La culture au coeur des débats. Ce 6 mars, le maire de Nice réunissait 300 acteurs du secteur pour prendre, localement, le pouls de l'activité : remarques, idées, critiques… Le micro a pu circuler dans l'assistance pendant bien plus d'une heure.
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C'était le grand rendez-vous du monde des arts, ce jeudi 6 mars, aux Franciscains. Christian Estrosi y proposait un débat public pour écouter les principaux concernés. Après une introduction assez institutionnelle d'une vingtaine de minutes, chacun a pu se saisir du micro, tour à tour, pour partager ses préoccupations.
Pour cet exercice, déjà organisé cette fois avec des riverains dans le quartier de Saint-Roch notamment, la salle était pleine, comptant parmi les participants les dirigeants des principales maisons niçoises (voir notre futur article dédié), comme Bertrand Rossi de l'Opéra ou Muriel Mayette-Holtz du Théâtre national, des associations, mais aussi, évidemment, les indépendants.
Pas assez d'espaces pour exposer ?
"Je vous passe la parole, vous pouvez y aller et vous déchaîner". Immédiatement, une main se lève. Simon Couvin, artiste-photographe-plasticien au Centre culturel 109 : "je souhaite vous remercier pour le 100% culture à l'école (ce plan qui permet aux élèves de bénéficier d'une douzaine d'heures d’enseignement artistique et culturel, financé par la mairie, NDLR). Je peux désormais m'investir dans pas mal d'établissements scolaires".
Bémol, sur un autre sujet : au 109, "nous sommes 27 artistes mais nous n'avons pas d'espaces pour exposer. Pourrait-on en avoir ?". Réponse du maire : "c'est possible, on est en train d'identifier de nouveaux sites…" (Voir encadré ci-bas)
Un peu plus loin, le président de l'association des Amis du Muséum d’Histoire Naturelle explique qu'il y a deux ans, "nous avons vu arriver l'élu Jean-Marc Giaume, qui nous a fait plein de promesses, et on n'y croyait pas trop… Mais, depuis, les choses évoluent merveilleusement bien ! Ce n'est pas un parti pris, nous pouvons le constater". Un bâtiment en bordure de coulée verte dont les façades, notamment, viennent d'être reprises.
Pour Joris Frigerio, le directeur de la Compagnie Les Hommes de Mains, "les arts circassiens sont en plein essor, avec un boom immense ces dernières années… Je suis persuadé qu'il y a un manque à Nice. Cela fait des années que j'imagine un lieu dédié. J'ai différents partenariats avec les musées, je suis soutenu par le TNN… C'est super, mais nous pourrions faire mieux".
Alexandrine est photographe, et a du mal à savoir à qui s'adresser : "Que fait-on vraiment pour les artistes émergents ? Pour ceux qui ne savent pas vers qui se tourner ? Qui n'ont pas toujours de lieu où se rassembler ?"
"Bâtir une politique culturelle, ce n’est pas détruire"
La CGT Spectacle a également obtenu le micro, pour livrer sa lettre ouverte. "Comme des milliers d'artistes professionnels mobilisés dans toute la France, nous défendons la nécessité d'un véritable service public de la culture. Nous reconnaissons que certains efforts sont faits par la municipalité dans ce domaine". Pour le reste, "nous sommes inquiets de cette politique cherchant le rayonnement, le dynamisme… mais surtout le retour sur investissement. L'art n'est pas rentable, la culture n'est pas compétitive".
Reste à rappeler que les magistrats de la Chambre des comptes rendaient récemment le bilan d'une enquête attestant que sur le dernier exercice audité, "avec 80,5 millions d'euros de dépenses culturelles, le ratio par Niçois est de 237 euros, contre une moyenne nationale de 127 euros".
Les syndicalistes poursuivent : "Bâtir une politique culturelle, ce n'est pas détruire. Quelle tristesse de se promener dans ce tout petit carré de verdure qui a remplacé le Théâtre national de Bayard, de voir disparaître les magnifiques salles d'Acropolis…"
Trois questions pour conclure : "acceptez-vous de porter notre parole auprès des ministères ? Seriez-vous prêt à faire adhérer Nice au dispositif GIP cafés cultures (des fonds dédiés au soutien de l'emploi artistique et technique, NDLR) ? Et de dialoguer enfin avec les syndicats représentatifs des techniciens et des artistes professionnels ?"
Et d'obtenir une réponse de Christian Estrosi : "je laisse la parole libre, y compris à ceux qui, pourtant, interviennent sur un sujet qui n'est pas l'objet de la réunion de ce soir". "Et c'est quand, alors, le bon moment ?" sifflent certains.
Les réponses officielles, parfois trop longues, ont un peu réduit le nombre de questions qui purent être posées. Mais l'échange a dépassé la durée prévue, et ceux qui ont souhaité rougner — à juste raison parfois ! — on pu le faire librement et publiquement. Est-ce le cas dans toutes les villes ?
POUR LA CULTURE, UNE PLATEFORME WEB UNIQUE
Comme le maire l'avait évoqué dans Nice-Presse la semaine passée, le calendrier du Palais des Arts, décalé de deux ans, est confirmé pour 2030, avec une salle de théâtre de 800 places dans l'actuel Palais des Expos, associée à une nouvelle version de la cinémathèque (et possiblement un hall d'expositions). La bibliothèque Nucéra rénovée rouvrira "en fin d'année". Avant cela, cet été, la Ville lancera une plateforme web qui permettrait de réserver des billets pour l'ensemble de l'offre culturelle niçoise. Enfin, le Palais communal de la place Saint-François pourrait, même si rien n'est confirmé, accueillir des galeries d'art.