Certaines vidéos massivement relayées sur les réseaux sociaux laissent penser que la crise des drogues dures se propage dans les rues du centre niçois après avoir ravagé plusieurs villes américaines. Par ailleurs, le gaz hilarant, dangereux et polluant, provoque déjà chez nous accidents de la route et tapage nocturne. Entre santé et sécurité urbaine, le porte-parole de la campagne municipale d’Eric Ciotti (UDR-RN), député européen et spécialiste des questions sanitaires, le professeur Laurent Castillo, est l’invité de Nice-Presse Dimanche.
Dans plusieurs rues proches de Jean-Médecin, toutes proportions gardées, on se croirait presque dans un docu sur le drame du Fentanyl. Que faire, alors que les personnes toxicomanes se retrouvent dans des situations inhumaines ?
Sûrement pas fermer une rue à grand renfort de communication ! La toxicomanie est une maladie : il faut des centres spécialisés, des places d’hospitalisation adaptées, une prise en charge médicale et une réponse pénale, sur certains aspects. Il faut ouvrir davantage de lits, notamment de jour, pour répondre aux situations d’urgence psychiatrique. Aujourd’hui, on n’a pas les capacités, les moyens sont insuffisants. Déplacer le problème d’une rue à l’autre ne sert à rien.
Cela reste rare, mais une agression commise avec une seringue avait choqué. La santé rejoint-elle la question de la sécurité ?
Oui. La santé, c’est aussi le bien-être social. On ne vit pas bien dans un endroit où l’on ne se sent pas en sécurité. L’insécurité grandissante à Nice fait partie de la santé publique. La police municipale doit être plus présente sur le terrain.
🔵 Dans Nice-Presse Dimanche, l’homme fort de la campagne d’@eciotti pour les Municipales 2026 revient sur les polémiques locales, l’avenir de la Métropole et les grands axes de la bataille électorale qui s’annonce.#Nice06 @BernardChaix
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Et le protoxyde d’azote, ce pseudo « gaz hilarant », de plus en plus répandu, dont la mairie vient d’interdire la vente ?
Il faut d’abord de la prévention et de l’information. Mais il faut aussi de l’autorité : si la police nationale et la police municipale interviennent sans que des sanctions suivent, ça ne sert à rien. Les jeunes l’ont intégré et se sentent intouchables. À un moment, il n’y aura que la punition qui permettra de changer les choses.
Vous qui êtes un spécialiste de ces questions, que diriez-vous du système de santé niçois ?
Les Niçois qui vont aux urgences savent que tout ne va pas bien. L’offre de soins existe, nous avons une densité médicale correcte, mais l’accessibilité n’est pas optimale, notamment dans la gestion de ces urgences. Tout repose sur la bonne orientation du patient. Aujourd’hui, si vous avez une entorse de la cheville, vous finissez aux urgences. La régulation médicale doit être renforcée, et l’intelligence artificielle peut aider à améliorer les délais et à indiquer au patient le bon service.
La mairie, dont ce n’est pas une compétence première, a ouvert des maisons de santé dans les quartiers mal équipés ou enclavés. Une bonne idée ?
C’est insuffisant. La prévention n’est pas assez développée. La santé est le domaine le moins politicien, on peut toujours faire mieux. J’aimerais que demain, à Nice, on améliore réellement l’accessibilité au médecin et la prise en charge.

L’hôpital Lenval est en crise. Pour l’avenir, la mairie suggère notamment de « créer de beaux services de pédiatrie » dans un futur Centre des santés installés dans la Plaine du Var. Vous vous y opposez, pourquoi ?
C’est le symbole de la communication municipale : annoncer un grand projet sans financement, sans l’accord des partenaires, notamment le centre de lutte contre le cancer, la Fondation Lenval… On ne peut pas lancer une telle annonce sans concertation. Les finances de l’hôpital public sont dans un état déplorable, et à peine l’extension de Pasteur 2 achevée (et c’était, oui, un impératif), on nous parle d’un nouvel hôpital. C’est irréaliste.
Pour ce qui est de Lenval, il y a aujourd’hui un conflit entre établissements et des difficultés de moyens. Je connais bien la pédiatrie, j’ai dirigé ce secteur au CHU : elle doit rester à Lenval. C’est un joyau du territoire, et nous ne laisserons pas disparaître cette expertise. On doit inventer de nouvelles solutions, certainement pas la disperser.

Vous regrettez que Nice n’accueille pas tant de congrès médicaux que cela, qu’est-ce qui vous inquiète ?
La situation est déplorable. Nice était le deuxième centre de congrès médicaux de France. Aujourd’hui, ce sont Cannes et Monaco qui se frottent les mains en récupérant ces événements, depuis que le Palais Acropolis a été démoli par Christian Estrosi. Les retombées économiques sont pourtant énormes. Il faut absolument reconstruire un site capable de recevoir ces rendez-vous. Avec Éric Ciotti, nous nous y engagerons.
Alors que votre carrière professionnelle est faite, vous avez rejoint l’arène politique, et notamment Éric Ciotti dont l’alliance avec le RN a fait débat. Avec du recul, prendriez-vous la même décision ?
Je n’ai jamais hésité. Il a toujours agi pour Nice. Il m’a placé sur la liste LR des élections européennes 2024 pour porter ces sujets, et je lui fais confiance. Je ne suis pas un politicien de carrière, je reste un médecin au service du public. Je veux rassembler, travailler à gauche comme à droite, et garder la santé hors des clivages.



