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Circonstances, enquête, profil de l'assaillant, zones d'ombre… Nice-Presse fait le point sur l'attaque au couteau qui a blessé un prêtre et une soeur dimanche 24 avril dans l'église Saint-Pierre-d’Arène.
1. Que sait-on des faits ?
Il est environ 10 heures lorsque Kévin R. entre dans l'église Saint-Pierre-d’Arène située au 61, rue de la Buffa à Nice, à deux pas de la promenade des Anglais.
Des religieux et fidèles préparent la messe qui doit avoir lieu dans une vingtaine de minutes.
Le père Krzysztof Rudzinski est attaqué. L'assaillant, armé d'une lame de 7 centimètres, l'a touché une vingtaine de fois. Le prête d'origine polonaise est blessé au thorax et au mollet.
Sœur Marie-Claude a elle aussi été blessée après avoir tenté de s'interposer tandis qu'une fidèle aurait donné un coup de crucifix sur la tête de l'agresseur.
Ce dernier est rapidement arrêté, "conjointement par la police nationale et la police municipale" après une très brève course poursuite.
L'homme d'église est admis à l'hôpital Pasteur. Son pronostic vital, tout comme celui de la paroissienne blessée, n'est pas engagé. Ils ont été opérés.
2. Qui est l'assaillant ?
L'auteur des faits est un Français de 31 ans né à Fréjus et vivant à Nice, chez ses parents.
Inconnu des services de police, Kevin R., sans profession, souffre de troubles mentaux pour lesquels il est soigné depuis plusieurs années. Il se serait retrouvé à cours de traitement quelques jours avant de commettre son attaque.
Bernard Gonzalez, le préfet des Alpes-Maritimes, a indiqué dimanche soir qu'il s'agissait de l'oeuvre d'un "déséquilibré". Le suspect a été hospitalisé d'office (HO) en unité psychiatrique après un passage en garde à vue, comme le procureur l'a expliqué à Nice-Presse dimanche soir.
L'homme était aussi "un habitué de la paroisse" a indiqué Gil Florini, le curé-doyen de l'église Saint-Pierre-d’Arène, sur BFM Nice Côte d'Azur. "Il vient très régulièrement quand il n'est pas sous traitement ou hospitalisé."
3. Où en est l'enquête ?
La piste terroriste a été écartée dimanche soir, le Parquet national anti-terroriste (PNAT) ne s'est pas saisi de l'affaire. Une information confirmée à Nice-Presse par Xavier Bonhomme, le procureur.
Une enquête a été ouverte pour « tentative d’homicide volontaire » et « violence volontaire avec arme ». Pour le moment la police judiciaire (PJ) attend le feu vert des médecins pour mener un interrogatoire.
L'agresseur a « spontanément déclaré aux effectifs de police qu’il était de confession juive et qu’en ce jour d’élection, il voulait tuer Macron et qu’il s’était finalement rabattu sur une église » a indiqué une source policière à l'AFP.
Suite à ces propos le Crif (Conseil représentatif des institutions juives) Sud-Est "a confirmé au représentant du Diocèse que cet individu était totalement inconnu de la communauté juive" et "que sa famille était aussi parfaitement inconnue de la communauté juive".
Selon l'organisation, il apparaît que "le dénommé Kévin R. n’est absolument pas de (cette) confession".
4. Quel mobile ?
La déclaration faite par Kevin R. aux forces de l'ordre indique un éventuel motif politique, qui reste à vérifier.
Selon une enquête de Valeurs Actuelles, l'auteur des faits est apparu en 2017 dans un reportage diffusé sur C8. On l'y voit notamment participer à une réunion publique du Front national de la jeunesse (FNJ).
Un moment filmé en caméra discrète où le mis en cause se fait remarquer par des propos racistes et homophobes.
"Je ne suis pas raciste hein… enfin peut-être un peu mais bon" a-t-il déclaré face à Bryan Masson, responsable de l’antenne jeunesse au moment du tournage. Et d'ajouter "Moi j’ai une éducation à l’ancienne tu vois, et les homosexuels ce n’est pas mon délire."
L'homme était alors candidat pour devenir militant mais Valeurs Actuelles précise que "rien ne prouve à ce stade qu’il a été adhérant du FN par la suite."
Le patron du RN à Nice Philippe Vardon assure à Nice-Presse « ne l’avoir jamais croisé ».
5. Et maintenant ?
Lundi 25 avril, le lendemain de l'agression, sœur Marie-Claude a témoigné pour la première fois au micro de RTL.
"Le garçon s'est arrêté (de frapper). Je ne sais pas comment. Moi, je pense avec la grâce du Seigneur, car on la demande régulièrement" a-t-elle indiqué.
Et d'ajouter : "Il avait tout pour à la fois pour me donner un coup de couteau à la carotide ou dans le cœur, et pareil pour le père Christophe. Il s'est arrêté. Pourquoi ? Je n'en sais rien."
Malgré l'épisode d'une grande violence et sa blessure, un muscle coupé à la main droite, elle l'assure : "Je n'ai aucune vengeance, aucune haine. C'est lui qui est blessé, plus que nous encore."