À la tête de l'association "Nice au Coeur", l'ex-élu PS Patrick Allemand tente de mobiliser pour sauver le Théâtre national et le Palais des Congrès de la démolition. Au-delà des pétitions, il propose d'attaquer le projet en justice. Le Rassemblement national local vient en soutien.
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C'était l'un des débats les plus agités du dernier conseil municipal : le projet de destruction du TNN et d'Acropolis. Christian Estrosi l'avait promis à l'occasion des dernières municipales : il compte étendre vers le Nord la Coulée verte pour conforter Nice dans son statut de "ville verte de la Méditerranée". Et bâtir un tout nouveau palais des congrès, plus compétitif à l'international, à l'ouest.
L'opposition Rassemblement national avait passé un bout de la campagne à torpiller l'idée. Le soir du second tour, son chef de file Philippe Vardon appelait à l'organisation d'un référendum local. En vain : un an et demi après la fameuse promesse, la procédure avance.
Actions sur le terrain
Mais pas aussi simplement que ce que l'on pourrait croire, estime l'ancien conseiller municipal socialiste Patrick Allemand ce lundi 11 octobre : "on sent une fébrilité sur ce sujet. Le maire comprend que les choses ne seront pas faciles, contrairement à ce qu'il a pu penser". Une illustration de ces doutes ? "Il a remis en cause, la semaine dernière, la crédibilité de la pétition que nous avons lancé. Elle est très gênante pour la Ville, parce qu'elle a réuni presque 2.000 personnes."
Le maire, lui, s'en tient au bilan positif tiré de la dernière concertation publique. Pourquoi Patrick Allemand n'a-t-il pas plutôt encouragé les gens à y participer, plutôt que de lancer une pétition sur Internet qui peut effectivement être faussée (créer différentes adresses email pour s'exprimer plusieurs fois n'a rien de très sorcier) ?
"On ne peut pas créer plusieurs centaines de faux comptes" balaie le président de "Nice au Coeur". "Et cette concertation a été menée en plein été, l'idée de la municipalité était de réunir le moins de monde possible. Mission réussie, puisqu'elle n'a reçu que 200 avis !"
Quand bien même, 2.000 signatures pour cette pétition, ce n'est pas grand chose à l'échelle d'une ville de 345.000 habitants. "Mais il y en aura bientôt plus" veut croire Patrick Allemand. "Nous allons proposer aux Niçois de s'exprimer sur papier, à la sortie des écoles, sur les marchés…"
Poursuites
"Nice au Coeur" ne s'arrête pas là : "nous avons écrit à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, à la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC). Nous avons aussi saisi le Conseil national de l'ordre des architectes."
Prochaine étape ? Créer un "contentieux juridique, moyen le plus efficace pour sauver le TNN. Au conseil municipal, Christian Estrosi a une très large majorité qui votera tout. Alors la justice peut nous donner gain de cause".
Pour financer ce combat, Patrick Allemand compte sur la "solidarité" :"Une association de défense du TNN a été créée. Je leur demande d'ouvrir une souscription publique pour couvrir les frais d'avocats. Si on ne lance pas cette procédure, Estrosi sera tranquille".
Et les autres partis ?
L'opposition au conseil municipal semble moins inventive. Les écolos dénoncent le projet, mais n'ont rien mis en place pour le contrer.
"Ce combat dépasse les clivages politiques traditionnels" avance tout de même le président de "Nice au Coeur". Preuve en est, le groupe du Rassemblement national compte bien se mettre, en partie, dans sa roue : "Toutes les initiatives sont bonnes, et c’est très bien que Patrick Allemand ou quiconque d’autre mène cette bataille sur le terrain associatif. Nous soutiendrons même les actions que nous pensons utiles" explique à Nice-Presse Philippe Vardon.
Avant de promettre : "Nous allons nous battre pied à pied face à la municipalité Estrosi sur le front politique, et nous avons une campagne d’information et d’actions en préparation."