La question des enfants présents dans un campement illégal sur le boulevard du Mercantour provoque une montée de fièvre entre la mairie de Nice et le Conseil départemental, qui se renvoient leurs responsabilités. La législation actuelle apparaît, de fait, inadaptée.
À l'occasion des dernières élections législatives, Éric Ciotti en avait fait un argument de campagne, pointant le "saccage de Nice." Depuis plusieurs mois, un campement illégal de ressortissants Est-européens (Roms et Bulgares) s'est "installé" à l'Ouest, boulevard du Mercantour, sous l'autopont. La mairie et le Conseil départemental, en conflit ouvert, se taclent ouvertement sur les réseaux sociaux.
En attendant, des enfants jouent tout près de la route, des matelas à l'hygiène effroyable sont installés sur la chaussée…
Les services de Christian Estrosi ont déposé leur demande auprès de la justice il y a trois mois. La Ville espère donc faire démanteler le camp par la police nationale "certainement dans les jours prochains", sitôt la décision enfin reçue, sur le modèle de ce qui est en cours sur la digue du Port Lympia. En sachant que ces populations iront sans doute s'installer pas trop loin juste après.
Le clan Ciotti, par la voix de la députée LR Christelle d'Intorni, estime que la mairie ne s'est pas occupée du squat de Nice-Ouest parce qu'il reste "très éloigné des zones touristiques". Côté municipalité, on renvoie dans les cordes le Conseil départemental des Alpes-Maritimes, qui est sensé s'occuper, au vu de ses compétences, des mineurs présents dans ces installations insalubres…
Le premier adjoint Anthony Borré a bien pris la plume pour en saisir le CD06, dans une lettre datée du 17 mai 2022, dont Nice-Presse a obtenu une copie. Le cabinet du président du Département lui a répondu trois semaines plus tard, avec un courrier publié sur les réseaux sociaux depuis.
On peut y lire, en résumé, que les enfants ont systématiquement disparu entre le moment où leur présence est constatée, et celui où les services concernés reviennent pour les emmener. Et le Département d'appeler la Ville et l'État à agir en premier…
"Comportement criminel"

Point de situation : "une série d'aberrations fait que nous devons lancer une procédure judiciaire très, très longue et compliquée pour enfin espérer pouvoir faire évacuer ce squat par la force publique. Le dossier, nous l'avons lancé" souligne l'adjoint au maire Gaël Nofri, contacté par nos soins ce mardi 2 août. "Nous nous sommes rendus sur site à plusieurs reprises."
"Au niveau de la gestion de l'enfance, c'est scandaleux. Ce qui est raconté par le Conseil départemental, c'est faux" poursuit-il. "Il s'abrite derrière des arguties d'inaction. Lorsqu'il s'agit de mineurs, il y a des procédures d'urgence, et Dieu merci ! Ils pourraient être préservés, il y a de vraies possibilités."
"La réalité, c'est qu'il y a un désintérêt total de la part du président de fait du CD06, Eric Ciotti, disons-le comme c'est, il s'agit d'une instrumentalisation politique de sa part." Le Département souhaiterait-il alors un "pourrissement" de la situation ? "Bien sûr, c'est évident."
"Au vu de ce qui est risqué par les enfants, des maladies ou un accident, c'est un comportement criminel. Une action fautive de la part du Conseil départemental"
Lequel ne nous a retourné qu'un sobre "Aucun commentaire." par SMS.
Le développement de ces campements illégaux dont se plaignent les riverains mais contre lesquels la municipalité n'a que peu de moyens d'action rapide est devenu un exemple majeur de la nécessité d'une réforme en matière d'immigration illégale et de décentralisation.
Le maire Christian Estrosi a d'ailleurs formulé à ce sujet au ministère de l'Intérieur une série de propositions cette semaine. À l'Assemblée nationale, le député niçois Philippe Pradal (H) pourrait s'en faire le relais.