Après une rénovation d’envergure livrée en 2018, l’aménagement d’un théâtre dans l’ancienne église du Moyen-Âge s’apprête à donner un nouveau lustre à la place Saint-François, véritable joyau niçois longtemps délaissé.
Il sera bientôt très loin le temps où on ne comptait parmi les plus belles places de Nice, entre autres, que Garibaldi, Masséna et Rossetti. Des décennies durant, le charme de Saint-François a été gâché par son tas de voitures mal garées qui lui donnait un air de parking sauvage, entouré de bâtiments fatigués.
Premiers pas vers une nouvelle vie à l’été 2018. Après huit mois de travaux, l’endroit retrouve une partie de sa majesté : exit l’amas de véhicules, l’accès étant désormais réglementé. La fontaine est restaurée, les pavés également.
L’objectif est d’en faire à nouveau un carrefour “vivant, résolument orienté vers la culture”. L’arrivée imminente du Théâtre national au sein de l’ancienne église du XIIIème siècle en sera, à coup sûr, la clé de voute.
Laquelle a connu plusieurs usages… très variés. Saisie par l’armée française en 1798 puis revendue, elle est compartimentée en plusieurs lieux dès 1817, comme le rembobine Stéphane Morabito, directeur des patrimoines, pour Nice-Presse le 31 mars. Sur plusieurs niveaux, des logements, bureaux et locaux techniques sont installés. Sa façade est percée d’une dizaine de fenêtres, lui donnant l’allure d’un banal immeuble d’habitation.
Elle accueille une tannerie et un cinéma autour de 1932, devient un dépôt à poubelles à partir de 1976 avant de voir arriver un “dancing” dans les années 1980-90. Au fil du temps, les décors et parois historiques ont été recouverts de béton et d’enduits, si bien que l’église est méconnaissable.
Des recherches archéologiques d’ampleur menées il y a une dizaine d’années mettent au jour le patrimoine exceptionnel que nous connaissons aujourd’hui.
En 2018, on peut déjà admirer le dégagement partiel du grand volume de l’église, avec 14 sur 48 mètres au sol. Le “rez-de-chaussée” n’a pas encore été dégagé :
L’endroit a poursuivi sa mue ces derniers mois pour recevoir dès cette année l’une des salles du TNN. Le chantier aura coûté environ 8 millions d’euros.
Dehors, les atteintes du temps ont été gommées pour faire découvrir aux Niçois une façade insoupçonnée jusqu’alors :
La salle, avec ses 14 mètres de hauteur, verra pleinement débarquer ce mois-ci le Théâtre national. Elle pourra accueillir les spectateurs sur des gradins modulables - jusqu’à 304 assis ou 584 debout - d’un seul côté, de trois, ou des quatre pour une ambiance immersive, idéale pour le spectacle vivant au sens large : théâtre, danse…
À cela s’ajoutent un vestiaire, un lieu d’accueil, des bureaux, un bar et restaurant, un foyer, et deux salles de répétition disposés dans le couvent et le bâtiment de l’Aigle d’Or. Le 22 février, nous vous faisions découvrir les décors et fresques découverts et restaurés dans l’ensemble patrimonial.
L’inauguration est prévue le jeudi 7 avril. Pour le grand public, rendez-vous le 26 pour une première représentation, avec “le Sourire de Darwin” interprété par Isabella Rossellini.
Des visites seront proposées en marge des différentes représentations, et un rendez-vous culturel majeur y organisera des rencontres dès cet été.
Mémoire de la ville, le marché aux poissons a, lui aussi, traversé le temps.
Dans le cadre de la nouvelle offre culturelle niçoise impulsée par le maire Christian Estrosi, d’autres salles de spectacle lèvent le rideau à Nice : “La Cuisine”, équipement éphémère installé à l’Ouest sera livré le 25 avril, l’espace en sous-sol d’Iconic, au Nord sera à découvrir au plus tard le 1er janvier 2023. Place ensuite à la salle frontale installée dans le futur Palais des Arts et de la Culture (le « rebranding » du Palais des Expos actuel) en 2025.