Le 1er février, plusieurs directeurs de théâtres se sont réunis, aux côtés des représentants de la mairie, pour faire un point sur leur situation. Et elle est loin d'être brillante.
L’ambiance était plutôt chaleureuse au théâtre de la Libé mardi après-midi. Une apparente bonne humeur qui n'a pas pu cacher très longtemps l'agacement des patrons de théâtres. Près de deux ans après une première fermeture liée à la crise sanitaire, les 23 salles de spectacle de la ville ont du mal à s’en sortir.
Benoît Tessier, président de la fondation des théâtres maralpins et directeur de celui des Oiseaux, explique : "depuis 2020, on patine. Nos salles sont au plus bas, et on a envie de redémarrer fort, on en a besoin. Ça passe par un appel à l’aide à la municipalité, mais également au public."
L’an dernier, la Ville versait une aide de 200.000 euros, relèvent-t-ils, pour "soulager la trésorerie des entreprises concernées en compensant une partie de leurs pertes de recettes de billetterie en raison des confinements, couvre-feux et réductions de jauges."
Une somme jugée « insuffisante » par les directeurs réunis mardi.
Chistian Estrosi avait déjà convié les représentants du spectacle vivant local le 17 janvier. L'occasion d'annoncer qu'en 2022, 86 structures seront subventionnées, pour un total de 2.22 millions d’euros, malgré la crise (le TNN, public, obtient 1.5 million de subvention, rapportait Nice-Presse cette semaine). Avec le lancement du plan « Nice 100% Culture à l’Ecole », 16 collectifs artistiques, incluant ceux du spectacle vivant, seront accompagnés à hauteur de 84.660 euros sur l'année scolaire.
"Un art qui se laisse mourir"
Les pros ne pointent pas la municipalité du doigt pour autant. Sébastien Cypers, directeur du Cours, relève avoir obtenu, avec trois de ses confrères niçois, un soutien supplémentaire pour faire face à leur déficit.
Tendance de fond, les théâtres attirent de moins en moins de public. Benjamin Vergnes et Emmanuelle Lorre, co-gérants de celui la Libé, notent une grande diminution des spectateurs depuis le début de l’épidémie :
"Le problème, c’est que les gens pensent à retourner au cinéma, dans les stades, dans les concerts, mais pas au théâtre. C’est un art qui est en train de se laisser mourir"
Se sauver par la com’?
Pour s’en sortir, tous demandent à la mairie une campagne de publicité plus importante qu’aujourd’hui. Emmanuelle Lorre regrette notamment l'attention accordée à tous les domaines culturels, à l'exception de leur discipline.
Patrick Mottard, chargé du Spectacle vivant dans le gouvernement municipal, promet de "faire le nécessaire". "Je ne laisserai personne sur le côté" a-t-il promis. Pour lui, la relance passera par les jeunes, qu'il faut réussir à attirer en nombre dans les lieux de culture.
Le mois dernier, Christian Estrosi annonçait déjà que "pour le public et afin de renforcer (la) communication, nous créerons un kiosque culture–billetterie pour l’ensemble de l’offre évènementielle niçoise."
Tous les directeurs présents dans la salle espèrent obtenir "des réponses et des résultats concrets" avant le 27 mars, journée mondiale du théâtre.
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