Silencieux depuis longtemps, mais toujours debout, le Moulin des Pugets conte plus de cinq siècles d’histoire laurentine. De l’acte d’habitation signé en 1468 aux grandes famines du XVIIIe siècle, des crues du Var aux ventes successives, jusqu’à sa donation à la commune en 1993, il demeure le témoin d’un certain patrimoine rural.
L’histoire du Moulin des Pugets plonge ses racines dans un Moyen Âge meurtri. Après la Peste Noire (1347-1351), les guerres civiles et les ravages des Grandes Compagnies, le terroir de Saint-Laurent-du-Var est quasiment déserté.
C’est l’évêque de Vence, Raphaël Monso, qui relance la vie locale. Le 16 mai 1468, il signe un acte d’habitation avec trente familles venues du Val d’Oneglia : elles obtiennent le droit d’exploiter terres, fours… et moulins.
Du seigneur aux Pisany
Le moulin apparaît alors comme « une ressource essentielle, non seulement pour produire, mais aussi comme un lieu autour duquel s’organise la vie collective » nous rappelle Laetitia Berthoin, responsable du service archives et patrimoine culturel.

Au fil des siècles, les propriétaires se succèdent. En 1698, la seigneurie de Saint-Laurent est vendue par l’évêque de Vence à Jean-François Henry de Pisany. Son descendant, Joseph-César de Pisany, fait expertiser le moulin en 1737, puis construit de nouvelles installations.
Mais la misère frappe : en 1760, les mauvaises récoltes et un parasite sur les oliviers provoquent la famine. En 1772, le seigneur exige de la communauté qu’elle paie un droit de mouture. Peu après, une partie du domaine est vendue à Étienne Daidery.
Révolution et communalisation
À la Révolution, le moulin devient bien communal (1789). En 1791, il est vendu aux enchères pour 700 livres. Mais le Var, imprévisible, menace sans cesse : crues, destructions, réparations s’enchaînent.
« Le fleuve a souvent façonné l’histoire du moulin, parfois en le détruisant, contraignant les habitants à le reconstruire » souligne Laetitia Berthoin.
En 1801, les moulins endommagés par l’armée d’Italie sont confiés à des artisans contre entretien. Puis en 1806, le conseil municipal rétablit la « banalité », soit l’obligation d’utiliser le moulin communal.

En 1808, les héritiers Daidery cèdent le domaine au général Louis Partouneaux. Son fils installe en 1833 une scierie sur les terres du Puget.
Mais l’endiguement du Var (1825-26) et les grands travaux de modernisation modifient l’équilibre du site. En 1861, les moulins passent à Edouard Blachier, puis à Auguste Raynaud et François Astier.
Quel avenir ?
Le XXe siècle voit les transmissions se poursuivre : en 1922, Claude-Marius Martin et son épouse deviennent propriétaires, en 1948, Madeleine et Claude-Paul Martin héritent du domaine.
Enfin, en 1993, ce dernier, avec son épouse Marcelle Gorlin, fait don du Moulin des Pugets à la commune de Saint-Laurent-du-Var, sous une condition claire : en préserver la vocation culturelle et historique. Pas question d’immeuble ni de béton, mais un lieu pour expositions, conférences, réceptions municipales.
Aujourd’hui, le Moulin des Pugets ne fait plus tourner ses meules. « C’est à la fois une empreinte et un repère, qui rappelle que Saint-Laurent-du-Var n’a pas toujours été cette ville moderne tournée vers le littoral, mais aussi une terre de paysans et de meuniers » souligne encore Laetitia Berthoin.
Et demain, que deviendra le Moulin des Pugets ?
Contactée par Nice-Presse pour en savoir plus sur l’avenir du site, la mairie de Saint-Laurent-du-Var confirme que le projet reste toujours à l’étude. « Tout ce que nous pouvons dire, c’est que la Ville est en réflexion et en concertation avec la population sur un projet qui sera adapté au site et accepté par tous. » Affaire à suivre !





Madame Martin m’avais contacté lors de l’opposition ACL à la construction d’un port de commerce à Saint Laurent du Var. Elle m’avait donné les articles de NM classés pour 50 ans aux AD06. Sa belle-sœur était DCD lors du tsunami, Moulin des Pugets d’Antibes. Le Moulin du Loup est de la même famille. A peine le don de succession effectué, les bulldozers arrivaient ! Très âgée elle avait dû retourner au tribunal pour les arrêter ! Un tailleur de pierres connu, qui a travaillé à la Fondation Maegt et Monaco, avait proposé d’encadrer des jeunes pour rénover le moulin, en échange de pouvoir déposer ses œuvres devant.… Lire la suite »
Merci à Nice Presse pour cet article sur le patrimoine le plus délaissé de Saint Laurent du Var
Merci beaucoup d’avoir donné suite à ma requête et d’avoir mis en avant notre patrimoine qu’est le Moulin des Pugets😉😉👏👏