenir les artistes locaux.
"Le rap, c’est une musique de débrouillard. Tout le monde peut le faire, il suffit d’être motivé "
Le Môme, artiste niçois
Pour lui, sa musique est "éclectique", pleine de messages d’espoir : "il est important de croire en ses rêves et de garder son âme de môme", fait-il valoir.
"C’est notre génération qui va changer la donne"
Le Môme
Le rap, un style musical encore soumis aux préjugés. Pour l'artiste, rapper dans une ville comme Nice demande de la détermination. "Au niveau démographique, il y a beaucoup de personnes âgées. Certains ne comprennent pas forcément 'l’intérêt' de ce que l'on propose".
Mais une évolution est notable. "La Ville propose de plus en plus de choses, les jeunes se lancent davantage… Dans cinq ans, la culture aura explosé".
Le Môme rêve de vivre de sa musique. En attendant, il continue de préparer ses projets. Son album, Bicéphale, sur le thème de la "dualité des êtres humains" sortira cet autonome.