Un texte prohibant la corrida sera discuté au Palais Bourbon dans deux jours, à l'initiative de la gauche. La pratique, souvent contestée mais jamais interdite, fait toujours autant débat.
L'idée sera examinée à l'Assemblée le 24 novembre et fait déjà énormément parler depuis plusieurs jours. Le député Aymeric Caron (La France Insoumise) veut que la corrida soit reconnue comme de la maltraitance animale, proscrite et sanctionnée au même titre que toutes les autres.
Et vous ne rêvez pas, ce combat mobilise chez nous. Trois associations ont pu rassembler une centaine de personnes ce week-end sur la Place Masséna pour soutenir ce combat, alors que la tauromachie ne pèse rien dans les Alpes-Maritimes et que Nice n'a pas l'habitude de manifester. Un petit exploit à souligner, donc.
Comme l'ont souligné les militants réunis le 20 novembre, "il est temps que la nette majorité de Français qui sont opposés à cette pratique se fassent entendre".
D'après un sondage que Nice-Presse relayait en août 2021, 81% des gens veulent interdire les rassemblements avec mise à mort d'un taureau.
Lire cette tribune > Corrida : "le temps est venu d'en finir"
Si on en parle dans la capitale départementale, c'est aussi parce que l'élu en charge du bien-être animal en a fait l'un de ses principaux combats.
Un vote aussi à Nice ?
Dans un interview publié dans nos colonnes en août 2021, l'écrivain Henry-Jean Servat avait expliqué qu'il compte faire de Nice "une ville anti-corrida".
"Je suis contre et je me bats pour qu'elle s'arrête. C'est une ignominie, elle déshonore un pays et souille une région" avait-il condamné.
"Je méprise profondément les personnes qui s'y rendent et y assistent. C'est une activité infâme. Je veux que ça s'arrête"
Au sujet de l'aspect "culturel" que certains mettent en avant, il avait répondu que "quand il s'agit de quelque chose de cruel et de meurtrier, il ne faut pas continuer. Je ne suis pas l'héritier d'une culture qui torture les animaux".
À l'époque, Henry-Jean Servat voulait faire voter par le conseil municipal un voeu symbolique condamnant cette pratique — d'autres communes ont déjà franchi le pas depuis un moment.
"Je ne suis pas sûr d'y arriver, puisque certains adjoints et élus m'ont dit qu'ils aiment ces activités immondes. Mais je veux essayer" nous disait-il.
Un an et demi plus tard, le vote n'a toujours pas été programmé en séance par la mairie.
Qu'en pense Estrosi ?
Le maire de Nice a une position nuancée sur le débat.
Sur France 2 le 16 novembre, Christian Estrosi a indiqué "je ne suis pas favorable à des choses qui peuvent paraître un peu barbares".
"Il faut trouver un juste équilibre pour défendre des traditions présentes sur un grand nombre de territoires en France et protéger les animaux de la souffrance".
Son allié le président du conseil régional Renaud Muselier ne partage pas tout à fait ce point de vue.
Dans la presse, il signait trois jours plus tard une tribune s'opposant au texte d'Aymeric Caron, titrée "Nos traditions doivent résister à l’écototalitarisme".
200 corridas sont organisées chaque année, emportant 1.000 taureaux. Trois régions peuvent le faire : la Nouvelle-Aquitaine, l'Occitanie et la nôtre, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, protégées par une disposition du Code pénal et par un arrêt de la Cour d'appel de Toulouse en 2000.